Uricas vd Kattevennen, destin d’un crack

Publié par Julien Counet le 09/06/2023

A Saint Gall, Uricas vd Kattevennen (Uriko x Cassini I x Caretino) a remporté son premier Grand Prix 5* à l’occasion de l’Officiel de Suisse. Sous la selle d’Harrie Smolders, l’étalon Holsteiner aura sans aucun doute fait briller les étoiles pour son propriétaire, véritable soutien durant de nombreuses années aux cavaliers belges (notamment à la famille Philippaerts), décédé en mars 2019.

En son honneur, sa famille a décidé de continuer l’élevage de chevaux dont il était propriétaire et c’est ainsi qu’Harrie Smolders poursuit sa route avec cet étalon qui a su séduire les éleveurs ces dernières années et qui confirme désormais au plus haut niveau de la compétition après avoir muri dans l’ombre de Monaco et Bingo du Parc.

Le neveu de Léon Spronken est revenu avec nous sur cette magnifique histoire…

 

Comment Uricas van de Kattevennen est devenu la star des écuries Spronken.

L’histoire d’un jeune étalon, élevé en Belgique par la famille Spronken et maintenant sous la direction de l’ancien numéro un mondial, Harrie Smolders.

 

« Tout a commencé lorsque Léon Spronken a acheté Uricas au célèbre éleveur de Holsteiner Otto Boje Schoof. Leon et Otto étaient des amis qui partageaient la même vision de l’élevage de chevaux.

Dès la naissance d’Uricas, Léon a immédiatement reconnu la qualité exceptionnelle du poulain, particulièrement impressionné par sa lignée maternelle hors norme. Sa mère T Cassina (Cassini I x Carentino) a donné de nombreux produits remarquables qui ont performé au niveau 1,60 m, dont Conway, Carassina, UT Wodka, Clearway, Conway-T, Arturo, Retina V et Classic Way. La grand-mère d’Uricas est Chika’s Way, qui a connu de nombreux succès sous la selle de Janne Friederike Mayer.

Sans hésiter, Leon Spronken a acheté Uricas et lui a donné le nom de famille van de Kattevennen. Une fois rentré à la maison, il n’a pas fallu attendre longtemps pour se rendre à l’évidence, Uricas était extraordinaire. Sa beauté stupéfiante et son caractère gentil, presque humain, le distinguaient vraiment du reste du groupe. »

 

Quels ont été les débuts d’Uricas ?

 

À l’âge de 5 ans, Uricas a quitté la maison pour commencer son entraînement dans les écuries de New Nordic Horses, où Alexander Housen l’a sellé pour la première fois. Il devint rapidement évident qu’Uricas serait un cheval de sport exceptionnel, car son aptitude à l’entraînement lui donnait des années d’avance sur son âge. Léon n’avait aucun doute sur le fait qu’il avait trouvé la perle rare dont rêvent tous les cavaliers. La même année, Uricas a produit son tout premier cheval.

Au cours des années suivantes, Alexander et sa famille ont pris grand soin de préparer Uricas à la compétition, privilégiant toujours son bonheur et sa santé à la recherche de grandes victoires. Cze qui ne l’a pas empêché de briller à chaque concours. »

 

L’héritage de Leon Spronken

 

« En mars 2019, une tragédie a frappé la famille Spronken. Lorsque Leon est décédé subitement à l’âge de 55 ans. Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés responsables de 154 chevaux, alors que nous avions peu d’expérience dans le monde équestre. Néanmoins, en l’honneur de la passion de Léon et de ses 20 années de dévouement, la famille a décidé de perpétuer son héritage. Il n’a jamais été question de fermer les écuries. Même si je n’avais que 26 ans, j’ai pris la responsabilité de maintenir les programmes d’élevage de mon oncle et de gérer les écuries familiales. »

 

Finales des championnats du monde à l’âge de 7 ans

 

« Quelques mois après le décès de Leon, sa vision s’est concrétisée. Alexander Housen, qui n’avait que 16 ans à l’époque, a guidé Uricas, alors âgé de 7 ans, jusqu’à la finale du championnat du monde à Zangersheide. Une légère touche sur le dernier obstacle les empêche de remporter le titre ce jour-là, mais le talent d’Uricas était indéniable. Les championnats du monde ont catapulté le jeune étalon vers une popularité instantanée en tant que reproducteur.

Peu après, Spronken Stables a commencé à collaborer avec l’agent d’élevage Caroline Smolders pour la distribution mondiale de la semence d’Uricas. »

 

Harrie Smolders et Uricas van de Kattevennen

 

« À l’âge de 9 ans, Uricas était prêt à entrer sur la scène mondiale du saut d’obstacles. Nous avons reçu de nombreuses offres d’athlètes de haut niveau et de leurs agents, mais nous recherchions un cavalier qui compléterait parfaitement leur noble cheval. Le style d’équitation de Harrie, son dévouement, sa planification stratégique, son entraînement compétent et son souci du bien-être des chevaux ont fait de lui le premier choix. Après un bref essai, Harrie a emmené Uricas aux écuries Evergates, où le cheval s’est rapidement intégré. »

 

Première victoire dans un Grand Prix 5 étoiles

 

« Nous sommes profondément reconnaissants et honorés qu’Harrie ait accepté d’être le mentor d’Uricas. Il a patiemment guidé Uricas pour qu’il atteigne le sommet du sport aux côtés des légendaires chevaux Monaco et Bingo du Parc. Avec une vision commune sur la priorité à donner à la croissance plutôt qu’aux victoires immédiates. Nous pouvons maintenant célébrer leur premier succès triomphal dans un Grand Prix 5 étoiles. Nous ne doutons pas que Leon serait incroyablement fier. »

 

L’Uricas promet une belle descendance

 

« Outre le succès d’Urica, nous célébrons également les performances exceptionnelles de sa progéniture la plus âgée. Sa fille aînée, Uri van de Kattevennen, aujourd’hui âgée de 7 ans, a réalisé de nombreux exploits avec son cavalier belge Wim Vincks. Ils se classent régulièrement en tête des compétitions.

A l’âge de 5 ans, le jeune Uri s’est classé 3ème au championnat de Belgique et est aujourd’hui en tête du STX Cycle des jeunes chevaux belge. Les descendants d’Uricas héritent tous de sa remarquable envergure, de son allure classique et de son charisme, ainsi que de son tempérament aimable, facile à dresser et courageux. »

 

Prochaines étapes

 

« Alors qu’Uricas continue à se développer, nous rêvons de nombreux succès, tant dans le sport que dans l’élevage. Cependant, nous ne mettons aucune pression sur Uricas ou Harrie. Notre objectif principal est qu’Uricas reste en bonne santé et heureux à Evergate Stables tout en voyageant dans des endroits incroyables dans le monde entier. Lorsqu’il sera prêt à prendre sa retraite, il sera chaleureusement accueilli à la maison pour une vie paisible et verdoyante. »


Un autre jeune homme a vécu cette victoire avec beaucoup d’émotion : Alexander Housen. Si avec Uricas, leurs chemins se sont séparés, leur histoire restera liée à jamais.

« Uricas est arrivé chez moi lorsqu’il avait 5 ans. Il était encore très vert et n’était pas encore approuvé. J’en suis tout de suite tombé amoureux.  Il était facile à monter mais aussi d’une incroyable gentillesse. L’objectif était dès le départ de participer aux championnats du monde des 6 et 7 ans. Je n’ai pas participé au cycle avec lui car je ne participe jamais à cette compétition avec les jeunes chevaux que je monte. Pour moi, un jeune cheval doit avoir la possibilité de faire des erreurs. Je trouve que le système du cycle leur en demande trop. Je préfère faire pas mal de concours d’entrainement et participer à deux ou trois concours internationaux avant les championnats du monde. Lors du championnat du monde des 7 ans, nous nous sommes qualifiés pour la finale où nous avons réalisé un parcours sans faute. Au barrage, nous avions tout en main pour gagner, mais malheureusement, je fais une faute sur le dernier obstacle. Il y a certes de la malchance qui nous a empêché de gagner mais rétrospectivement, je pense surtout qu’avec un peu plus d’expérience, je n’aurais pas fait cette faute! C’était un moment émotionnellement très fort. Cette finale arrivait seulement quelques mois après la disparition de Léon Spronken pour qui je montais depuis 5 ans. J’étais heureux de pouvoir rendre à Léon la confiance qu’il avait mise en moi. C’était vraiment un moment particulier pour nous tous.


J’ai eu la chance par la suite de faire le premier Grand Prix 2* d’Uricas. Je pense qu’il avait fait une faute mais avec une telle facilité que j’étais certain que la suite serait magnifique. La suite a été plus compliquée pour moi à tout point de vue. Je viens de vivre quatre années très difficiles, comme toute ma famille. Mes parents se sont séparés et j’ai décidé de quitter les écuries familiales. La famille Spronken a estimé que j’étais très jeune pour me laisser emmener un cheval de la qualité d’Uricas avec moi et c’est ainsi qu’Uricas a été confié à Harrie Smolders.  Sur le moment, cela a été très difficile pour moi. Mais aujourd’hui, je suis tellement heureux qu’il soit chez Harrie. J’ai suivi Saint Gall en live et pour dire la vérité, j’avais des larmes dans les yeux à la fin de l’épreuve. Pour beaucoup de gens, c’est une surprise de voir Uricas à ce niveau. Beaucoup ont dit qu’il n’avait pas suffisamment de moyens. Mais aujourd’hui, il leur dit « Hé hé, je suis là ». Sincèrement, pour moi, ce n’est pas une surprise du tout. Uricas est un cheval qui veut toujours être le numéro un. Une fois qu’il est en piste, il se bat comme un lion et à la maison, c’est le plus gentil cheval que vous pouvez imaginer. Cela m’arrivait de le monter en licol pour nous amuser. J’ai toujours rêvé de participer aux cinq étoiles avec lui. Malheureusement, la vie a fait que cela n’arrivera pas mais je me suis dit que si lui y était arrivé, je pouvais mettre les choses en place pour y arriver aussi et je vais avoir la chance de participer la semaine prochaine à mon premier cinq étoiles. Je suis fier de le voir aujourd’hui au plus haut niveau. » nous explique Alexander Housen avec énormément d’humilité. Un véritable destin croisé de deux grandes promesses de l’équitation.