Blenheim : l’Allemagne en mode rouleau compresseur, l’Irlande fait l’histoire, la France arrache le bronze

Publié par Sébastien Boulanger le 21/09/2025

Blenheim avait beau être plongé dans un crachin très British ce dimanche après-midi, le Championnat d’Europe de concours complet a pris des allures d’opéra allemand. Les cavaliers de la Mannschaft n’ont pas juste gagné : ils ont écrasé la concurrence façon panzer. Neuf barres d’avance sur l’Irlande avant le dernier test. Un gouffre dans un sport où tout se joue souvent à une demi-seconde. Du grand art.

(© FEI/Benjamin Clarck)

L’Allemagne impériale, même en mode “frayeur”

Tout était carré pour l’Allemagne : cross solide, zéro dérobade, et un matelas XXL avant le saut d’obstacles. Il a pourtant suffi d’un instant d’égarement pour faire lever le public. Malin Hansen-Hotopp perd sa ligne après une barre dans le double et manque de se tromper de direction. La foule hurle, elle se ressaisit, et tout rentre dans l’ordre. Non sans auto-dérision elle livrait après coup: « J’ai perdu mon cerveau. Le cheval a été fantastique toute la semaine, aujourd’hui la cavalière l’a été moins. Blenheim est un endroit très spécial pour moi. J’y ai déjà gagné auparavant, j’ai de super souvenirs ici, mais, cette fois, le championnat c’est encore complètement différent », concluait l’Allemande.

(© FEI/Benjamin Clarck)

Avec encore des barres à revendre, l’Allemagne garde le cap : Jérôme Robiné ne laisse tomber qu’une barre, et derrière Michael Jung, impérial sur FischerChipmunk FRH, claque un sans-faute pour sécuriser l’or collectif et l’argent individuel. « Gagner ici, en Angleterre, dans un pays si important pour le sport équestre, et surtout pour le complet, c’est un rêve. Je pense que nous étions tous très bien préparés et que la chance était de notre côté. C’était une semaine incroyablec’est spécial », lâche Jung. C’est aussi leur septième titre européen par équipe.

Irlande : l’argent du courage

Pour l’Irlande, c’était l’occasion d’effacer sept ans de frustration depuis les Mondiaux 2018. Sans Aoife Clark (éliminée au cross), chaque point comptait. 

Robbie Kearns consomme une barre sur Chance Encounter, mais Padraig McCarthy, déjà solide dans le cross, déroule un tour clinique avec Pomp N Circumstance. Ian Cassells finit avec 6,8 fautes sur Millridge Atlantis mais la marge sur la France reste suffisante. Résultat : argent historique. « Mon cheval a enchaîné dix ou onze sans-fautes à ce niveau. Entrer en piste avec ce capital, c’est incroyable », sourit McCarthy.

France : les nerfs d’acier pour le bronze

Le podium, les Français le voulaient. La Suisse avait l’avantage, mais craque. Pour les bleus, Sébastien Cavaillon (Elipso De La Vigne) ouvre avec un sans-faute dans le temps.

(Sébastien Cavaillon & Elipso de la Vigne, ©FEI/LukaszKowalski)

Astier Nicolas (Alertamalib D’Or) enchaîne avec un quasi-parfait (0,4 de temps). Dernier à partir, Alex Goury (Je’Vall) sort sans pénalité malgré quelques sueurs froides. Résultat : breloque en  bronze pour l’équipe de Jean-Luc Force, Alexis Goury grimpe à la 6e place individuelle, Benjamin Massié termine 9e avec Figaro Fonroy.

(Alex Goury & Je’Vall, © FEI/Benjamin Clarck)

Podium en poche pour son équipe, Sébastien Cavaillon pouvait se réjouir: « je suis super content. C’est un cheval incroyable. Un vrai sauteur, tu vois, il a ça dans le sang — il a de l’Arko III dans les veines. Il est incroyable. On finit troisièmes, et c’est génial. J’espérais que le karma serait avec nous aujourd’hui, et c’est exactement ce qui s’est passé. Hier on n’avait pas eu de chance sur le cross avec quelques décisions compliquées, alors ce podium, c’est une belle revanche pour toute l’équipe.»

Et côté individuel ?

Chez les stars, Laura Collett casse son plafond de verre : sur London 52. Aucune faute à l’obstacle, 0,4 points de temps, la Britannique remporte son premier titre européen à domicile, succédant à Rosalind Canter. Elle contribue au passage à sauver l’honneur de la nation dans ces championnats.

« Je ne peux pas dire à quel point j’ai désiré ça, surtout pour le cheval. Depuis sa première sélection en équipe, j’ai toujours eu l’impression de l’avoir un peu déçu. Réussir enfin et lui offrir le championnat qu’il mérite, c’est incroyable.
C’est très spécial de courir un championnat à domicile, un événement local pour moi. Rien que ça, c’était déjà unique cette semaine. Et puis être en selle sur un cheval comme lui, qui sort le grand jeu sur les trois tests… Je n’ai plus de mot.
» conclut, ou plutôt ne conclut pas la nouvelle championne.

(© FEI/Benjamin Clarck)

Derrière elle, l’incontournable Michael Jung en argent, Tom McEwen en bronze pour lui aussi mettre un peu de baume au coeur des locaux.

Lara de Liedekerke-Meier seule représentante belge dans le top 10 avant le jumping sortira de son parcours avec Hooney d’Arville avec une barre au sol. Un peu comme un sentiment général sur les performances de la cavalière belge à Blenheim: C’était bien, mais pas assez. Au final, la championne de Belgique termine à la 7ème place.

(© FEI/Benjamin Clarck)

(© FEI/Benjamin Clarck)

Blenheim avait promis du spectacle, il a offert une leçon : l’Allemagne reste l’empire du concours complet, mais derrière, l’Irlande se relève et la France est toujours dans le game.

Retrouvez les résultats complets de ces Championnats d’Europe de concours complet à Blenheim ici

(Photo cover © FEI/Benjamin Clarck)