Ce dimanche à La Corogne, Richard Vogel n’a pas juste gagné. Il a donné une masterclass. Deux parcours sans faute, une leçon d’équitation, et un titre européen qui, soyons honnêtes, au vu de ce qu’a montré United Touch S, était déjà à moitié scellé depuis mercredi.

25 sur la ligne
La finale individuelle devait rassembler les 25 meilleurs. Elle a finalement servi de deuxième chance à quelques recalés de luxe. Exit Julien Epaillard, certe 19ème mais à 0.83 points de la première place. Le Normand a décidé de privilégier les CSI 5* de Dinard et de donnner un peu de repos à Donatello d’Auge d’ici là. Idem pour Abdel Said et Denis Lynch. Marcus Ehning, Wilma Hellström, et Robin Muhr sortent du banc. Bon, sans trop d’ambition, mais c’est beau l’espoir.
Sprunger dévisse, Staut s’efface, Ermann épate
Première manche, on est loin de parler d’hécatombe, il y a quelques couacs: Janika Sprunger, impériale jusque-là, s’effondre avec 19 points (8+11) avec Orelie. L’addition est salée. Côté français, Kevin Staut marque le pas. Une faute de Visconti du Telman en sortie de double, et c’est le train de la deuxième manche qui part sans lui.
À l’inverse, Antoine Ermann, rookie au sang froid de grand, sort un sans-faute autoritaire. S’il avait réussi sa chasse, il serait bien plus haut. Là, il remonte 16ème avec Floyd des Prés. Prometteur.
Derrière, c’est propre : Kennedy concède un point de temps, mais reste dans le match, Nicola Philippaerts écope de 4 points après une faute en sortie de triple de Katanga V/h Dingeshof. La sortie de rivière l’avait déjà alerté. Bye bye la manche B.

Scott Brash, lui, continue à jouer à se faire peur. Une touchette de chez touchette, La barre saute, mais retombe dans ses taquets. Coup de bol ou coup du destin ? On aurait pu croire à la chance d’un futur champion d’Europe… sauf que devant, un certain Richard Vogel continue de marcher sur l’eau.
Deuxième manche : limpide, presque trop
Douze restants pour la manche B. On espère du drama, du frisson, des bouleversements. On aura… des sans-fautes bien rangés et une hiérarchie en béton armé.
Le champion en titre, Steve Guerdat, accuse le coup. Déjà 4 points en manche A, il en rajoute 8. Rideau.
Mention spéciale à Thibeau Spits et son étalon Impress-k Van’t Kattenheye Z. Double sans-faute, neuvième place, et une belle dose de regrets sur la chasse et le point de temps concédé le 3ème jour. Comme pour Kim Emmen (8e), Darragh Kenny (7e), et Sophie Hinners (6e). Tous impeccables ce dimanche, tous victimes de cette fichue première journée.

Seamus Hughes Kennedy joue aussi à se faire peur : à deux doigts de faire l’impasse sur l’oxer n°4, il rajoute une foulée à la dernière seconde. Cœur fragile s’abstenir. Il s’en sort et termine 5e. Solide.
Maher en métronome, Gilles Thomas en force tranquille
Ben Maher ? Du velours. Dallas Vegas Batilly en mode ballade dominicale. Mais pas de miracle : le Britannique ne peut espérer plus qu’une médaille en chocolat. Qu’il accepte avec classe. Il sait qui est devant lui. Champion dans le style.

Gilles Thomas fait le boulot avec Ermitage Kalone. Pas de célébration anticipée cette fois (clin d’œil à sa finale par équipe où son poing levé sur le dernier obstacle a fait grincer quelques dents). Toujours un poing levé mais une fois la ligne franchie ce coup-ci. Bronze mérité (après l’or en équipe non moins mérité), hommage appuyé à Ermitage Kalone. Le couple a été grand cette semaine encore. Très grand.

Scott Brash empoche l’argent (une deuxième fois après la médaille par équipe). Double sans-faute avec Hello Folie, et surtout une régularité qui laisse entrevoir de fort belles choses pour l’avenir avec cette jument de 10 ans seulement qui a effectué une superbe campagne cette semaine.

Vogel et United Touch S : zéro faute, zéro débat
Et donc Richard Vogel. Zéro faute en finale. 0.01 point de pénalité sur 4 jours. On frôle la perfection, on y goûte même. Il n’aura jamais tremblé. United Touch S est un rouleau compresseur de régularité, de sang froid et de précision.

La chasse de mercredi l’avait mis en orbite. Les deux parcours de dimanche ont fini d’achever le suspense. Entre les deux, une formalité. Champion d’Europe 2025. Sans bavure. Sans débat.
L’Allemand de 28 ans, déjà Champion d’Europe, mais c’était en catégorie Junior, ajoute une nouvelle très belle ligne à son palmarès déjà impressionnant qu’il doit en grande partie à cet incroyable étalon de 13 ans.

Un podium qui claque, une finale qui ronronne
Un podium magnifique, mais une finale peut-être trop sage, trop bien huilée. On aurait aimé un poil plus de chaos, un brin de tension, une barre traîtresse ici ou là. Mais voilà : les meilleurs ont juste été… meilleurs.
Alors on se tait. On applaudit. Et on inscrit Richard Vogel tout en haut des tablettes.




Les résultats complets de la finale ici
(Photos © FEI/Benjamin Clark/Lukasz Kowalski)