Eurexpo, vendredi soir. Les lumières mauves baignent les gradins combles d’un public qui assiste dans la piste éclatante , encore une fois, à du grand sport. Richard Vogel n’a pas dû passer par une fenêtre, c’est par la grande porte qu’il vient faire son coup. Il ajuste sa bombe, Gangster Montdésir trépigne. Neuf ans, des jambes de ressort et un sang français dans les veines. Le plan est suivi à la lettre. Moins de quarante secondes plus tard, le Longines Grand Prix 5* est dans la poche. Lupin n’a qu’a bien se tenir.
Un an après avoir raflé le Grand Prix Coupe du monde au même endroit, l’Allemand remet ça. Même salle, même intensité, mais un nouveau complice. Le bai Selle Français (Kannan x Cornet Obolensky), au nom qui fleure bon la série noire, a tenu son rang : un Gangster à la précision chirurgicale.
Derrière, le Britannique Ben Maher, numéro 2 mondial, a tout donné avec Enjeu de Grisien (, mais doit se contenter d’une deuxième place (39’’73). Le podium est complété par un autre Allemand, Gerrit Nieberg, impeccable en selle sur son pie rebondissant Ping Pong van de Lentamel (41’’13).
Le parcours de Grégory Bodo avait pourtant fait le tri : 49 couples au départ, seulement 10 au barrage. Jeanne Sadran et Dexter de Kerglenn (Mylord Carthago x Diamant de Semilly) avaient mis la pression avec un double sans-faute en 42’’96. Mais quand Vogel a enclenché le mode attaque, tout s’est arrêté. Les virages, les distances, le tempo : millimétrés. Le public n’a plus regardé le chrono, il a juste hurlé quand la dernière barre est restée en place.
« Gangster est incroyable. C’est seulement notre troisième concours ensemble et déjà sa première victoire en 1m60. À chaque fois qu’on lui demande quelque chose, il répond parfaitement », lâchait Vogel, presque surpris de sa propre précision.
Un braquage tout en élégance, signé d’un duo qui apprend à se connaître et qui, déjà, s’écrit en majuscules.
Antoine Ermann, la promesse tricolore
Derrière la tornade allemande, Antoine Ermann a encore montré qu’il n’était plus simplement « l’espoir » du saut d’obstacles français. Quatrième avec Floyd des Prés (Vigo Cece x Papillon Rouge), le Bourguignon a sauté avec la lucidité des grands et la fraîcheur des jeunes loups.
« Être ici à Lyon, c’est un rêve de gosse. C’est la première fois que je saute à ce niveau-là. Sentir le public derrière soi, c’est incroyable », racontait-il, encore les yeux brillants.
Une prestation propre, ambitieuse, ponctuée d’un risque assumé sur le tournant avant le vertical blanc. Le garçon apprend vite. Et le public lyonnais, conquis, lui a offert un tonnerre d’applaudissements.
Les Belges dans la bataille
Côté belge, Grégory Wathelet s’en sort avec les honneurs. Associé à Double Jeu d’Honvault (Kannan x Cook du Midour), il signe un parcours prometteur malgré 4 points. Pas de barrage, mais une qualification en poche pour le Grand Prix Coupe du monde de dimanche. Même scénario pour Nathan Budd et Touardo Blue Z (Toulon x Arko III), fautifs eux aussi à 4 points, auxquels se sont ajoutés 3 points de temps. Lui aussi décroche son ticket pour la suite.
« Quand on entre sur cette carrière, il y a une telle atmosphère… ça nous donne des ailes », déclarait Vogel qui, une fois encore, a su montrer qu’il savait très bien voler.