Bien installé dans le haut niveau, Olivier Robert est aussi bien installé à Pompignac, à la campagne mais pourtant à 1/4h du centre de Bordeaux. Au milieu de ses presque dix hectares, le Champion de France Elite 2018 prend soin de son piquet, mais prépare aussi l’avenir. Fidèle à son image, là non plus le cavalier n’est pas dans l’excès…
“On est avec 20 chevaux ici, on a récupéré quelques hectares supplémentaires, donc on a deux ou trois poulains qui naissent chaque année à la maison ou que l’on achète pour compléter quand on a eu qu’une ou deux pouliches. On se rend compte que c’est difficile d’acheter. On est dans un pays d’élevage, c’est bien. Mais quand on voit le marché à Fontainebleau ou le marché des Fences, cela devient presque une obligation d’élever sois même.
M’occuper du domaine ici est aussi une échappatoire pour m’aérer la tête. Nous sommes entourés par les bois et par les vignes, mais honnêtement, chaque année, il y a des accidents, parfois graves, avec des cavaliers qui sortent dans les vignes donc je ne le fais pas trop souvent. Idem avec les bois. Par contre j’ai une piste en herbe superbe que je privilégie vraiment avec mes chevaux. Dès le printemps il y a des obstacles dedans et les chevaux apprécient vraiment ça. C’est très important leur mental aussi”.
L’Anglo-Arabe omniprésent, mais pas seulement…
“Je vis dans le berceau de l’Anglo-Arabie. J’ai rencontré dans ma vie beaucoup de chevaux de cette race ou croisés Anglo-Arabes. Ce qui a fait qu’il fallait s’adapter à ce type de cheval un peu étonnant de comportement bien que plein de qualités. J’ai également pris du plaisir en montant des chevaux qui n’étaient pas Anglo-Arabes. Incas de l’Oasis, Eros. Par contre, il a fallu s’adapter un peu différemment. Pour Iglesias, ce sont Julien Gonin et Emeric George (ndlr: Les deux “frères” d’Olivier Robert. Voir le premier épisode) qui sont tous deux montés dessus quand on était à Vejer. Ils m’ont dit “Voilà, c’est un cheval étranger qui a besoin d’un cadre et d’être monté toujours par le même cavalier. Il se sent rassuré comme ça”. Ça m’a permis de comprendre le fonctionnement.
Par rapport au moule d’un cavalier qui va s’adapter au cheval ou de celui qui va faire le cheval à sa manière, moi, venant d’un système où je n’avais pas de base vraiment bonnes, il a bien fallu m’adapter plus aux chevaux et essayer de faire corps, avoir une osmose impeccable avec eux pour me permettre d’atteindre mes objectifs plus facilement plutôt que d’aller dans l’autre sens et les adapter à mon équitation. Là, peut-être que les données ont changé. Le nouvel encadrement fédéral m’a obligé à rentrer dans un système plus “normal” et là c’est la première fois que je prends du plaisir à comprendre comment faire fonctionner le corps d’un cheval pour le faire sauter bien, pour avoir le bon mouvement. Je ne vous cache pas que c’est super nouveau pour moi et c’est une sensation géniale. Je savais faire mon truc, aller gagner un beau Grand Prix, mais je n’avais pas compris la manière d’améliorer mes chevaux. De cette manière là, j’ai moins besoin de mon vétérinaire, qui est pourtant important dans ma vie et avec moi depuis 19 ans (!!!), car avec les bons mouvements, les chevaux trottent très bien le lundi en rentrant du concours.”
J’ai encore 4 ou 5 ans de sport de haut niveau devant moi.
“Entre les rencontre de Tempo, Raia d’Helby, Quenelle, Vangog, Vivaldi ou Eros et maintenant Iglesias, j’ai eu la chance de monter des chevaux absolument fantastiques. Le dernier qui m’amène à faire du sport de haut niveau, Iglesias D.V. (Quasimodo van de Molendreef x Labor’s VDL Eldorado), c’est finalement un cheval qui rassemble ce que j’ai trouvé de mieux chez les chevaux précédents, extraordinaires, que j’ai pu monter. J’ai beaucoup de chance actuellement.
Iglesias a dix ans. Il m’appartient en co-propriété avec Jérôme (Lassime) et la famille Lassime. Ils sont médecins et veulent tout axer sur ce sport là. Donc il ne sera pas sur le marché. Ce cheval a une santé unique. Je me dis que j’ai encore 4 ou 5 ans de sport de haut niveau devant moi, car je pense qu’il va y rester un moment. Et puis après on sera au delà de 50 ans. Donc on se dit qu’il sera temps de laisser la place aux jeunes…
La perte des chevaux ou la vente des chevaux n’est plus quelque chose qui m’angoisse aujourd’hui.
Parce que dans ma vie de sportif, depuis une douzaine d’années il n’y a pas eu de trou noir. Ils sont arrivés ou on se les est « fabriqués ». Et il y a eu tous les ans quelques belles victoire en cinq étoiles et des très belles Coupes des nations. Alors ça veut dire qu’on a pu s’y maintenir. Maintenant, la deuxième partie de 2022, l’après Calgary, était un peu plus angoissante. Vivaldi un petit peu moins bien, la vente de Vangog et puis Iglesias qui arrivait, mais n’étais pas encore là. J’y croyais dur comme fer, mais bon ça ne faisait pas de zéro, donc oui c’était un peu angoissant. Au fond quand ça s’arrête comme au mois de septembre dernier, J’ai trouvé ça bien long et les nuits finalement étaient assez courtes. Vous vous levez tous les matins avec l’envie d’y retourner. Ça a été un peu long six mois sans faire de grand sport et puis ça repart. Le sport est ce qui me fait vivre autant que ma famille. Oui, c’est ma vie! »