Olivier Robert, comment faire d’un rêve une réalité (1/2)

Publié par Sébastien Boulanger le 29/09/2023

Quelques jours avant le CSIO 5* de Barcelone, So Horse a pris la direction de Bordeaux pour un petit tête à tête avec Olivier Robert.
Dans son écrin de verdure, entre bois et rangées de vignes, le cavalier français jette pour nous un oeil dans le rétro…

“ Je suis tellement reconnaissant envers les chevaux. Tout ce qu’on a pu avoir et acquérir c’est grâce à eux. Et vivre de sa passion initiale que j’avais quand j’étais gosse c’est quelque chose d’assez fantastique.” nous confie le cavalier offrant au passage un de ses larges sourires aux dents du bonheur.







Un rêve d’ado.

A l’âge (47 ans) auquel on commence gentiment à faire un premier bilan de sa vie, le cavalier français n’a plus grand chose à prouver. Vainqueurs de grand Prix 5*, finaliste de la Coupe du monde, celui qui a également plus que tenu sa place lors des Coupes des nations est heureux de ce qu’il a fait et heureux du parcours accompli. Pourtant sa carrière de cavalier n’était pas jouée d’avance…

“Je suis né à Amiens, mais mes parents ont très vite décidé de venir s’installer dans la région bordelaise. Ils n’étaient pas du tout dans les chevaux, Je montais en poney club, mais j’avais des copains qui étaient, eux, issus de ce monde là et vivre au milieu d’eux, c’était quelque chose de rêvé pour moi. On parle de sport local, du niveau 1m40, 1m45, à l’époque c’était les B1. J’avais deux copains qui étaient les enfants “de”. Quel bonheur ça devait être pour eux de se lever le matin et d’aller aux écuries. Probablement, intérieurement, ça m’a donné envie d’avoir ça. Ce fut le déclic. Mais ça n’est pas arrivé tout de suite… “ .





Pourtant une belle opportunité allait se présenter à Olivier, l’occasion de vivre le rêve américain…

“Les évènements de la vie ont fait que j’ai suivi Dominique Bentejac qui avait besoin de quelqu’un pour monter une saison hivernale à Palm Beach, aux États Unis…J’y suis finalement resté deux ans. Une expérience fantastique! Et puis mon visa n’a pas été renouvelé et j’ai donc du rentrer en France. Je me suis alors retrouvé avec une génération de cavaliers exceptionnels autour de moi et je ne voyais pas vraiment le jour en tant que cavalier. Donc j’ai pris ça comme un vrai amateur et j’ai alors ouvert une boutique de cuisines près de chez moi.  J’ai fait ça une dizaine d’années. 
C’était confortable et puis je montais en parallèle le dimanche. Parce que vendre des cuisines c’était essentiellement le samedi, quand les gens ont congé. C’était un peu compliqué de faire les deux. Mais c’est aussi à ce moment que je tombe, en même temps sur 3 chevaux hors normes. Le premier était un trotteur incroyable qui s’appelait Braquart et puis Gorki du Theillet (Persan II x Jalisco B) et enfin le troisième était une star de star. Il l’a encore confirmé après avec Mclain Ward et Rodrigo Pessoa, c’était Incas de l’Oasis (Dollar dela Pierre x Hidalgo de Riou). Quand vous êtes amateur et que vous avez trois chevaux comme ça, même si vous n’êtes pas très bon, vous êtes quand même un bon cavalier (rires). “


Alors que certains attendent ça toute leur vie, Olivier Robert se retrouve alors avec trois stars en même temps. De quoi chambouler sa vie.et le pousser à vivre son rêve pleinement. 

“J’ai retrouvé Dominique Bentejac qui a accepté de me céder une partie de sa propriété près de Bazas (Aquitaine). C’était un pas de plus vers mon rêve d’adolescent. Dominique Bentejac était numéro deux mondial en concours complet. Il a basculé dans le concours hippique avec des résultats très chouettes à la clé. C’était la génération des Michel Robert et tous ceux là. C’était un personnage qu’on va classer comme “atypique”, mais charmant. J’ai appris tellement de choses à ses côtés et il m’a tendu la main tout le temps, ce qui n’est pas évident quand on n’est pas issu d’une famille dans le milieu des chevaux. C’est vraiment quelqu’un qui a compté pour moi. Il est malheureusement décédé l’hiver passé d’une maladie mélangée au Covid.” 




“J’ai toujours ce sentiment de l’imposteur.”

Olivier Robert sautait alors à pieds joint dans le monde professionnel. Même si dans sa tête il en était loin… 

“C’est clair que j’ai eu ce sentiment de l’imposteur, je l’ai toujours d’ailleurs! J’ai une technique qui n’est pas vraiment approfondie comme le lot de cavaliers moyens et donc encore moins par rapport aux cracks qui tous les ans savent dès le mois de février ou mars qu’ils ont le cheval pour les Championnats d’Europe, pour les Championnats du monde ou les Jeux Olympiques. Souvent je ressens que ce n’est pas ma place. Parce que je ne me sens pas assez bon. Je devais monter à Calgary mais j’ai du renoncer à cause d’une blessure à une épaule qui me forçait au repos quelques jours. J’ai donc regardé les belles épreuves de Calgary à la télévision durant la nuit. La Coupe des nations, le Grand Prix. Il y avait 20 ou 30% de cavaliers comme Youri (Mansour), Steve Guerdat ou Martin Fuchs et puis après, il y a un lot de cavaliers dans lequel je me confond bien où de temps en temps on fait un exploit. Mais c’est différent, on ne fait pas tout à fait le même sport, c’est comme ça.” 







“Philippe Guerdat arrivait à nous piquer au vif”.

Parfois un peu dur avec lui même sur son équitation, Olivier Robert est loin de se lamenter. On pourrait presque parler d’humilité envers un sport qu’il respecte plus que tout. Et son envie d’apprendre et de toujours progresser est bien présente…comme aux premiers jours.

“J’ai pris beaucoup de conseils auprès de quelques cavaliers, pas énormément. Mais ils ont été importants. Au moment de Quenelle du Py, je ne savais pas sauter une combinaison. Elle était plutôt faite pour les champs de course avec ses origines totales de pure-sang. Michel Robert m’a alors affiné toutes ces choses là et puis on a réussi quelque chose de génial avec Quenelle. On a aussi un encadrement fédéral qui nous a mis à disposition un dresseur. Ça aussi ça m’a beaucoup aidé. Barnabas (Mandi) est quelqu’un qui m’a ouvert les yeux. Après l’avoir rencontré six ou sept fois, finalement, je répétais les choses et puis je répétais ça à la maison aussi et à la fin, ça a bien amélioré mes chevaux. Et puis il y a les sélectionneurs…Quand je suis arrivé avec Incas de l’Oasis, c’était Jean-Maurice Bonneau. Avec lui on travaillait beaucoup le rassemblement. Ce que l’on ne faisait pas du tout par contre avec Philippe Guerdat. Mais Philippe c’était quelqu’un qui nous parlait droit dans les yeux et qui nous disait si on n’était pas assez bon ou si le cheval n’était pas assez bon. Ça nous donnait un challenge supplémentaire. Avec le recul, je me demande si il n’a pas été un entraineur d’exception pour les français, tellement il savait nous piquer au vif et nous amener à être meilleurs.
Et puis il y a ces quelques cavaliers avec qui j’ai cette relation particulière. Quand je passe une mauvaise période sportive et que je reçois un message de Pénélope (Leprevost) qui me dit: “viens à la maison” ou que l’on se retrouve à Vejer de la Frontera et elle me dit “ça c’est bien” et puis me donne des conseils. Ça ce sont de bons entraineurs pour moi.
Et puis j’ai deux personnes qui sont comme des frères pour moi: Julien Gonin et Emeric George. On se connait depuis de très nombreuses années. Nos femmes s’entendent très bien et nous en s’entend comme des frères, on a des enfants qui ont le même âge. On passe nos vacances ensemble et même parfois Noël et Nouvel An. Ils sont très importants pour moi aussi.
Avec l’un d’entre eux je vais peut-être même faire bientôt une Coupe des Nations au Maroc. C’est quand même fabuleux. On a fait une Coupe des Nation à Calgary ensemble avec Julien Gonin. C’est important pour moi, Dans ma vie, avec le sport, la famille est importante et ils rentrent dans le cadre de ma famille.
À suivre dans l’épisode 2.