Spruce Meadows fêtait ses 50 ans ce week-end et, comme toujours à Calgary, l’anniversaire ressemblait à un blockbuster. Leopoldo Palacios aux manettes pour dessiner un parcours XXL et un pactole de cinq millions de dollars canadiens au bout. Autant dire que ça ne sentait ni le pique-nique ni le petit CSI tranquille, mais l’adrénaline et les barres perchées là-haut, tout là-haut.

Dès l’ouverture du bal, Donald Whitaker donne le ton. Avec Millfield Colette, il parle, se bat, force le destin et sort un premier sans-faute héroïque… enfin presque. quatre points de temps. Un clair-obscur qui résume bien l’ambiance du jour : personne ne flâne, tout le monde rame. Daniel Deusser, lui, rentre dans les temps avec Otello de Guldenboom – parfait sur le papier, mais presque à chaque obstacle on voit le fils de Tobago Z dans l’effort intense.

Bertram Allen se prend les pieds dans le tapis. Ben Maher et Dallas Vegas Batilly, pourtant l’un des duos les plus solides du plateau, quittent la piste avec huit points. Olivier Philippaerts, lui, bute sur la sortie du triple et se fait piéger par le chronomètre. Quant à Nikka vd Bisschop, on a cru à un « moment Mallevaye » – une de ces perfs dont la Française a le secret depuis quelques semaines – mais la dernière combinaison met fin à l’idylle : huit points au compteur et la parenthèse enchantée tourne court cette fois. Peut être que la Coupe des nations a un peu trop pesé dans les jambes de la jument BWP.
L’Allemagne et la Belgique tirent leur épingle du jeu
Jorne Sprehe et Hot Easy rejoignent Daniel Deusser dans le club très fermé des sans-faute. Nicola Philippaerts aussi, avec Katanga v/h Dingeshof, s’invite à la deuxième manche et sauve l’honneur belge. Et puis arrive l’épouvantail : Richard Vogel et United Touch S. Tout le monde les voyait survoler l’International Ring… mais Spruce Meadows a sa loi : quatre points et les parieurs en pleurent encore.
Par contre Steve Guerdat toujours en délicatesse avec son dos ne manque pourtant pas le coche avec Venard de Cerisy.

Puis viennent les petites surprises. Yuri Mansur et QH Alfons Santo Antonio, Kyle King avec Kayenne Z, Martin Fuchs en mode renaissance avec Leone Jei (le Suisse est en lice pour le Grand Slam après sa victoire à Aix-La-Chapelle). La grosse surprise c’est le gamin belge Roy Van Beek (23 ans !) qui claque l’exploit avec Cavoïro H Old. Dans ce chaos de barres, Christian Kukuk et Aaron Vale ratent la deuxième manche pour… un point de temps. La cruauté made in Calgary.
Scott Brash, l’anniversaire à sa manière
Et puis, comme un clin d’œil de l’histoire, Scott Brash entre en scène. Dix ans après avoir marqué Spruce Meadows et le monde de l’obstacle en remportant le Grand Slam avec Hello Sanctos, l’Écossais déroule un sans-faute clinique avec Hello Jefferson (Cooper van de Heffinck x Hovis). Le stade applaudit.

La « dame de fer », Sophie Hinners et son « Prins » embrayent avec un temps canon, Max Kühner et Elektric Blue P complètent le casting : douze au barrage (11 sans-faute et Willem greve repêché avec son point de temps), ambiance gladiateurs.

Barrage en tête à tête
La deuxième manche est une hécatombe organisée. Fuchs ne connait pas le même succès qu’en 2023 lorsqu’il s’imposait avec Leone Jei. Éliminé.

Des barres à qui mieux mieux. Pas un seul sans-faute. Scott Brash et Kyle King limitent la casse avec quatre points. Mais ce sont les seuls. Direction le barrage pour un duel façon western. Brash ouvre, fluide, propre, sans faute mais sans chrono d’extraterrestre.

King part ensuite sur un gros rythme… et emmène une palanque avec lui. Rideau.

Spruce Meadows adore les boucles bouclées : dix ans après Hello Sanctos, 9 ans après Hello Ursula, Scott Brash inscrit à nouveau son nom sur le Rolex Grand Prix mythique. Cette fois avec Hello Jefferson, pas de Grand Slam bonus mais un prize money qui donne le vertige (1.650.000$Can) mais, surtout, un cavalier exceptionnel qui sait comment remettre le couvert avec la manière. À Calgary, le poids des ans n’a pas d’emprise sur les légendes.

Les résultats complets du Rolex Grand Prix de Spruce Meadows ici
(Photo Cover © Rolex Grand Slam/Ashley Neuhof)