Le roi Vagabond s’en va, mais sa dynastie galope encore. 

Publié par Sébastien Boulanger le 30/10/2025

Il avait le regard des chevaux qui savent. Ce mélange d’intelligence tranquille et de feu intérieur qu’on reconnaît tout de suite. Vagabond de la Pomme s’est éteint hier, à vingt ans, laissant derrière lui une écurie en deuil, un sport orphelin, et une ribambelle de descendants prêts à continuer le show. Le Haras de Clarbec, qui l’avait vu grandir, l’a annoncé avec une émotion rare : 

« C’est un Grand Monsieur du saut d’obstacles international qui s’en va. »

Et quel Monsieur. Fils de Vigo d’Arsouilles et de For Pleasure, autrement dit, du sang bleu dans les veines et du charbon dans le moteur, le bai sBs avait tout : la gueule, le mental, le respect de la barre, et cette façon de galoper comme s’il dansait sur les nuages.

Le Vagabond de Pénélope

C’est sous la selle de Pénélope Leprévost, que Vagabond a écrit quelques-unes des plus belles pages du saut d’obstacles français des années 2010. Las Vegas 2015, finale de la Coupe du monde : le duo touche le ciel, deuxième au classement général, après avoir carrément remporté une manche dans la cité du vice. Deux ans plus tard, c’est sous la verrière du Grand Palais qu’ils rejouent la symphonie : deuxième du Grand Prix du Saut Hermès, avec ce mélange d’élégance et d’efficacité qui faisait la signature de leur couple.

Puis Vagabond passera par les mains expertes de Nicolas Delmotte et Félicie Bertrand, comme une sorte de passeport pour la grande école du savoir-faire équestre. À chaque cavalier, le même constat : il avait “ce truc”.

L’héritage du bai

Mais si le Vagabond s’en va, il laisse derrière lui un héritage plus solide qu’un triple à 1m60. Reproducteur star du sBs, il a déjà signé 19 descendants vus sur des parcours à 1,60 m. Et pas des seconds rôles. Parmi ceux-ci :

  • Jenson van’t Meulenhof, qui a flirté avec les 1m70 sous la selle de Niels Bruynseels,
  • Major Tom, le petit bijou piloté par Rodrigo Pessoa, également à 1m70,
  • et aussi Echo de Virton, partenaire de Grégory Wathelet avant de briller avec Marie Longem : double sans-faute en Coupe des Nations à Sopot, cinquième de la Coupe du monde d’Oslo, deuxième du Grand Prix 3 de Drammen*, troisième du Grand Prix 3 de Thermal*… bref, le fils prodige qui porte fièrement le nom du père.

“Un cheval au caractère en or”

Le Haras de Clarbec, dans son communiqué, évoque avec pudeur et tendresse ce partenaire de route :

« Nous l’avions rencontré lorsqu’il avait 4 ans chez son éleveur Geert Baertsoen et avions tout de suite senti que c’était un cheval spécial. (…) Il nous a fait rêver et nous pensons aujourd’hui à tous les bons moments que nous avons passés avec lui. »

Un cheval spécial, donc. Mais surtout un cheval aimé. Par ceux qui l’ont monté, par ceux qui l’ont soigné, et par ceux qui, depuis les tribunes, avaient senti qu’il se passait quelque chose à chaque fois qu’il entrait en piste.