Les mouvements d’humeur, en tout cas collectifs, ne sont pas légion dans le milieu des cavaliers. Ils ne sont pas non plus inexistants. On se souvient, par exemple, d’une levée de boucliers de certains (beaucoup) lors du changement du format olympique. Mouvement qui ne portera finalement pas ses fruits et qui fera long feu. Autre exemple de montée au créneau de la profession, voici quelques années, lors du Concours de Bourg-en-Bresse, déjà CSI 4*. Absence de petit déjeuner pour les grooms et épreuve de six barres tardive avec des chevaux devant sauter tôt le lendemain matin avaient provoqué le courroux de beaucoup, Philippe Guerdat (alors chef d’équipe de la France) en tête. Discussion s’en était suivie avec des organisateurs très compréhensifs qui avaient accédé aux demandes et tout était rentré dans l’ordre rapidement. Le week-end dernier, c’est sur un autre 4* que les cavaliers se sont mis en grève. Du côté, de Moerzeke, en Belgique où la première édition de l’Equestrian Cup battait son plein. Endroit superbe, infrastructures dignes d’un concours cinq étoiles, mais des coûts pour les cavaliers également à l’avenant. Si le prix (très très) élevé des tables VIP ou du forfait demandé pour le stationnement des camions ont été plus ou moins acceptés, la menace d’une nouvelle facture est, elle, restée en travers de la gorge. Samedi matin, le bruit commence à courir entre compétiteurs que les organisateurs réclament un “green fee” aux cavaliers. Ce “fee” ne figurant pas dans l’avant programme, figurait bien par contre au milieu des articles de bas de page dans un document présenté à la va-vite par l’organisation ou même envoyé à certains par Whatsapp. Ce “green fee” d’un montant de 350€ par cheval devait couvrir la détérioration du terrain en herbe de Moerzeke (propriété de Sea Coast Stables) ainsi que la gestion des déchets des écuries, mais aussi…les émissions de CO2! Un première qui a, dans un premier temps, beaucoup fait rire certains cavaliers pensant à une blague,.Beaucoup moins, dans un deuxième temps, quand ils on eu confirmation que ce n’était pas vraiment un trait d’humour. Ainsi, au moment de reconnaitre le parcours de l’épreuve 1m50 de fin de matinée, les discussions allaient bon train. Non pas sur l’épreuve , mais sur ce fameux “green fee” qui faisait quasi l’unanimité…contre lui. Plusieurs cavaliers Français et pas des moindres nous confient: “ Ce qui nous a beaucoup énervé, c’est qu’on a voulu faire ça dans notre dos, en nous faisant signer un document en nous disant que c’était juste une formalité et puis en faisant disparaitre ce document et même en bloquant l’accès à notre compte du concours sur l’application Equipe. On s’est senti trompés”. Un cavalier belge d’ajouter “On nous avait déjà comptabilisé ces 350€ par cheval sur notre note, on ne pouvait pas laisser faire”. Rassemblés autour du dernier obstacle du parcours, les cavaliers n’en démordaient pas. A tel point qu’au moment du tintement de la cloche, personne n’avait quitté le terrain. Une situation qui va durer avant que finalement ce petit monde se décide à quitter la pelouse mais ne laissait pas tomber l’affaire pour autant. Normalement premier à s’élancer, Roger-Yves Bost, encouragé et soutenu par les frondeurs, ne rentre pas en piste. Les quarante cinq secondes écoulées, le chrono se déclenche pour le français qui se voit éliminé au terme du double du temps de parcours accordé (comme le règlement le prévoit). A ce moment, Bosty n’est toujours pas rentré en piste…Qu’à cela ne tienne, on relance le chrono pour le Français. Bosty ne bouge toujours pas et est éliminé pour la seconde fois…On assiste là a un véritable mouvement de grève de la part des cavaliers. Les pilotes veulent parler aux organisateurs qui, à ce moment, brillent par leur absence.
Devant la fronde menée, une info finit par arriver… abandon du “green fee”… Le sport pouvait reprendre ses droits.
Si d’un point de vue sportif on ne peut que louer l’organisation d’un nouveau concours quatre étoiles de qualité en Belgique (qui n’en compte jamais trop), d’un autre, il ne faudrait pas pour autant confondre spectateurs et cavaliers (ou spectateurs) avec des vaches à lait. Certes, ces dernières années, les Stephex Masters et Knokke Hippique ont habitué les visiteurs à la gratuité de l’entrée générale et du parking (ce qui n’est pas le cas lors de l’Equestrian Cup: 20€ la place et 10€ de parking) même si pour les cavaliers la facture restait salée. Mais d’un autre côté, n’est-ce pas compromettre le succès de l’Equestrian Cup pour ses prochaines éditions (puisque les organisateurs veulent pérenniser l’évènement) que de “surtaxer” tout et n’importe quoi? La solution pour contenter visiteurs, cavaliers et organisateurs se trouve sans doute dans une position intermédiaire.
Sébastien Boulanger