Il est à peine lundi matin que déjà l’odeur du crottin se mêle à celle des frites et des gaufres : Gesves, capitale belge du jeune cheval pour une semaine, vient de lancer sa 61e édition du Championnat de Belgique des Jeunes Chevaux. Les paddocks bruissent, les camions et les voitures s’alignent façon parking de festival, et dans les allées, ça parle croisements.
Les chiffres claquent : 664 jeunes en jumping, qualifiés via le STX Cycle ou grâce à une ultime épreuve qualificative la semaine passée — voire à une wild card façon ticket doré de Willy Wonka. Ils ont 4, 5 ou 6 ans, ils sautent haut, vite et avec style, et ils sont là pour décrocher le graal : le titre “Élite” pour les benjamins ou “Champion de Belgique” pour les plus aguerris. Eugène Mathy, chef de piste éternel, s’attend à voir « de très bons » 6 ans dans le lot. Traduction : ça va envoyer du lourd au dessus des barres.

Dressage, élevage et ambiance concours
Et il n’y a pas que le saut. Le dressage est également présent avec 106 chevaux de 4 à 7 ans, les juges prêts à traquer la moindre irrégularité de foulée comme un arbitre de VAR en football. L’élevage complète le tableau : 120 poulains de l’année et jeunes chevaux de 2 et 3 ans, ces promesses sur jambes dont le chemin vers les podiums reste encore long.
Accès gratuit, ambiance garantie : Gesves, c’est aussi les éleveurs qui refont le monde au bord de la piste, les cavaliers qui affûtent leurs jeunes talents, les curieux qui viennent « juste voir » et repartent en connaissant par cœur trois lignées de Kannan, Diamant de Semilly ou Cornet Obolensky.
Le premier frisson : Blackpearl frappe fort
Et déjà, le premier frisson. Premier champion sacré hier dans la piste intérieure : Blackpearl Fée des Sources LJ Z. Rien que le nom, déjà tout un programme. Résultat : 86,83 % en saut en liberté chez les 2 ans. Derrière, Big Boy des Sequoias Z (83,83 %). Les deux se démarquent nettement des autres candidats.

La vraie histoire, c’est bien celle de Blackpearl, premier poulain de Thanks Fée Sauvenière. Une revanche sur un sale coup du destin. Quand elle était groom chez Fabienne Lange-Daigneux, Eline Maraite (Haras des Sources) voit la jument Thanks Fée Sauvenière se briser le genou. Six ans, carrière finie. Fabienne offre la jument à Eline qui s’accroche et persévère , trois opérations, des factures qui piquent, et au bout du chemin, un premier poulain. Bingo (littéralement : le père, c’est Bingo Z, le crack de Dominique Joassin), et un titre de champion pour lancer peut-être une future carrière. Eline, Fabienne et Dominique, la belle triplette propriétaire de Blackpearl l’espère en tout cas.
La suite à Gesves? Sept jours de barres qui tombent ou pas, des grimaces ou des sourires et de futurs cracks qui, dans dix ans, pourraient bien galoper sur les plus belles pistes du monde. Ce n’est pas pour rien que les plus gros marchands camperont aussi à Gesves cette semaine…