Cinq tours, zéro doute : Steve Guerdat et Lancelotta offrent une masterclass à Malines

Publié par Sébastien Boulanger le 28/12/2025

Samedi soir, dans l’arène électrique du Jumping de Malines, Steve Guerdat a rappelé à tout le monde ce qu’est un très grand cavalier. Associé à l’inusable Lancelotta, le Suisse a remporté les BMW Masters au terme d’un marathon à cinq parcours. Une victoire de prestige, mais surtout un moment de vérité, humain et sportif, pour un champion en pleine reconstruction.

Une victoire à l’ancienne, version Guerdat

Cinq tours. Un ultime barrage. De la hauteur, de la vitesse, de la pression. Les BMW Masters de Malines ne pardonnent rien. Et pourtant, Guerdat et Lancelotta ont tout absorbé, tour après tour, avec cette impression de contrôle calme qui ne trompe jamais.

Face à un plateau dense, le Suisse a signé un barrage propre, rapide, sans fioriture inutile. Pas de folie. Mais une jument joueuse. Juste ce qu’il faut pour gagner.

Pourtant il aura fallu aller jusqu’au bout

Cinq tours pour six hommes : Malines a poussé les nerfs au maximum

Il aura fallu aller jusqu’au cinquième et dernier tour, celui au chrono, pour départager les survivants d’une épreuve qui a longtemps refusé de livrer son verdict. L’écrémage, habituellement sévère dans les BMW Masters, s’est cette fois montré étonnamment clément.

À l’entrée du dernier acte, à 1m70, ils étaient encore six cavaliers à pouvoir rêver de victoire : Daniel DeusserJos VerlooyNicola PhilippaertsWilhelm GreveGilles Thomas et Steve Guerdat. Un casting cinq étoiles, encore intact après quatre passages, preuve d’un parcours exigeant mais juste.

Dans ce dernier tour au chrono, tout le monde a joué le jeu. Attaquer, oui. Subir, non.
Presque tous ont tenté le roll back pour arriver sur l’obstacle numéro 3, le virage clé du parcours, celui qui permet de gagner, ou de perdre, l’épreuve. Peu y parviendront vraiment.

Là où certains perdront du galop, de l’équilibre ou du temps, Guerdat fera la différence. Trajectoires propres, virages négociés au millimètre, rythme constant. Et surtout une Lancelotta virevoltante, engagée, souple, précise, donnant cette impression rare que tout est facile… quand ça ne l’est pas.

Dans un barrage où il fallait oser sans se désunir, le Suisse aura trouvé la ligne parfaite. Celle qui mène au sommet.

Déjà en forme à Genève, confirmation à Malines

La victoire ne sort pas de nulle part. À Genève, Guerdat avait déjà montré des signaux clairs. À Malines, il les confirme. Mais quand on lui parle de “retour au meilleur niveau”, le Suisse nuance. Toujours.

« C’est ça qui est assez unique dans notre sport. Des fois on est à 100 %, à 105 %, les chevaux aussi. Et puis une petite touchette, pas de chance, quatre points… et tout le monde pense qu’on a été nul. Soi-même parfois aussi. »

L’expérience, justement, permet de remettre les choses à leur place.

« Avec l’expérience, on sait faire la différence. Savoir quand on a bien monté, quand on n’a pas bien monté. »

Après les opérations, la peur… puis les solutions

Derrière le résultat, il y a l’homme. Et ces derniers mois n’ont rien eu d’évident.

« J’avais un peu peur après ces opérations (opéré 2 fois du dos). Je ne pouvais plus autant travailler à la maison, plus autant monter. Je me demandais comment j’allais trouver des solutions pour rester compétitif. »

Le travail, chez Guerdat, a toujours été une forme de sécurité mentale. Une assurance contre les regrets. Mais il a fallu s’adapter.

« J’ai trouvé des solutions. Je prends beaucoup de plaisir maintenant. L’expérience m’aide énormément. Tout le travail des années passées, j’arrive à en tirer profit aujourd’hui. »

Et le plaisir est là. Visible. Presque contagieux.

Lancelotta, pause comprise

Lancelotta (Falkenhof’s Lancer  x Orlando) n’avait plus sauté à ce niveau depuis Bruxelles, début septembre. Trois mois sans vraie compétition. Un risque ? Pas vraiment aux yeux de son cavalier.

« Souvent on dit qu’après une pause, les chevaux ne sont pas bien. Je ne suis pas vraiment de cet avis-là. »

L’objectif était clair : faire deux, peut-être trois tours. Pas cinq.

« Après le troisième tour, je me suis dit : tiens, ça peut le faire aujourd’hui. À chaque tour, elle était mieux. »

Et au barrage, plus aucun doute.

« Elle est géniale à monter. Elle adore ça. C’est toujours un jeu entre nous. »

Le barrage comme terrain de jeu

Certains chevaux subissent le barrage. Lancelotta, elle, l’attend.

« Il y a des chevaux naturellement rapides. Elle, elle adore vraiment ça. Elle saute mieux, elle tourne bien, ne s’énerve pas, alors qu’elle est sensible. »

Résultat : liberté totale pour le cavalier.

« Je peux faire à peu près les tracés que j’ai envie de faire. Elle reste toujours avec moi. »

Le luxe ultime.

Rien n’est jamais gagné… avant le dernier

Guerdat savait que son tour était bon. Mais il connaît trop bien le sport pour se projeter.

« Aujourd’hui, pour gagner, il faut faire quelque chose de fou. Je savais que c’était assez vite, mais avec ces cavaliers-là derrière, on n’est jamais sûr. »

Alors il attend. Comme toujours. Jusqu’au dernier.

« On est toujours surpris dans ce sport. Chaque jour, chaque week-end. »

Cette fois, la surprise était belle.

Un cadeau de fin d’année

Plus qu’une victoire, c’est un symbole.

« Être en forme et gagner des belles épreuves comme un jeune adulte, c’est beaucoup plus que ce que j’espérais. »

Un cadeau. Et une motivation.

« Ça motive encore plus pour continuer à travailler et espérer revenir moi aussi à 100 %. »

À Malines, Steve Guerdat n’a pas seulement gagné une épreuve. Il a confirmé qu’il était toujours là. Et que quand tout s’aligne, il reste un patron.

Retrouvez les résultats complets des BMW Masters du Jumping de Malines ici