Hier, sous la chaleur moite de Pattaya, les premiers sabots ont claqué sur la piste du Thai Polo & Equestrian Club : les Championnats Asiatiques FEI 2025 sont officiellement ouverts. Pas une simple compétition de plus, mais un acte fondateur. L’Asie équestre ne veut plus regarder le haut niveau depuis le fond des tribunes : elle veut entrer sur le terrain, casque vissé, chevaux affûtés, ambition XXL.

Un concept qui ne date pas d’hier
Pour comprendre l’importance de ce rendez-vous, retour en 2017. Cette année-là, la FEI et la Thailand Equestrian Federation (TEF) se sont mises d’accord sur un objectif audacieux : créer un vrai championnat continental asiatique, durable, structuré, pensé pour faire monter la région au niveau olympique. Pas dans trente ans. Dans un futur crédible.
Leur slogan résume tout : « Rethinking the Way We Do the Championships ». Repenser, reconstruire, professionnaliser. Faire en sorte que l’Asie ne soit plus un “marché émergent”, mais une locomotive du sport.

Pattaya, retour au berceau… mais version 2.0
Ce n’est pas la première fois que la ville accueille la fête. En 2019, la première édition des Championnats asiatiques FEI avait déjà eu lieu ici, avec dressage, saut et eventing au programme. Une réussite,mais une réussite de pionniers, avec encore des angles à polir.
Cette édition 2025, en revanche, veut passer une vitesse supérieure. Au menu :
- Dressage, Saut d’obstacles, Concours complet, Endurance, Para Dressage
- Un calendrier costaud (24 novembre – 7 décembre)
- Un jury international aux standards FEI
- Des règles et qualifications rehaussées (notamment en endurance et para dressage)
- Un dispositif sportif pensé pour durer, tous les deux ans
L’idée n’est plus seulement de faire un bel événement, mais de construire une “maison mère” du haut niveau asiatique.
Les cavaliers asiatiques ont rendez-vous avec leur futur
Les nations (plus de 20) qui débarquent en Thaïlande ne viennent pas pour faire du tourisme. L’Inde, par exemple, a renforcé ses critères de sélection pour envoyer une délégation plus solide que jamais. Certains cavaliers ont déjà montré les crocs, comme ceux qui se sont qualifiés suite à des performances FEI 3* récentes.

La Thaïlande, elle, joue à domicile avec une double pression : performer, bien sûr, mais aussi prouver qu’elle peut organiser un championnat de rang mondial. Un test grandeur nature, qui servira de modèle pour les éditions futures.
Pourquoi ça peut tout changer
Trois raisons simples :
- Accès au haut niveau
Plus besoin pour les cavaliers asiatiques de traverser la planète pour se confronter à un standard international. C’est le haut niveau qui vient à eux. - Professionnalisation de toute la filière
Pas seulement les cavaliers. Les juges, les grooms, les vétérinaires, les organisateurs… tout le monde monte en compétence. - Crédibilité mondiale
Si l’événement prend de l’ampleur et de la régularité, l’Asie pourrait devenir une vraie plaque tournante équestre. Un pôle. Un hub. Pas un satellite.

Une Asie qui assume enfin son ambition équestre
Le message envoyé par ces championnats est clair : l’Asie équestre veut exister. Pas en marge, mais au centre. Elle veut former ses chevaux, ses cavaliers, ses entraîneurs, ses arbitres, ses organisateurs. Elle veut ses stars, ses rivalités, ses histoires.
Et Pattaya sera peut-être la première page de ce nouveau livre.
Les cavaliers à suivre
Raju Singh (Inde)
Révélation récente grâce à une grosse perf en CCI 3★, le cavalier indien débarque à Pattaya avec l’étiquette d’outsider dangereux. Pas le plus clinquant, mais peut-être le plus affamé.
Dongheon Nam (Corée du Sud)
Champion individuel de dressage en 2019, le métronome coréen revient sur un terrain qu’il connaît par cœur. Si quelqu’un doit calmer l’ambiance dès la reprise, c’est lui.
L’équipe de Thaïlande
À domicile, les Thaïlandais jouent gros. Une génération plus expérimentée qu’en 2019, un public acquis, et la volonté d’installer le pays comme force régionale.
Les jeunes d’Asie du Sud-Est
Vietnam, Malaisie, Philippines… Des cavaliers encore peu connus à l’international, souvent issus de circuits dynamiques. Leur fougue pourrait semer le trouble sur les barres et les pistes d’endurance.
Le contingent du Para Dressage
Première année de présence de la discipline, et déjà des profils prometteurs : réguliers en CPEDI, ambitieux, prêts à profiter de ce nouveau terrain d’expression pour créer la surprise.
(Photos © FEI/Yong Teck Lim)