Les cavaliers belges n’iront pas à Versailles juste pour visiter le château…La sélection pour le jumping validée et annoncée aujourd’hui par le Comité Olympique et Interfédéral Belge ne laisse pas de doute. Peter Weinberg entend bien revenir des Jeux de Paris avec une nouvelle médaille. Mais l’Allemand a aussi fait des choix surprenants…seront-ils gagnants?
La résilience et le talent…
Parmi les couples qui composent cette équipe olympique belge de jumping, on trouve le revenant Quel Homme de Hus monté par Jérôme Guéry. Leur histoire est digne d’un scénario de film. Blessé lourdement et opéré à un tendon il y a 18 mois, l’étalon âgé de 18 ans est revenu petit à petit à son plus haut niveau comme il l’a prouvé lors de ses dernières sorties. Le pari était un peu fou de la part de ses propriétaires: Jérôme Guéry, Gaëtan Decroix et Alexander Oacea. Tout mettre en oeuvre pour donner une chance au cheval de terminer son incroyable carrière en apothéose tout en lui laissant le temps de revenir lentement mais surement au plus haut niveau. Un investissement couteux aussi qui, à l’heure de la sélection, paie. Rien de semble arrêter le couple star de cette équipe belge. Champion d’Europe par équipe, médaillé de bronze par équipe à Tokyo, Vice-champion du monde, Quel Homme de Hus (Quidam de Revel x Candillo) est le cheval belge le plus capé en championnats et visera, une fois encore, la médaille à Paris, tant par équipe, qu’en individuel. À 43 ans, ces jeux seront donc la troisième participation olympique consécutive du cavalier de Sart-Dames-Avelines.
« C’est incroyable quand on regarde d’où on vient. L’objectif de ramener Quel Homme à son niveau pour l’emmener aux Jeux est rempli. C’est une belle récompense déjà pour tout un travail d’équipe. On visera la médaille clairement. Comme pour Tokyo on veut faire un résultat en équipe et pourquoi pas en individuel. C’est clair qu’on cherche minimum un top 10. » nous confie Jérôme Guéry »
La jeunesse, mais pas seulement…
Réduire Gilles Thomas à sa jeunesse serait un peu simpliste. Ce couple est pétri de talent et confirme de sortie en sortie. Il manquait juste à Ermitage Kalone (Catoki x Kannan), champion de Belgique en titre, une expérience en cinq étoiles. Lors de ses sorties à Madrid, St Gall et Rotterdam, il a dissipé tous les doutes, si tant est qu’il y en ait eu. L’étalon de dix ans est frais et sûr. Quant à son cavalier, malgré ses vingt six ans, il est un de ceux qui gèrent le mieux la pression. Il sait rester froid dans les moments importants. Son expérience des Championnats d’Europe en est la preuve. Lui qui a été sacré du titre continental dans toutes les catégories d’âge (Children, Juniors , Jeunes Cavaliers). En plus de son super étalon, il pourra compter sur des coéquipiers expérimentés pour l’entourer dans sa première aventure olympique.
« C’est clair que ce sont des conditions idéales pour moi pour une première participation. L’expérience olympique de Greg et Jérôme et puis Wilm qui est quelqu’un de très calme aussi. Je sais qu’ils seront là pour m’aider si besoin. C’est un rêve d’enfant qui se réalise. En début d’année, quand on m’a dit que j’étais sur la longue liste, c’était bien mais je n’y croyais pas encore vraiment. Après Madrid et Rotterdam, je me suis dit qu’il y avait une chance parce que ça s’était très bien passé. Mais là, quand Peter Weinberg t’appelle pour te dire que tu vas aux Jeux Olympiques et que tu vas sauter, ça devient réel. Maintenant le rêve ne sera complet que si je réalise un bon résultat. Je ne me contente pas juste d’une participation. C’est clair qu’Ermitage Kalone n’a pas encore beaucoup d’expérience à ce niveau, mais sa tête est tellement bien et il est tellement à l’aise sur ce qu’il a fait. Je n’ai aucune crainte pour les cinq centimètres en plus qu’il faudra sauter à Paris. Pour les résultats, on rêve toujours de médailles. Je ne sais pas encore si je monterai en individuel, mais on va déjà tout faire pour se qualifier pour la finale par équipe et puis après on verra. Avant les JO, Ermitage sautera une petite épreuve à Valkenswaard et puis deux semaine de préparation sans concours et puis on partira déjà pour Paris… » s’enthousiasme Gilles Thomas.
La discrétion et le travail …
Tout en discrétion Wilm Vermeir a fait le job pour assurer sa place avec IQ van het Steentje (Toulon x Kannan), un produit maison. Le Hongre de 16 ans a répondu présent lors des grosses échéances comme la finale de la Coupe des Nations, la Coupe du monde de Malines, le Grand Prix Hermès. Victoires ou places d’honneur, le couple a d’ailleurs été récompensé pour son année 2023, Wilm Vermeir, Cavalier belge de l’année alors qu’IQ était sacré cheval belge de l’année. Cavalier d’expérience, Wilm Vermeir, à 45 ans participera toutefois à Paris à ses premiers gros championnats internationaux.
« Je suis vraiment heureux de faire partie de cette aventure. C’est vraiment parfait pour nous. IQ a 16 ans, nous l’avons élevé et nous avons toujours décidé de le garder avec nous. C’est la plus belle des récompenses. Aujourd’hui, c’est une magnifique nouvelle. Je suis comblé. » nous confie Wilm Vermeir.
Le taulier…en individuel.
Comme Jérôme Guéry, Grégory Wathelet participera à Paris à ses 3èmes JO (Londres 2012, Tokyo 2020). Médaillé à Tokyo en compagnie de l’autre cavalier wallon de l’équipe, Grégory Wathelet fait office de pilier. Le talentueux vainqueur du Grand Prix d’Aix-la-Chapelle sait garder son sang froid en toute circonstance, n’a plus grand chose à prouver et inspire le respect, bref, le capitaine parfait…Cependant, il ne devrait normalement pas prendre part à la compétition par équipe et sera donc aligné seulement en individuel avec Bond Jamesbond de Hay (Diamant de Semilly x Kannan). L’étalon de 13 ans, vainqueur de la manche de Coupe du monde de Lyon l’automne dernier, 3ème de la Coupe du monde de Malines, 3ème du Grand Prix de La Baule,…, a pourtant trouvé son cavaliers. Mais le couple paie peut-être le petit « couac » d’Ocala. Le seul en 18 mois d’association, alors que les (très) bons classements n’ont pas manqués. Même si il est minime, le chef d’équipe n’a pas voulu prendre le moindre risque. Mais si risque il y a, alors pourquoi alors le prendre en 4ème avec la possibilité de pouvoir rentrer dans l’équipe si nécessaire? Un choix qui, en tout cas, n’est pas celui attendu par le cavalier de 43 ans:
« Bien entendu c’est une déception. En tant que compétiteur, c’est normal d’être déçu. Je ne suis pas déçu par rapport à la sélection d’autres cavaliers, mais plutôt par rapport aux chances que je considérais avoir. Je pense que pour la première fois j’avais vraiment un cheval de championnat. Bond, pour moi, rassemble les qualités de Conrad et Nevados. Mais le chef d’équipe n’a pas voulu prendre le moindre risque. Même si pour moi le problème de Bond sur cet obstacle à Ocala n’est qu’un incident ponctuel. Ce qu’il a démontré par la suite…Mais c’est comme ça… Je suis très fier, même si c’est uniquement en individuel, de représenter la Belgique pour la troisième fois aux Jeux Olympiques. Ma motivation est intacte et mes ambitions également. Même si je n’en fait pas partie, je serai aux côtés de l’équipe pour la soutenir et lui apporter toute mon expérience. Je pense que nous avons quatre paires qui peuvent vraiment revendiquer un très bon résultats à Paris. Il ne faut pas se cacher, on part avec la volonté de gagner des médailles ». conclut Grégory Wathelet.
Le réserviste de luxe…
Beaucoup l’auraient bien vu comme titulaire, lui en premier, mais le choix de Peter Weinberg de cantonner Pieter Devos et Casual DV Z (Cornet x Cicero) à la cinquième place est peut être compréhensible compte tenu des 9 ans de la jument et de son manque d’expérience à long terme à ce niveau. Certes, les résultats de cette année sont excellents, et le cheval est en grande forme actuellement, mais cela aurait-il suffit pour Paris? Pieter Devos, bronzé par équipe à Tokyo, se tiendra en tout cas prêt au cas ou…Lui qui sait très bien qu’un réserviste peut devenir titulaire du jour au lendemain.