Nicolas Sers, la sensation du Grand Prix de Saint Gall !

Publié par Julien Counet le 02/06/2025

Vice-champion de France à Fontainebleau, Nicolas Sers a obtenu son premier cinq étoiles à l’occasion du CSIO de Saint Gall. Auteur d’un double quatre dans la Coupe des Nations, le français a frappé un grand coup dans le Grand Prix en prenant la seconde place juste derrière Scott Brash… pourtant il est loin de prendre cela pour une victoire !

« Lorsqu’on est deuxième, c’est qu’on est battu ! Maintenant, je ne vais pas faire la fine bouche, je suis ravi de cette deuxième place. Vendredi, j’étais très déçu à l’issu de la Coupe des nations. Cela fait très longtemps que nous espérons pouvoir faire nos débuts en cinq étoiles. Notre sélectionneur Edouard Couperie s’est mouillé pour moi et il me tenait vraiment à cœur de lui rendre la confiance qu’il nous a témoigné. Malheureusement, Eleven de riverland (Kannan x Diamant de Semilly) n’était pas suffisamment relâché et un peu à l’œil. Cela ne nous arrive jamais d’avoir une si grosse épreuve dès le second jour. Il faut bien se rendre compte que ce cheval n’est dans le sport que depuis deux ans.

Lorsque je l’ai récupéré j’ai commencé par des épreuves d’un peu plus d’un mètre. Le cheval était compliqué et un peu caractériel. Je savais qu’il avait du potentiel car avant d’embêté les cavaliers qui l’ont monté juste avant moi, il avait de belles victoires en épreuves amateurs. C’était donc un super cheval de concours mais c’est un cheval très imposant d’au moins 1m86 au garrot et qui, comme beaucoup de Kannan, est difficilement jugeable lorsqu’il saute sur de petites épreuves. Aujourd’hui, je peux dire qu’il n’a aucune limite. J’étais assez confiant pour le Grand Prix car dans le deuxième tour de la coupe des nations, j’ai senti que mon cheval se relâchait et c’est un cheval qui est très souvent sans-faute le dimanche que ce soit en trois ou quatre étoiles. Evidemment, un Grand Prix n’est jamais gagné d’avance mais je sentais que nous étions prêts. Par le passé, on a lancé souvent des couples qui étaient performant dans le Grand National ou en trois étoiles mais la marche était trop grande. Nous, nous avons eu l’occasion de sauter plusieurs quatre étoiles en ce début d’année, le marche me semblait du coup beaucoup plus abordable. Nous devons améliorer notre gymnastique en vue de la coupe des nations mais le Grand Prix représentait un format normal pour nous avec un jour de repos avant le dimanche.

Lorsque mon cheval est bien comme c’était le cas, j’ai une totale confiance en lui. Je n’avais aucune inquiétude. Edouard Couperie m’a fait beaucoup évoluer notamment pour mes contrats de foulées, il m’a appris énormément de choses car avant j’évoluais énormément au feeling. Néanmoins, pour le barrage ici, nous avons décidé que j’allais le faire sans aucun plan. Je n’avais pas reconnu le barrage, je ne connaissais pas les contrats de foulée et je n’avais pas spécialement prévu de faire une foulée dans ce double … mais je savais que je pouvais le faire. Mon cheval est extrêmement bien dressé et je m’étais laissé la possibilité de le faire. Sincèrement dans la courbe avant le numéro trois, je savais que j’avais perdu du temps et pour moi, l’option dans le double était juste une manière de compenser cela. En sortant de piste, je pensais que j’allais faire un top cinq … et mon sentiment était juste car il y a eu plusieurs couples plus rapides que moi … mais avec quatre points ! Mon cheval n’a jamais enchainé autant d’épreuves de ce niveau en un seul week-end. J’ai senti que musculairement, il était un peu fatigué. Vu sa corpulence quand c’est ainsi, nous perdons un peu de temps au sol. Hier soir, nous n’avons pas fait la fête, nous avons profité de l’instant tranquillement. Pour nous, ce résultat avec une telle dotation, c’est une vraie opportunité.

Avec ma femme, nous sommes partis de rien. Nous n’avions pas beaucoup d’argent. Nous avons eu de très bons chevaux dans nos écuries qui ont sauté ce niveau d’épreuve … Mais sans moi car nous avons dû les vendre pour en arriver là aujourd’hui. Eleven est le premier cheval que je conserve. Je n’en avais à l’origine que la moitié mais j’ai racheté la seconde moitié pour le sécuriser. Nous avons déjà reçu de belles offres et quand je vois la difficulté d’évoluer à ce niveau, je les ai déjà prises en considération. Ici, j’ai la chance de pouvoir enchaîner directement avec le CSIO de La Baule où j’évoluerai en individuel. L’objectif est évidemment de sauter le Grand Prix mais ce n’est pas le planning idéal juste après Saint Gall. Malheureusement, je n’ai pas eu accès au concours suivant que j’avais demandé alors nous allons tenter de faire pour le mieux avant de lui accorder des vacances. Je n’ai pas beaucoup de chevaux pour sauter ce niveau d’épreuve. C’est mon deuxième cheval, Espoir de la Chesnée (Président x Looping d’Elle) qui a qualifié Eleven pour la finale mais il a très peu d’expérience lui aussi à ce niveau donc nous verrons si Eleven doit lui aussi sauter une qualificative avant le Grand Prix ou pas. »  conclu Nicolas Sers très terre à terre, déterminé et serein.

Photo de couverture lors du Grand Prix du CSIO5* de Saintt Gall ©Katja Stuppia, photos dans l’article lors du championnat de France 2025 à Fontainebleau ©So Horse