Rabat, 5 étoiles, Global Champions Tour, jours de Grand Prix . Sous le ciel bleu marocains, les sabots d’Action Man frappent la piste comme un cœur battant. À 19 ans à peine, Anastasia Nielsen écrit la plus belle page de sa jeune carrière : une victoire éclatante. Une première en Grand Prix 5* Avec un sang-froid de vétéran et un cheval au sommet de son art.
La jeune fille et l’Action Man
Il y a des histoires de sport qui sonnent comme des contes. Celle-ci commence en Suisse, où Anastasia, née en 2006, découvre à neuf ans, lors de vacances à Majorque, cette passion dévorante pour les chevaux. Elle monte, tombe, remonte — et grimpe vite les échelons. En 2018, elle choisit Monaco, la Principauté et ses couleurs, pour représenter son rêve d’équitation de haut niveau.
Depuis, tout s’est accéléré. En 2023, elle est championne d’Europe Junior, victorieuse à Compiègne, et débute sur le circuit 5*. Mais ce dimanche de Rabat, elle a franchi un cap : le moment où une jeune cavalière prometteuse fait se retourner la communauté équestre mondiale.
Et à ses côtés, un complice : Action Man, hongre de 11 ans (Action-Breaker x Stakkatol), acheté à Andreas Schou il y a trois ans. Ce même Schou qui, ironie douce du destin, termine deuxième du Grand Prix.
“Je ne réalise pas… C’est incroyable.”
Quand elle descend de selle, le souffle court, Anastasia a encore du mal à y croire :
“Je ne réalise pas, c’est incroyable. Cela dépasse toutes mes attentes et mes rêves les plus fous. Gagner un Grand Prix cinq étoiles, un Grand Prix Global Champions Tour, c’était mon rêve. Le faire ici, avec Action Man, maintenant, et pour mon équipe… c’est juste incroyable.”
Un parcours parfait, millimétré.
“Juste avant la palanque, il restait trois obstacles. Je me suis dit : reste concentrée. Parce que parfois, quand tu es si proche du sans-faute, tu perds ta concentration. Alors j’ai tout bloqué, je me suis dit : concentre-toi, et tout ira bien.”
Et tout s’est bien passé. Sans faute, rapide, élégante, la jeune cavalière a dominé des noms comme Marcus Ehning ou Denis Lynch avec la sérénité d’une vieille briscarde.
“Monter à ce niveau, parmi ces cavaliers, c’était impressionnant. J’ai juste voulu faire de mon mieux et faire confiance à mon cheval.” déclare la seule double sans faute de l’après-midi.
L’héritage Schou, la signature Nielsen
Dans un coin du paddock, Andreas Schou sourit. L’homme qui a formé Action Man depuis ses quatre ans, et qui l’a cédé à Nielsen à huit, ne cache ni fierté ni émotion :
“Je suis tellement heureux pour elle et pour toute son équipe. C’est incroyable de voir à quel point elle a progressé. Si quelqu’un devait me battre, c’est sympa que ce soit mon ancien cheval !”
Mais Schou est aussi heureux pour son cheval, Napoli vh Nederassenthof (President / Quasimodo Z), avec qui il termine deuxième :
“Napoli mérite vraiment sa place sur le podium. Il a été si proche tellement de fois, et aujourd’hui, il l’a enfin fait. Une barre à terre, et malgré cela finir deuxième, c’est une belle performance dont je suis très satisfait. Ce cheval est exceptionnel, il a une volonté et un courage incroyables, et je suis fier de ce qu’il a accompli.”
Une victoire d’équipe
Dans le clan Iron Dames, l’explosion de joie est totale. Sa mère, son coach, son groom — tous en larmes, tous conscients du moment historique.
“Toute l’équipe a couru vers moi, tout le monde pleurait. Ma mère surtout… elle m’a toujours soutenue. Nous ne venons pas d’une famille de cavaliers. C’est grâce à elle que j’en suis là.”
Le ticket doré vers le Super Grand Prix
Cette victoire, c’est bien plus qu’un triomphe d’un soir : c’est un ticket d’or pour le Super Grand Prix, où la jeune femme retrouvera tous les vainqueurs de la saison
Action Man, lui, a prouvé qu’il portait bien son nom. Deuxième Grand Prix 5* de sa carrière, deuxième Global, et déjà la victoire.
“Les parcours étaient énormes, le double très difficile… mais il a dépassé toutes les attentes,” déclare la Monégasque tout simplement.
La promesse d’une ère nouvelle
Il y a des chevaux qui changent un destin, et des victoires qui changent une vie. À Rabat, Anastasia Nielsen a offert au sport un moment inattendu, et rappelé que dans un Grand Prix du « Global » tout peut arriver…
