Lara de Liedekerke-Meier: « Le record, c’est un truc pour les réseaux sociaux »

Publié par Sébastien Boulanger le 23/07/2025

Quatorze victoires. Neuf chevaux. Une saison. Et une seule cavalière pour tout rafler : Lara De Liedekerke-Meier. À quelques foulées d’un record qui semblait verrouillé à triple tour depuis 2019, la Belge galope tout droit vers une légende nommée Piggy March. Quinze victoires en une seule saison. Encore une. Juste une. Et tout devient possible.

(Lara et Ducati d’Arville, © FEI/Libby Law Photography)

Une saison, neuf cracks

Quand d’autres cherchent leurs points FEI comme on cherche ses clés de voitures, Lara, elle, accumule. Depuis janvier, elle empile les podiums. 14 victoires internationales au compteur. Et pas sur un seul crack qui fait le taf pendant que la cavalière sourit aux photographes : neuf chevaux différents ont brillé sous sa selle. Neuf !!!

À Montelibretti, elle ne s’est pas contentée de gagner. Elle a pris les deux premières places avec Origi (1er) et Hooney d’Arville (2e), façon patronne. Quelques mois plus tôt, Hooney avait déjà claqué une victoire au CCI 5* L de Luhmühlen, la Champions League du complet. Depuis une cavalière en état de grâce.

À Baborówko, rebelote : victoire solide avec Kiarado d’Arville, 9 ans seulement, dans un CCI4-L corsé d’où personne ne sort de piste sans fautes… sauf elle. Et puis il y a eu les autres avec Debbi, La La Land d’Arville, Helios,…Là où les autres commettent des faux pas, Lara reste droite dans ses bottes.

(Lara et Kiarado d’Arville, ©FEI/PSV Photo)

Madame 31%

31%. Trente-et-un pour cent de victoires sur 45 départs cette saison. C’est simple, elle gagne une fois sur trois. Vous imaginez ça en foot ? Une équipe qui gagne un match sur trois… et qui joue chaque week-end avec une équipe différente.

Sa plus proche rivale, Caroline Pamukcu, plafonne à 18 %. Un beau chiffre, sauf quand Lara est dans le même tableau. Thomas Carlile ? Oui, il a 40 %, mais avec 10 départs. À ce jeu-là, Lara ne joue pas le petit bras. Elle enchaîne les épreuves, et elle gagne quand même. Sans relâche. Sans fioritures.

(Lara et Honney d’Arville, © FEI/Libby Law Photography)

Et pourtant, rien de planifié en début d’année :

 » On essaye surtout de se dire qu’on a bien travaillé l’hiver, que les chevaux sont en forme. Et ce n’est pas du tout l’objectif de battre des records. On espère juste que le travail effectué portera ses fruits. Il faut aussi rester lucide : on parle de victoires sur des épreuves de plus petit niveau. En 2024, il y avait une victoire en cinq étoiles, ce qui n’est pas le cas cette année. Donc c’est une question de point de vue : est-ce qu’on valorise plus le nombre de victoires ou leur niveau ? »

Un système qui fonctionne

Ces succès ne sont pas le fruit du hasard non plus. L’amazone est à maturité dans son sport. Les grands moments et les galères, ça fait grandir. Mais aussi son mode de fonctionnement est aussi efficace:

« J’ai la chance d’avoir des propriétaires qui me font confiance, de plus en plus d’ailleurs. Et j’ai aussi la possibilité de choisir les chevaux que j’ai envie de monter. Ils sont bons, performants. Et maintenant, on a mis en place un vrai système : on choisit les bonnes compétitions pour chaque cheval, on adapte le calendrier en fonction de leurs besoins. On les prépare bien avec les concours nationaux avant d’aller chercher la performance internationale. Ça prouve que le système fonctionne.« 

Avenches, Strzegom, Boekelo… et Arville.

Le menu d e fin d’été et de début d’automne ? Épicé. Six chevaux à Avenches, avec une Coupe des Nations pour le dessert. Puis direction Blenheim pour les Championnats d’Europe FEI, Strzegom, Boekelo, et Le Lion-d’Angers pour finir. Mais avant bien sur le concours dans son jardin, Arville

« Disons que j’ai à cœur de récupérer mon titre de championne de Belgique là-bas. C’est en Belgique, j’y tiens. Ce ne sera pas une victoire internationale, mais une victoire nationale importante à mes yeux. Quitte à ne pas battre le record en nombre de victoires, au moins récupérer celle-ci, ça compte pour moi. C’est personnel. Les victoires internationales, c’est bien, mais je ne vais pas sacrifier un objectif fort pour courir après un chiffre. 

Ce record, c’est un bonus, quelque chose qu’on évoque en riant. Ce n’était pas un objectif en soi et ça ne le devient pas maintenant. Je ne vais pas changer le planning des chevaux pour ça. On est en milieu de saison, beaucoup de chevaux vont monter de niveau. Est-ce qu’ils seront tout de suite performants ? Je ne sais pas. Peut-être que je n’aurai plus de victoire, peut-être que si. L’important, c’est qu’ils évoluent bien. Si victoire il y a, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. Cette histoire de record c’est surtout un truc de réseaux sociaux« 

Si la 15e victoire tombe — et tout indique qu’elle a quand même des chances de tomber — Lara égalera Piggy March, la Britannique qui semblait intouchable depuis 2019. Et si elle en claque une 16e ? Elle entrera dans une autre dimension. Celle des records. Celle de l’histoire.

Même si le rose pâlit un peu

Malgré les apparences, tout n’est pourtant pas rose pour Lara de Liedekerke cette saison et une nouvelle victoire en 5* N’est pas envisageable en 2025. Origi, son hongre olympique de Paris ne reviendra probablement pas à la compétition.

« C’est tout récent. Il avait fait un cinq étoiles, à Luhmühlen. Il était dans le temps, on était 4 seulement à être dans le temps. Mais à la réception du dernier obstacle, il a dépassé son boulet. On pensait que ça allait, mais finalement ce n’est pas le cas. C’est devenu une belle retraite pour lui, mais pour moi c’est un vrai coup dur. Hermione est morte l’année dernière, Origi part à la retraite prématurée et Formidable souffre d’un gros problème à un oeil depuis plusieurs mois. Donc il faut aussi tenir compte de ça. Tout n’est pas simple. Même si ça parait simple de l’extérieur.« 

Le complet a sa patronne

Ce qu’accomplit Lara cette saison, c’est un chef-d’œuvre d’endurance, de technique et de stratégie. Rien n’est laissé au hasard. Chaque cheval, chaque parcours, chaque saut, semble millimétré. Et derrière cette rigueur se cache une forme d’élégance rare. Pas de déclarations fracassantes. Pas de show. Juste du sport. Du vrai.

(Lara et Honney d’Arville, © FEI/Libby Law Photography)

Il faudra donc attendre encore un peu pour savoir si Lara De Liedekerke-Meier écrira un chapitre d’histoire du complet…en lettres majuscules.

(So Horse avec les données d’Equiratings.com)