On l’a vue s’envoler samedi soir à La Corogne pour remporter le Grand Prix 5*. On la savait compétitive. Mais qui est vraiment Jarina J (Cicero Z van Paemel x Harley VDL), l’alezane de 11 ans qui s’impose comme l’atout stratégique du piquet Devos ? Pieter Devos nous raconte la jument, leur relation, ses forces, ses marges et en profite aussi pour dévoiler son programme sportif, entre Malines, Bâle et une possible remontée vers la finale Coupe du monde.
Une “deuxième jument” qui pèse lourd
Quand on demande à Pieter Devos si Jarina J fait désormais partie des valeurs sûres de son piquet, il confirme sans détour :
« Oui. Elle est arrivée à six ans et elle a été formée au départ par ma femme. Ensuite, je l’ai reprise et depuis, elle a déjà montré de très belles choses. Donc oui à a maintenant une place sûre dans mon piquet. »

Elle coche toutes les cases du cheval construit à la maison, patienté, poli, puis lancé au bon moment.
Ses premiers coups d’éclat ? Devos les cite immédiatement :
« Elle a aussi gagné l’an dernier à Amsterdam. Par moments, elle est capable de réaliser quelque chose de vraiment exceptionnel. »
La Belgique aime les juments au mental sec, lui au galop précis et Jarina coche les deux :
« C’est une jument qui quand elle va être très à l’aise donne tout. Elle est super compétitive. »
L’été sur le Global en a fourni la démonstration : des sans-fautes à répétition, une fiabilité d’horloger.
Casual, Primo… et Jarina : un trio aux rôles bien distribués
Comparer Jarina aux têtes d’affiche du piquet, Casual ou Primo, n’a pas grand sens pour Devos :
« Casual et Primo sont des chevaux d’une autre dimension. Mais elle peut être encore plus compétitive. Elle a un mental très combatif. »
Elle n’est pas le “numéro un”, mais elle n’est surtout pas un simple backup :
« En tant que deuxième cheval, pour les épreuves rapides, c’est vraiment une jument exceptionnelle. Et de temps en temps, elle peut aussi faire un Grand Prix. Et très bien le faire comme elle l’a prouvé encore ce week-end. »
Sur les très gros formats, elle doit encore grignoter un peu :
« À très haut niveau, elle a parfois encore un peu de marge. »
Mais Devos nuance aussitôt :
« Sur les Grands Prix sur le sable, elle est vraiment très bien. Par contre, un concours comme Aix-la-Chapelle, ce n’est pas pour elle. »

Une progression qui n’a pas atteint son plafond
Le cavalier le sent : Jarina n’a pas fini d’évoluer.
« Elle a déjà de beaux résultats (…) mais je sens qu’elle est encore en pleine progression. Elle a encore beaucoup de potentiel à découvrir. »
L’équation est simple : bien gérer son calendrier, optimiser les pistes, choisir les moments clés.
« Je vais la garder dans ce rôle : des épreuves importantes et, de temps en temps, la sortir en GP aussi pour soulager les autres. »
Avec l’expérience accumulée cette année, il la voit déjà sur davantage de Grands Prix la saison prochaine.
Le caractère : classique, intelligente… et sensible à la confiance
Sur le papier, Jarina est facile à monter. En réalité, elle demande finesse et cohérence :
« C’est une jument facile à monter, assez classique. Mais aussi très maline et très sensible dans le parcours. La confiance est essentielle pour elle. Une fois qu’elle est en confiance, elle est vraiment très performante. »
La construction de ce lien fut progressive :
« Dès le début, j’ai senti que ça cliquait bien. Mais il a fallu construire la confiance. Elle, ce n’est pas un cheval qui peut changer de cavalier toutes les deux semaines. Il faut garder ce lien. »
lle n’est peut-être pas la star absolue de la maison, mais elle en est devenue la pièce stratégique.
Fiable, compétitive, intelligente, en pleine progression.
Exactement le profil qui permet à un cavalier de tenir une saison entière au plus haut niveau.

Programme : deux étoiles, Malines, Bâle… puis un premier bilan
Pas question d’accumuler les concours après La Corogne.
« Je fais maintenant un deux étoiles cette semaine. J’avais pensé aller à Genève, mais finalement je ne le ferai pas. »
Casual, revenu au top à Prague (peut-être mieux que jamais selon Pieter), aura droit à un concours plus léger avant d’attaquer : Malines, objectif majeur puis Bâle pour démarrer 2026
Mondiaux, Coupe du monde : ambitions mesurées mais présentes
Les championnats du monde ? Devos y pense. Un peu. Pas trop.
« Honnêtement, oui, mais c’est encore un peu tôt. Je vais regarder ça tranquillement après Malines. »
Quant à la finale Coupe du monde, l’équation passe par… les points, qui manquent :
« Lors des deux premières les chevaux étaient vraiment bien mais j’ai fait une faute donc j’ai très peu de points actuellement. C’est Malines qui sera décisive. »
Si tout se passe bien : la finale redevient un objectif. Sinon : ce n’est pas la priorité.
(Photo cover: © CSI Casas Novas)