Le dressage vient de vivre un grand moment. Un instant suspendu. Un coup de foudre collectif entre un public conquis et un duo venu de Belgique : Justin Verboomen et Zonik Plus. Le genre de prestation qui donne des frissons et réconcilie les sceptiques avec la discipline. Le genre de victoire qui fait chavirer les puristes et rugir les tribunes. Le genre de victoire qui fait date. À fortiori quand c’est au CHIO d’Aix-La-Chapelle que ça se passe.

Le coup de foudre d’Aix
Première saison en Grand Prix. Première participation au CHIO. Premier passage au micro et première marque sur le tableau des vainqueurs. Et boum : 89,40 %, une standing ovation et une claque monumentale au gotha du dressage mondial. Dans la foulée, la cavalière la plus titrée de l’histoire, Isabell Werth, et sa jument Wendy de Fontaine, reléguées à la deuxième place avec 88,44%, ont eu droit à un courrant d’air belge dans leurs visages. Merci qui ? Merci Zonik Plus, neuf ans, formé maison, pur produit du flair et de la patience de Verboomen.

Oui, c’était beau. Oui, c’était fort. Et surtout, c’était fluide, tout simplement. Le public a senti le truc, s’est mis à frapper dans les mains en rythme. L’ambiance d’une arène de foot, mais avec des sabots qui dansent au lieu des crampons.

Dressage de velours
À la sortie, Justin Verboomen est encore sonné, pas vraiment remis de sa propre symphonie :
« Je suis aux anges, mon cheval a été incroyable ! J’ai vraiment ressenti une super connexion avec lui aujourd’hui. C’était mon principal objectif cette semaine pendant la compétition. C’est ce qui compte le plus pour moi ! »
Et cette entrée directe sur le mur des légendes à Aix ? Il secoue la tête, comme s’il n’y croyait pas encore. Puis balance un souhait, simple et clair :
« La seule chose que je veux, c’est retrouver cette sensation que j’ai eue aujourd’hui en Grand Prix et dans le Spécial. »

C’est que Verboomen n’a pas juste monté une reprise, il a offert un moment de grâce. Un ballet en osmose. « Light, effortless », comme on dit à Wimbledon. C’était Zonik & Chill.
« Je voulais que ce soit fluide et harmonieux pour que les gens puissent ressentir les émotions… Je veux qu’ils sentent la sensibilité de Zonik et moi. Je veux qu’ils aient la chair de poule », explique-t-il. Mission accomplie. Le public a eu des frissons. Les juges aussi. Et sûrement Zonik lui-même. Il a été découvert à deux ans au Portugal, ramené en Belgique à trois ans et demi, puis sculpté à la maison par Verboomen. Pas de miracle, juste du taf, encore du taf et une sacrée histoire d’amour.

Werth, battue mais pas abattue
En face, Isabell Werth n’a rien lâché. Zéro faute dans les changements de pied au temps, le feu sacré d’hier, une Wendy plus posée aujourd’hui :
« Hier, Wendy était en feu, aujourd’hui elle était plus détendue. Je suis contente des progrès réalisés jour après jour. Le galop était bien meilleur et peut encore s’améliorer un peu. Les transitions étaient excellentes ; le pas était immédiat. Elle était dynamique, sans grosses fautes. »

Et la défaite ?
« Non ! Comme je l’ai dit, j’aime la compétition, j’adore concourir. Nous aimons tous cela. Parfois on a un pourcentage de plus, parfois un de moins. C’est ça le défi. »
Pas de regrets, juste la promesse de revenir. Avec les crocs.
Bluetooth, love et podium
En mode comeback discret, Frederic Wandres grimpe sur la troisième marche avec Bluetooth OLD :
« C’est le dernier jour, et je suis de retour sur le podium. Nous avons montré une belle progression. Mon cheval a été bon toute la semaine. Ce fut une semaine difficile à cause des conditions météo, très chaud au début puis la pluie, ce qui est dur pour les chevaux. »

L’Allemand jette aussi une anecdote qui fait mouche :
« La musique est arrivée juste à temps ; je n’ai même pas eu l’occasion de la tester. »
Thème : All You Need Is Love. Timing parfait, Beatles validés.
On retiendra aussi de la journée cette belle 6ème place pour Larissa Pauluis et son incontournable Flambeau avec un score de 79.675%.

Aix, théâtre des émotions

En coulisses, la responsable sportive du CHIO, Birgit Rosenberg, résume l’ambiance avec justesse :
« Le grand vainqueur aujourd’hui, c’est le sport. Nous avons reçu beaucoup de critiques en amont. Vous y avez répondu aujourd’hui. Nous avons vu de superbes images, de super chevaux. Merci à vous tous, à vos équipes, à vos grooms, qui travaillent si dur dans l’ombre. Je pense qu’aujourd’hui nous avons eu un avant-goût de ce que seront les Championnats du Monde de l’année prochaine. »
Rendez-vous, vous savez où, en 2026…
Rerrouvez les résultats de dressa du CHIO d’Aix-La-Chapelle ici.