Harnachement : la FEI veut garder les rênes, mais tend l’oreille

Publié par Sébastien Boulanger le 17/10/2025

Sous les néons de l’auditorium HRH Princess Haya à Lausanne, la Fédération Équestre Internationale (FEI) a convoqué les acteurs du saut d’obstacles pour un forum qui sentait le cuir et la sellerie. L’objectif : dépoussiérer les règles sur le harnachement et l’équipement, histoire de coller aux réalités du terrain sans perdre de vue le bien-être du cheval.

(Le Président de la FEI, Igmar devos)

Le harnachement : entre tradition et innovation

Le forum organisé par la FEI sentait la graisse à cuir et les débats sans fin. Faut-il interdire les rênes auxiliaires ? Repenser les guêtres postérieures ? Et jusqu’où encadrer les combinaisons de matériel ?
Entre stewards, officiels, grooms, chefs d’équipe et cavaliers de renom : Steve Guerdat, Philippe Le Jeune, mais aussi la nouvelle garde avec Hannes Ahlmann ou Édouard Schmitz,… les échanges ont été francs. L’objectif de la FEI : dépoussiérer les règles sans désarçonner la communauté.

(Charles Maudlin (IRL), steward niveau 4; Henrik Ankarcrona, chef d’équipe de la Suède et François Mathy Jr (BEL), Président (IJRC) )

Une évolution, pas une révolution

À partir du 1er janvier 2026, toutes les exigences relatives au harnachement et à l’équipement seront regroupées dans une nouvelle section : « Tack & Equipment Requirements ».Pour le saut d’obstacles, l’application sera repoussée à 2027, histoire de ne pas précipiter les cavaliers dans un oxer administratif.L’idée ? Rendre les règles plus claires, plus adaptables, et plus en phase avec un marché du matériel en perpétuelle innovation.

La voix des cavaliers : sécurité avant tout

Au-delà des débats techniques, une voix a résonné avec un peu plus de gravité : celle de François Mathy Jr, président du Club international des Cavaliers (IJRC).

« Le matériel, c’est d’abord pour la sécurité du cheval, du cavalier et de ceux qui les entourent. Avoir le contrôle, c’est primordial. Tous les chevaux n’ont pas la même bouche, ni les mêmes besoins : vouloir tout uniformiser, serait une erreur. »

L’ancien champion a rappelé que si certaines utilisations sont parfois maladroites, elles restent marginales.
Et plutôt qu’une réglementation « un peu aveugle », les cavaliers ont plaidé plus pour une formation à l’utilisation du matériel à tous les niveaux : jeunes cavaliers, entraîneurs, stewards.
Former avant de règlementer à outrance : une philosophie qui semble avoir fait consensus autour de la table.

(le cavalier allemand, Hannes Ahlmann)

L’équilibre à trouver

La FEI marche sur un fil : concilier performance, sécurité, équité et bien-être. Pas question de tout chambouler, mais d’avancer à pas comptés, comme sur une ligne de galop bien tenue. À Lausanne, chacun est reparti avec la même conviction : il n’y a pas de bon cheval sans bon matériel, ni de bon matériel sans bon usage. La FEI a promis d’écouter, d’adapter, de dialoguer. Reste à voir si, sur le terrain, les cavaliers sauront suivre le mouvement ou si le harnachement continuera à crisser, comme un cuir mal graissé.

(Steve Guerdat et Philippe Le jeune)

(Photos © FEI)