C’est une décision à contrecourant que vient de prendre le SWB (Swedish Warmblood) qui n’inscrira plus de poulains issu d’ICSI/OPU fabriqué après la date de publication de sa décision, à savoir le 25 mars 2024 ! Le studbook suédois justifie cette décision par … le bien-être animal qui semble un peu mis à toutes les sauces ces derniers temps. La technique du transfert d’embryon n’est pas visée par cette mesure.
Nous avons contacté quelques éleveurs pour connaître leur sentiment sur cette mesure. Véritable homme de terrain, Joris de Brabander de l’élevage de Muze nous a répondu de son sulky en train d’entrainer ses jeunes trotteurs avec un avis toujours aussi intéressant : « Le studbook suédois envoie un signal qu’il faut prendre en compte. C’est une décision qui peut être surprenante car cela n’empêchera pas cette technique, les éleveurs vont juste inscrire leurs poulains ailleurs … mais c’est néanmoins un signe. Au final, l’élevage de chevaux est un jeu et si l’on change les règles du jeu, on aura simplement un autre jeu. Les pursangs ont des règles de jeu bien différentes avec la monte naturelle et cela fonctionne.
Nous faisons nous-mêmes de l’ICSI. Mon fils commence à faire de l’OPU. Quand la technique est maitrisée, il n’y a pas d’accidents mais c’est vrai que cela peut toujours arriver surtout avec des gens qui se forment. Il est certain aussi que les éleveurs « normaux » sont mis hors-jeux avec la méthode de l’ICSI… comme par le transfert d’embryons mais à la fin, le marché se régule de lui-même. Aujourd’hui, il y a une surproduction et on voit que de jeunes éleveurs peuvent débuter en ayant accès aux meilleures souches du monde, ce qui était impensable il y a 20 ans ! »
Jean-Pascal Martin a beaucoup utilisé cette technique au haras de Hus et se montre surpris par la justification du « bien-être animal » : « En trois saison, nous n’avons eu aucune jument malade après une ponction. Nous n’avons pas constaté plus de problèmes d’aplomb ou de comportement et leurs aptitudes sportives ne sont pas remise en cause. Du coup, je me pause vraiment la question de savoir si c’est cette technique que nous devons interdire ou l’utilisation d’étalons consanguins comme United Touch S où je trouve que cette consanguinité l’affecte dans son intégrité physique avec notamment un galop très particulier. »
Marc Vanlangendonck de l’élevage du Seigneur accueille quant à lui cette nouvelle très positivement : « Nous avons fait peu d’ICSI mais nous avons testé cette technique surtout avec Diaxa du Seigneur ( Calvaro Z x Chellano Z) (ndlr : sœur utérine d’Aganix du Seigneur et mère de Junior du Seigneur). Sur un hiver, nous avons eu 23 embryons congelés dont 18 Chacco Blue. Mais finalement, nous avons eu des poulains morts nés, un poulain avec un cancer de la bouche. Etc. Les autres sont nickels et vont très bien … mais je trouve que des gens qui achètent des embryons dans une vente puis se retrouve avec de tels soucis, ce n’est pas positif. Il me reste encore quelques embryons congelés mais je n’en réimplanterai qu’un ou deux par an et je n’utiliserai plus cette technique. Je trouve que c’est une excellente chose que l’on arrête avec cette technique car en plus, je trouve qu’on dévalorise l’élevage. La valeur d’un poulain est créée par sa rareté. »
Klaas De Coster de Mare of Macha connaît bien l’ICSI : « Je trouve que le studbook suédois a tout à fait raison sur le point de vue du bien-être animal : cela doit être la priorité de tous que ce soit pour le sport ou l’élevage. Chez Mares of Macha, c’est notre soucis numéro un. C’est pour cette raison que nos juments pâturent 365 jours par an en groupe. Les besoins d’un cheval sont de vivre en extérieur, de manger de l’herbe et de vivre en groupe ! Cela fait cinq ans que le projet de Mares of Macha existe et c’est notre priorité. Nous donnons également la possibilité aux gens qui le souhaitent de venir visiter nos installations quand ils le souhaitent et je reste disposé à ouvrir nos portes aux personnes qui nous contacterons. Beaucoup de gens sont déjà venus et c’est d’ailleurs pour cette raison que de nombreux cavaliers nous ont confié leurs juments afin d’offrir une belle retraite à leurs montures. Je ne vois pas de soucis différents que pour des juments qui portent leurs poulains ou qui font du transfert d’embryons. Néanmoins, je suis, comme eux, convaincu que le bien-être animal est une priorité aujourd’hui. »
