Il y a des soirs où l’a Hanns-Martin-Schleyer-Halle de Stuttgart peut prendre des airs d’un vieux cinéma de quartier : lumière tamisée, ambiance suspendue et musique vintage. Samedi, Jessica von Bredow-Werndl a transformé Stuttgart en salle obscure et Diallo BB (Dancier x Floriscount) en héros romantique. Bande-son : Love Story. Résultat : 83,095 %.
La reine du Dressage allemand, quadruple championne olympique, n’avait même pas besoin d’un tapis rouge : il lui suffisait d’un carré de 20×60 et d’un hongre hanovrien qui disputait là… sa première Freestyle de Coupe du monde. Rien que ça. Un baptême du feu transformé en nuit de noces, trois juges au-dessus des 90 % artistiques, et l’impression générale que tout avait été pensé pour que le public ne respire qu’entre deux foulées.

L’Allemagne en mode double play
Derrière elle, un autre gamin du pays : Raphael Netz. Plus qu’une promesse de la discipline. Avec Great Escape Camelot (Johnson x Turbo Magic), le jeune Allemand sort un 80,765 % tout sourire et bande originale perso. Un passage final à faire pâlir un métronome. Stuttgart adore, les juges aussi.
Demandez-lui où il compte s’arrêter et il répondra probablement : « Au sommet du classement général ». Et effectivement, Netz caracole en tête de la Ligue d’Europe de l’Ouest, comme s’il avait décidé d’y camper pour l’hiver.

Le showman, le vrai
Troisième larron : Patrik Kittel, alias « The Greatest Showman ». Le Suédois a choisi de faire honneur à son surnom, musique populaire comprise, histoire de réveiller le public entre deux pirouettes. Touchdown (Quaterback x Sack), son partenaire de la campagne 2024, s’est montré fidèle à lui-même : de l’allure, de l’éclat… et cette pointe d’imprévisibilité qui maintient le public en apnée.
79,620 %. Pas suffisant pour grimper sur les deux Allemands, mais le podium est là. Le show aussi.

Les prétendants, les surprises et les “presque”
Avant le feu d’artifice final, Moritz Treffinger avait longtemps tenu la tête avec un solide 76,590 % sur Cadeau Noir (Christ x De Niro). Mais la deuxième partie de soirée avait décidé d’être cruelle.
La Néerlandaise Marieke van der Putten, d’abord, arrive avec Kuvasz RS2 (Glamourdale x de Niro 6), première apparition en Coupe du monde, première claque visuelle. 78,765 %, programme ultra propre, connexion évidente, public conquis. Elle sera finalement quatrième, poussée dehors du podium in extremis par Kittel.
La Britannique Susan Pape, elle, débarque avec un Tom Jones remixé et un Harmony’s Giulilanta (Jazz x Flemmingh) qui semble avoir pris un abonnement au contrôle technique parfait. Freestyle de débuts, 78,290 %, une harmonie limpide… mais une soirée trop dense pour grimper plus haut.
La Belge Larissa Pauluis, candidate au repeat après son podium à Lyon, voit son effort sabordé par quelques erreurs dans les temps avec Flambeau. 78,720 %. Frustrant, mais pas infamant.
Et dans tout ça, Alexa Fairchild (Fairplay) accroche un top 8 solide, qui lui offre l’odeur lointaine mais persistante d’un billet pour Fort Worth et sa finale.
Le classement général : Netz en patron
Pendant que certains savourent Stuttgart et que d’autres refont le film au ralenti, Raphael Netz, lui, fait simple : il reste devant. Onze points d’avance sur la Danoise Fie Christine Skarsoe, Fairchild qui grimpe en troisième, Kittel juste derrière.
Et Jessica ? Elle remonte en 13ᵉ position, coincée dans un embouteillage de talents où l’on retrouve notamment le champion d’Europe et number one mondial, Justin Verboomen. Rien d’inquiétant. La route vers Fort Worth compte dix étapes, et Stuttgart n’était que la troisième.

Retrouvez les résultats complets du Grand Prix Coupe du monde de Stuttgart ici
(Photos ©FEI/Stefan Lafrentz)