Depuis le 18 septembre, la cavalière Luxembourgeoise est mise à pied. Une sanction de 18 mois appliquée par l’ALAD (l’Agence Luxembourgeoise antidopage) qui tombe un an tout juste après que la cavalière a rejoint la structure familiale pour se lancer à son compte. Mais de dopage ici il n’en est pourtant pas question.
Chronologie d’une suspension
Il y a un an, Charlotte Bettendorf quittait l’Ecurie Mathy où elle officiait depuis six ans et prenait un nouveau départ. Ce changement de structure marquait aussi un tournant au niveau sportif pour la cavalière qui devait alors construire un piquet. Chose qui ne s’effectue pas en trois jours. La Luxembourgeoise plonge alors au classement mondial (ndlr: elle est actuellement 541ème au classement FEI). Une telle dégringolade fait sortir Charlotte Bettendorf du cadre luxembourgeois en fin d’année 2023. Dans la tête de l’amazone, elle est également hors du cadre olympique. Comme elle nous le raconte, en tout cas, ça lui semble logique…
Le 2 janvier 2024, ce n’est pas une carte de voeux que reçoit Charlotte Bettendorf , mais un recommandé qui lui signifie un premier manquement. Dix jours avant, elle n’a en effet pas rempli son emploi du temps dans le système ADAMS de l’Agence mondiale antidopage (AMA), comme elle aurait du le faire en tant que cavalière toujours dans le cadre olympique. La cavalière a changé de numéro de téléphone et ne parvient plus à se connecter à l’application. Pas besoin de préciser que le fait d’être le 2 janvier n’est pas vraiment le meilleur moment pour joindre des correspondants dans des administrations.
La procédure pour obtenir les nouveaux accès prend du temps et au début du mois de février le calendrier de la cavalière est toujours incomplet. Un deuxième manquement lui est signalé.
Charlotte Bettendorf poursuit: « Le 16 mai, je dois me rendre au CSIO de Peelbergen. Au dernier moment, je pars vers les Pays-Bas en camion avec les chevaux et non pas en voiture comme prévu. Je quitte donc également l’écurie plust tôt que prévu. En tout cas bien avant 6h. Or, j’avais mentionné à l’ALAD dans mon calendrier être disponible entre 6 et 7 heures à la maison. Alors que j’arrivais à Peelbergen, je reçois un coup de fil des contrôleurs qui me disent qu’ils m’attendent chez moi . Je leur ai expliqué que j’avais du changer mon plan en dernière minute mais que j’arrivais au concours où j‘allais monter pour l’équipe luxembourgeoise dans la Coupe des Nations et qu’ils pouvaient venir me contrôler sur place ou demander à ce qu’un contrôleur présent à Peelbergen le fasse. Ce qu’ils ont refusé.«
Le 10 Juillet Charlotte Bettendorf recevait un courrier de l’ALAD lui proposant de transiger: Si elle signe le document elle est suspendue 1 an à partir du 16 mai et voit tous ses résultats depuis cette date annulés.
« C’était hors de question pour moi d’accepter cette sanction d’un an de suspension alors que les erreurs commises étaient « administratives ». Je voulais me défendre. et surtout, je ne voulais pas que mes coéquipiers de la Coupe des nations perdent leurs résultats » ajoute Charlotte Bettendorf.
Dans la foulée, l’ALAD fait une nouvelle proposition. Cette fois c’est 12 mois de suspension et elle peut garder ses résultats et doit signer avant le 19 juillet. Charlotte Bettendorf refuse une nouvelle fois, toujours en désaccord sur les raisons de ses manquements.
Le 5 septembre, durant 2h30, la cavalière de 35 ans comparait avec son avocat (ndlr: Maître Philippe Levy) devant le Conseil de discipline contre le dopage luxembourgeois. Le 18 septembre le verdict tombe, son recours est rejeté et c’est une suspension de 18 mois cette fois(!!!).
Néanmoins (et c’est la que la situation devient quelque peu Kafkaienne), le Conseil reconnait que les faits ne concernent en rien le dopage et que, par conséquent, ses résultats entre le 16 mai et le 18 septembre restent tout à fait valables…
Le travail d’un an peut-être réduit à néant.
« C’est une situation dramatique. C’est tout le travail, tout ce que j’ai construit depuis un an qui est réduit à néant. Tous les chevaux qu’on m’avait confiés sont partis. Les propriétaires me soutiennent, mais d’un autre côté, des chevaux de 8 et 9 ans ne peuvent pas rester 18 mois sans aller en concours. J’ai également du vendre d’autres chevaux. Ces instances ne se rendent pas compte que pour nous ce n’est pas comme pour un cycliste qui peut laisser son vélo au garage pendant 18 mois. J’ai aussi deux employés. Dans un premier temps ils vont pouvoir s’occuper des jeunes chevaux de mon père, ensuite on verra. Je ne peux rien faire durant cette suspension. Même accompagner des élèves en tant qu’entraineur sur un concours m’est interdit. Par contre, pendant ces 18 mois, je dois toujours remplir mon calendrier pour l’ALAD et rester à leur disposition pour un éventuel contrôle. Je n’ai pas encore pu penser comment j’allais m’organiser et à ce que j’allais faire. je veux croire encore à un dernier recours. »
Charlotte Bettendorf a en effet décidé de faire appel de la décision. « Je suis soutenue par la Fédération Luxembourgeoise des Sports Équestres qui reconnait un problème de communication pour les premiers manquements. De plus, normalement on ne peut pas être sanctionné deux fois pour la même cause le même trimestre (ici 2 manquements signalés en 1 mois à cause du calendrier non ou mal rempli). François Thiry, le Président, essaie aussi de mobiliser les gens derrière moi. L’appel qui devrait intervenir au mois d’octobre se déroule devant le Conseil de discipline supérieur, composé d’un juge et de deux arbitres différents de la première instance. Et comme en première instance ce sera moi contre l’ALAD. Il reste à croiser les doigts » Conclut la Luxembourgeoise.
Lien vers l’article Charlotte Bettendorf reprend son envol.