Andres Vereecke refait le coup du siècle à Liège

Publié par Sébastien Boulanger le 26/10/2025

Six ans après, le cavalier flamand remet ça dans une Cité Ardente

Liège, dimanche, 17h passées. La salle est debout. Perle d’Or van de Gaverstede (Wandor van de Mispelaere x Equistro van de Mispelaere) vient de franchir le dernier obstacle. Double sans-faute. Le seul. Silence, puis explosion. Andres Vereecke vient de refaire le coup de 2019. Six ans après, même endroit, ou presque, même scénario : dernier à partir, premier à l’arrivée.

Le Jumping International de la Province de Liège n’avait plus retenti depuis l’époque pré-Covid, avant que les bulldozers ne rasent Coronmeuse pour laisser place aux halles flambant neuves de Liège Expo. Mais ce week-end, la Cité Ardente a renoué avec son grand show équestre : tribunes pleines, ambiance électrique, gaufres chaudes et barres capricieuses. Le vrai retour à la maison.

Un Grand Prix qui n’a pas pardonné

Le Grand Prix 4* de la Province de Liège, du haut de son 1m55, n’a pas fait de cadeau. Cinquante cavaliers sur la liste de départ, finalement 48 a vraiment se lancer. Seulement cinq sans-faute sur le parcours dessiné par Santiago Varela, le magicien espagnol. Et il aura fallu les attendre. Seul Jos Verlooy avec Fts Killossery Konfusion (Siec Livello x Cruising) avait tiré son épingle du jeu. Et pendant un long moment il a du se dire qu’il n’allait devoir remonter en selle que pour aller chercher sa coupe. Le chrono a fait plus de victimes qu’un bidet dans une épreuve pour jeunes chevaux.

Les cavaliers ont vite compris qu’il n’y aurait pas de miracle. Même les cadors passent à la trappe. Jérôme Guéry, lui, est passé tout près de la qualif : un point de temps, 81 centièmes de trop. De quoi nourrir beaucoup de regrets au regard du nombre de parcours clairs. Que dire alors de Matias Larocca, lui pleure toujours pour les 4 centièmes qui l’ont privé du barrage.

« Le temps, c’était vraiment l’arme fatale », reconnaîtra plus tard Nathan Budd. « Avec un cheval comme Touardo Blue Z, qui a une grande action, c’est dur de rentrer dans les 72 secondes. » Pourtant (spoiler), le cavalier Brabançon y arrivera. Quelques indices de la part de Grégory Wathelet ça ne peut pas faire de mal. Touardo et Nathan ont fait le reste.

Pour beaucoup d’autres, des options coupées, des virages hasardeux, et des barres qui tombent sans pitié.

Un podium 100 % belge, comme un symbole

Le temps de remettre un bouquet et une standing ovation sur le double titre européen d’un Justin Verboomen ému, que nos rescapés doivent retourner au charbon.

Alexa Ferrer, Nathan Budd, Stéphanie Macieira et enfin Andres Vereecke viendront compléter la short list avec Verlooy. Mais dans ce genre de scénario, il faut plus que du talent : il faut du sang-froid. Et un peu (voir beaucoup) de chance.

Premier à s’élancer, Verlooy fait tomber la première barre du barrage mais sauve la deuxième place grâce à un chrono rapide (42’’32).

Deux refus pour Alexa Ferrer avec Vitalhorse Fleur d’OZ, le barrage s’arrête presque avant d’avoir commencé pour le couple. Deux fautes pour Macieira.

Nathan Budd tente le tout pour le tout, un barrage propre jusqu’à l’avant-dernier vertical…faute. Il faut dire qu’à l’obstacle précédent une réception un peu forte lui avait fait perdre les pédales.

Troisième place, le cavalier du Haras des Rosiers sort avec un sentiment mitigé : « je m’en veux énormément, parce que mon cheval était là, il a très très bien sauté. J’ai perdu un peu l’équilibre sur un saut, ce qui m’a complètement déboussolé. Je me suis retrouvé sans étriers, plus rien. J’ai dû prendre la première distance qui venait, sans structure, sans étriers… et malheureusement, on n’a pas pu éviter la faute. Elle est 100 % pour moi, pas pour lui.»

Au final, un podium 100 % noir, jaune, rouge : Vereecke, Verlooy, Budd. Trois styles, trois histoires, une même bannière. Et un public wallon debout pour applaudir son voisin flamand. Car oui, c’est bien Andres Vereecke qui a tiré son épingle du jeu. Mais pas sans difficulté.

« Oui, au premier tour déjà c’était difficile. Le temps était court, il y avait des fautes partout.
Le chef de piste a vraiment bien fait son travail : c’était un vrai Grand Prix, pas facile, mais juste.
Quand on voit la qualité des chevaux présents, c’était normal d’avoir ça.
Mais il y avait quand même moyen d’être dans le temps. J’ai tourné devant après le triple avant le vertical. Je crois que c’était vraiment nécessaire. Le reste était plus facile et on pouvait gérer alors.»

Puis vint le barrage…

« Ça ne s’est pas du tout passé comme prévu.» nous glisse Vereecke, en meêm temps out le monde avait pu s’en rendre compte: « Je savais que si j’étais sans faute, je gagnais. Mais ça ce n’est pas toujours facile. Mon cheval sautait super bien, mais j’ai un peu de malchance et je perds mon étrier après le numéro 3. Mon cheval perd un peu la tête, moi aussi. Je me dis alors que je dois me concentrer à nouveau. Mais mon cheval sautait formidablement bien donc j’ai pu aller jusqu’au bout du parcours sans faute.» conclut le cavalier de 28 ans.

Andres Vereecke, six ans après

Quand il soulève le trophée devant la bannière géante du Palais des Princes évêques, Andres Vereecke a l’air d’y croire à moitié. Il l’avait déjà fait en 2019, mais cette fois, c’est une autre jument, un autre homme. « C’est incroyable, vraiment. Gagner une fois, c’est déjà dur. Deux fois, avec six ans d’écart, c’est fou. Quand je vois les noms qui ont réussi ça avant moi (Bost, Navet, Le Jeune, Wathelet, ndlr), c’est un honneur. »

Sa partenaire, Perle d’Or van de Gaverstede, a mis du temps à se construire. « Elle a du caractère, un peu de tempérament. Pas toujours simple, mais elle a du cœur. Et aujourd’hui, elle a tout donné. » Le duo a résisté là où tous les autres ont craqué. Seul double sans-faute du jour, sans trembler. Le genre de performance qui forge les légendes locales.

Nathan Budd court décidément derrière le chrono.

Entre Touardo Blue, Ely des rosiers et son 7 ans, Close Call NH Z, qui ont brillé plus qu’à leur tour durant quatre jours, Nathan Budd n’a pas eu à se plaindre ce week-end. Au point tel qu’il hérite du tire de meilleur cavalier du concours. La perf aurait du lui rapporter un cadeau de l’horloger partenaire. Mais, micmac lors de la remise des prix et c’est Andres Vereecke qui s’est vu offrir la montre. Quand ça ne veut pas…

Le retour d’un monument wallon

Pour sa 26e édition, le Jumping International de Liège retrouvait son prestige d’avant. Un plateau quatre étoiles plus plus, des tribunes combles, un parfum de retrouvailles. Même les vieux de Coronmeuse avaient les yeux qui brillaient.

« C’est un très beau concours, important pour nous ici en Wallonie », glissait Henrik Durand, le propriétaire du cheval de Budd.
Et comment. Le concours, absent six ans des radars internationaux, a signé un retour magistral. Le chef de piste, le public, le plateau : tout sonnait juste. Un vrai Grand Prix, exigeant mais fair-play, à la hauteur de son histoire. Vivement la 27ème édition!

Les résultats complets du Grand Prix 4* 1m55 du Jumping International de Liège ici