À Barcelone, dans une finale digne d’un thriller, la Grande-Bretagne a décroché la Ligue des Nations après un barrage haletant face à l’Irlande. Scott Brash, sur Hello Jefferson, a réduit en miettes les 23 centièmes qui séparaient son équipe de la victoire, offrant aux Britanniques un triomphe éclatant, tout en flegme et précision. Pendant ce temps, les Français et les Néerlandais ont vu filer leur chance à quelques barres près.

Neuf nations, un parcours et beaucoup de suspense
Le chef de piste, le Madrilène Santiago Varela, avait sorti le grand jeu : un parcours pensé pour piéger les orgueilleux, casser les rythmes et réveiller les spectateurs. Résultat : dix sans-faute sur trente-six couples, six équipes à égalité à mi-parcours, et beaucoup de questions. Personne ne sachant vraiment qui allait tirer son épingle du jeu ou passer à la trappe.
Les Pays-Bas menaient la danse, quatre points au compteur. Derrière, un peloton à huit points : Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, États-Unis, Irlande. La Belgique, elle, traînait ses regrets comme un cheval de trait fatigué peut trainer les pieds. Les fautes inhabituelles de Gilles Thomas et Grégory Wathelet les ayant relégués au fond du paddock. Quant à l’Espagne, invitée à sa propre fête, elle regardait déjà la suite en spectatrice polie.
L’ultime manche, façon roulette catalane
La deuxième manche ? Une loterie à trois cavaliers, sans joker, sans parachute. Et c’est là que les nerfs britanniques ont tenu bon. « Big » Ben Maher, régulier comme une horloge, lançait Enjeu de Grisien (Toulon x Andiamo) sur un tempo maitrisé : une faute, pas plus.

Harry Charles déroulait, lui, deux parcours solides mais à quatre points avec Sherlock (Bisquet Balou C x Malito de Rêve). Et puis il y avait Scott Brash, l’homme des grands rendez-vous, qui est sur son nuage actuellement et dont les chevaux semblent galoper en apesanteur.
Malgré une barre en deuxième manche, le duo Brash/Hello Jefferson (Cooper van de Heffinck x Irco Mena) se voyait offrir la balle de match : un barrage face à Billy Twomey et son énergique Jumping Jack van de Kalevallei (Kannan x Chin Chin). L’Irlandais claquait un 38’’42, chrono respectable.

L’Écossais, lui, ne se contenta pas de le battre : il le fit avec l’insolence d’un type qui avait déjà gagné vendredi soir le Grand Prix avec Hello Folie de Nantuel. 38’’19. Vingt-trois centièmes de mieux. Un soupir, un galop triomphal, une Union Jack qui claque au vent.

“J’aime la pression”, lache Brash. Traduction : il s’en nourrit, comme d’autres s’enfilent des scones à l’heure du tea time. Le gaillard n’était pourtant pas le plus grand fan des Coupes des Nations jusque là. Cette finale était d’ailleurs sa première apparition dans la Ligue des Nations cette saison. » Je n’étais vraiment pas convaincu quand ils ont sorti ce format. Mais je dois constater que ça rend le sport très divertissant et on a vraiment besoin de ça pour le public » conclut le héros du week-end.
Di Lampard, cheffe heureuse
Derrière la team GB, une femme tire les ficelles : Di Lampard, la cheffe d’équipe au sourire de maréchal. “Cette victoire représente tellement pour moi”, confie-t-elle, un peu émue. Il faut dire que ses cavaliers lui ont offert une saison en or : victoire à Calgary, triomphe à Gassin, argent européen à La Corogne, et souvenir encore brûlant de l’or olympique à Paris. Bref, les Britanniques marchent sur l’eau, et leurs chevaux aussi.

“J’ai trois des meilleurs cavaliers du monde dans mon équipe”, lâche-t-elle sans fausse modestie. Et difficile de la contredire : Maher, Brash, Charles, et en complément élémentaire, Donald Whitaker.

Pas très loin d’elle, il y a aussi Stanny Van Paesschen, l’adjoint, le bras droit, appelez-le comme vous voulez. Le Belge aussi a sa part de responsabilité dans l’hégémonie des britanniques.
Les autres ? Entre regrets et barres envolées
Les Irlandais, héros malheureux du jour, repartent avec le panache intact et le sentiment d’avoir joué leur plus belle partition. Mention spéciale à Bertram Allen et son jeune prodige Qonquest de Rigo (Fantomas de Muze x Indoctro), double sans-faute d’école.
Les Allemands, tenants du titre, complètent le podium grâce au couple Vogel/United Touch S, presque impeccables (0-4), mais un cran en dessous du feu britannique. Sophie Hinners, elle n’aura pas vraiment pu tirer la Mannschaft vers le haut avec Iron Dames Singclair (4-8).

Les Français, eux, ont tout connu : l’espoir, la chute, la palanque fatale. Olivier Perreau avait pourtant ouvert la voie avec un sans-faute en première manche avec Dorai d’Aiguilly (Kannan x Toulon), imité par Antoine Ermann et Floyd des Pres (Vigo Cece x Papillon Rouge Normandie) en seconde. Pour le reste ça relevait plutôt du Western. La brouette de points de Kevin Staut et Visconti du Telman, la balade sur la rivière d’Olivier Robert et Iglesias DV Z Résultat : septièmes. Même pas un podium, mais de quoi ruminer sur le vol du retour.
Un peu comme pour les « Red Musketteers » qui repartent avec une médaille en chocolat au gout amer. L’équipe dorée de La Corogne n’ayant pas été au niveau du rendez-vous, cette fois. Seul Nicola Philippaerts se consolera avec le double sans-faute (le seul de la Belgique) de Katanga v/h Dingeshof (Cardento x Tornedo FCS).
Retrouvez les résultats complets de la finale de la Ligue des Nations ici
(Photos © FEI/Leanjo de Koster)