Blenheim : l’Allemagne garde la main, la Grande-Bretagne lui souffle dans le cou

Publié par Sébastien Boulanger le 19/09/2025

Déjà en tête après la première journée, l’Allemagne confirme au terme de la seconde journée de dressage lors des Championnats d’Europe de Blenheim. Le duo Michael Jung / FischerChipmunk FRH déroule un récital et laisse la Grande-Bretagne à 1,4 point. La France, elle, reste dans le match mais sent la Suisse remonter.

Jung superstar, Collett en mode patronne

Comme hier, tout s’est joué sur les cavaliers de fond de grille, ceux qui ferment la marche et scellent le destin des équipes. Michael Jung n’a pas tremblé : 18,3 pénalités sur FischerChipmunk FRH, un show quasi parfait. Derrière, Laura Collett et son London 52 ont répondu avec un 20,6 propre et ambitieux qui maintient les Britanniques en argent provisoire.

(© FEI/Benjamin Clarck)

À la sortie de piste, le champion allemand avait le sourire et des mots pour tout le monde :

« Nous sommes en Angleterre, un pays avec une grande histoire équestre, particulièrement en concours complet. Je suis très heureux d’être ici, c’est un lieu spécial. Je suis aussi très reconnaissant de pouvoir monter FisherChipmunk. C’est un cheval exceptionnel dans toutes les disciplines et je remercie le groupe Fischer de me permettre de l’avoir. Sans lui, je ne serais pas là. »

Par contre, pas besoin de son pantalon porte bonheur pour briller…

« Cette fois j’avais un nouveau pantalon, pas celui porte-bonheur, mais peut-être qu’il l’est aussi ! (rires) En tout cas, dans la reprise, j’ai eu un très bon ressenti. Il était très concentré et avec moi tout du long. J’ai pu bien le monter sur tout le test. J’ai juste commis une petite faute après le premier trot moyen, ce qui m’a servi d’avertissement pour ne plus en faire. Ensuite tout s’est vraiment bien déroulé. C’est un plaisir de monter un cheval comme lui. »

(©FEI/Benjamin Clark)

Dans la foulée, Laura Collett s’est confiée, soulagée et radieuse après son passage avec London 52 :

« Oui, il y avait beaucoup d’attentes autour de lui. C’est un cheval phénoménal et, heureusement, il adore le public. Il aime entrer sur le terrain et se montrer. Il donne toujours le meilleur de lui-même dans les grands championnats.
Parfois il se contente de dérouler une reprise correcte, mais pour obtenir le véritable “wow” de sa part, il lui faut des gens, une ambiance de palais. Donc je suis absolument ravie de lui et soulagée que nous ayons réussi une bonne prestation. »

(©FEI/Benjamin Clark)

Et sur l’impression laissée par son crack à l’entrée du rectangle :

« Oui. Il a déjà effectué ce test plusieurs fois cette année et il sait quand la fin approche. Il ne comprend pas vraiment pourquoi il doit aller jusqu’aux juges pour le salut final et pourquoi il ne peut pas s’arrêter plus tôt ! Mais nous avons réussi à aller au bout et, si c’est la pire “erreur” qu’il fait dans la reprise, je suis plutôt satisfaite. »

Les outsiders qui bousculent

Dans l’ombre du trio de tête, l’Autrichienne Lea Siegl a mis tout le monde d’accord avec un Van Helsing P électrique et millimétré. Score : 26,9, quatrième place individuelle et l’Autriche sixième en équipes.

« Je sais qu’il peut être très bon en dressage, mais je sais aussi que je dois être parfaite pour qu’il sorte un tel test. On vient ici en donnant son maximum, mais je ne m’y attendais pas. »

(© FEI/Benjamin Clark)

« Quand Van Helsing P arrive sur un lieu où il y a beaucoup de monde, il adore ça. Il veut être la star. Il est fait pour la compétition et donne 120 %. Je peux toujours compter sur lui en concours, il est bien meilleur qu’à la maison. »

Les Bleus, à 14,9 points de l’argent

Astier Nicolas et Alertamalib’or (29,8) ont mis la France sur orbite malgré quelques micro-accrocs. Troisième place, mais attention à la Suisse : Felix Vogg (29,2) et Frieda rôdent à 4,5 points. Le cavalier suisse revient d’une chute à Saulieu qui l’avait laissé avec un bras paralysé.

(© FEI/Benjamin Clark)

« Je suis tombé sur l’épaule et de grosses pierres se sont enfoncées dedans, ce qui a bloqué les nerfs. Je faisais quatre heures de kiné par jour. C’était inconfortable et douloureux, mais ça aide qu’elle soit légère à monter. »

Lui et Frieda, c’est une histoire de longue haleine.

« Elle a toujours eu toutes les qualités, mais elle a un peu peur des autres chevaux et elle était un peu longue de corps et déséquilibrée. C’était délicat. Elle réussissait bien en niveaux inférieurs mais ce n’était pas évident de passer en quatre étoiles. »

(© FEI/Lukasz Kowalski)

« Je n’avais que deux chevaux et pouvais lui consacrer du temps. J’ai décidé d’en faire une priorité et de viser les Européens cette année, même si beaucoup doutaient qu’elle soit prête. Je la monte la première le matin quand personne n’est là, elle se concentre mieux ainsi. »

Belgique, la régularité cinq étoiles

À Luhmühlen en 2024, Lara de Liedekerke-Meier et Hooney D’Arville avaient brillé. À Blenheim, elles remettent ça : 27,7 et cinquième place (en individuel comme en équipe), à un souffle des Suisses.

(©FEI/Benjamin Clark)

« Elle essaie vraiment fort, mais tout doit s’enchaîner dans le bon ordre pour nous et aujourd’hui c’était le cas. Quand Lea [Siegl] est sortie de piste, l’ambiance est devenue un peu électrique, ce qui m’a peut-être aidée. Elle est montée un peu au-dessus de la main, ce qui est sans doute l’image que les juges veulent voir. Mais elle est restée avec moi, c’était super. Il y a encore du potentiel, mais pour aujourd’hui je suis aux anges. »

(©FEI/Benjamin Clark)

Et maintenant ?

Individuellement, Jung et Collett se partagent l’or et l’argent provisoires, Tom McEwen complète le podium pour la Grande-Bretagne. Derrière, la meute est dense avec Siegl, Liedekerke-Meier et Hansen-Hotopp.

Les grandes nations tiennent encore le haut du pavé, mais entre Van Helsing P qui se prend pour une rock star, Frieda la miraculée et Hooney D’Arville en pleine ascension, la suite promet du sport. Rendez-vous pour le cross : ça sent la bagarre.

Retrouvez tous les résultats individuels après l’épreuve de dressage ici et les résultats par équipe ici

(Photo cover © FEI/Lukasz Kowalski)