Olivier Robert, le sport pour vivre (2/2)

Publié par Sébastien Boulanger le 30/09/2023

Bien installé dans le haut niveau, Olivier Robert est aussi bien installé à Pompignac, à la campagne mais pourtant à 1/4h du centre de Bordeaux. Au milieu de ses presque dix hectares, le Champion de France Elite 2018 prend soin de son piquet, mais prépare aussi l’avenir. Fidèle à son image, là non plus le cavalier n’est pas dans l’excès…

“On est avec 20 chevaux ici, on a récupéré quelques hectares supplémentaires, donc on a deux ou trois poulains qui naissent chaque année à la maison ou que l’on achète pour compléter quand on a eu qu’une ou deux pouliches. On se rend compte que c’est difficile d’acheter. On est dans un pays d’élevage, c’est bien. Mais quand on voit le marché à Fontainebleau ou le marché des Fences, cela devient presque une obligation d’élever sois même.

M’occuper du domaine ici est aussi une échappatoire pour m’aérer la tête. Nous sommes entourés par les bois et par les vignes, mais honnêtement, chaque année, il y a des accidents, parfois graves, avec des cavaliers qui sortent dans les vignes donc je ne le fais pas trop souvent. Idem avec les bois. Par contre j’ai une piste en herbe superbe que je privilégie vraiment avec mes chevaux. Dès le printemps il y a des obstacles dedans et les chevaux apprécient vraiment ça. C’est très important leur mental aussi”.
L’Anglo-Arabe omniprésent, mais pas seulement…
“Je vis dans le berceau de l’Anglo-Arabie. J’ai rencontré dans ma vie beaucoup de chevaux de cette race ou croisés Anglo-Arabes. Ce qui a fait qu’il fallait s’adapter à ce type de cheval un peu étonnant de comportement bien que plein de qualités. J’ai également pris du plaisir en montant des chevaux qui n’étaient pas Anglo-Arabes. Incas de l’Oasis, Eros. Par contre, il a fallu s’adapter un peu différemment.  Pour Iglesias, ce sont Julien Gonin et Emeric George  (ndlr: Les deux “frères” d’Olivier Robert. Voir le premier épisode) qui sont tous deux montés dessus quand on était à Vejer. Ils m’ont dit “Voilà, c’est un cheval étranger qui a besoin d’un cadre et d’être monté toujours par le même cavalier. Il se sent rassuré comme ça”. Ça m’a permis de comprendre le fonctionnement. 

Par rapport au moule d’un cavalier qui va s’adapter au cheval ou de celui qui va faire le cheval à sa manière, moi, venant d’un système où je n’avais pas de base vraiment bonnes, il a bien fallu m’adapter plus aux chevaux et essayer de faire corps, avoir une osmose impeccable avec eux pour me permettre d’atteindre mes objectifs plus facilement plutôt que d’aller dans l’autre sens et les adapter à mon équitation. Là, peut-être que les données ont changé. Le nouvel encadrement fédéral m’a obligé à rentrer dans un système plus “normal” et là c’est la première fois que je prends du plaisir à comprendre comment faire fonctionner le corps d’un cheval pour le faire sauter bien, pour avoir le bon mouvement. Je ne vous cache pas que c’est super nouveau pour moi et c’est une sensation géniale. Je savais faire mon truc, aller gagner un beau Grand Prix, mais je n’avais pas compris la manière d’améliorer mes chevaux. De cette manière là, j’ai moins besoin de mon vétérinaire, qui est pourtant important dans ma vie et avec moi depuis 19 ans (!!!), car avec les bons mouvements, les chevaux trottent très bien le lundi en rentrant du concours.”

J’ai encore 4 ou 5 ans de sport de haut niveau devant moi.
“Entre les rencontre de Tempo, Raia d’Helby, Quenelle, Vangog, Vivaldi ou Eros et maintenant Iglesias, j’ai eu la chance de monter des chevaux absolument fantastiques. Le dernier qui m’amène à faire du sport de haut niveau, Iglesias D.V. (Quasimodo van de Molendreef x Labor’s VDL Eldorado), c’est finalement un cheval qui rassemble ce que j’ai trouvé de mieux chez les chevaux précédents, extraordinaires, que j’ai pu monter. J’ai beaucoup de chance actuellement.
Iglesias a dix ans. Il m’appartient en co-propriété avec Jérôme (Lassime) et la famille Lassime. Ils sont médecins et veulent tout axer sur ce sport là.  Donc il ne sera pas sur le marché. Ce cheval a une santé unique. Je me dis que j’ai encore 4 ou 5 ans de sport de haut niveau devant moi, car je pense qu’il va y rester un moment. Et puis après on sera au delà de 50 ans. Donc on se dit qu’il sera temps de laisser la place aux jeunes…

La perte des chevaux ou la vente des chevaux n’est plus quelque chose qui m’angoisse aujourd’hui.
Parce que dans ma vie de sportif, depuis une douzaine d’années il n’y a pas eu de trou noir. Ils sont arrivés ou on se les est « fabriqués ». Et il y a eu tous les ans quelques belles victoire en cinq étoiles et des très belles Coupes des nations. Alors ça veut dire qu’on a pu s’y maintenir. Maintenant, la deuxième partie de  2022, l’après Calgary, était un peu plus angoissante. Vivaldi un petit peu moins bien, la vente de Vangog et puis Iglesias qui arrivait, mais n’étais pas encore là. J’y croyais dur comme fer, mais bon ça ne faisait pas de zéro, donc oui c’était un peu angoissant. Au fond quand ça s’arrête comme au mois de septembre dernier, J’ai trouvé ça bien long et les nuits finalement étaient assez courtes. Vous vous levez tous les matins avec l’envie d’y retourner. Ça a été un peu long six mois sans faire de grand sport et puis ça repart. Le sport est ce qui me fait vivre autant que ma famille. Oui, c’est ma vie! »

J’ai gagné de beaux Grands Prix 5* et c’est sensationnel sur le moment même et on se sent fort et grandiose les semaines qui suivent. Ce sont ces concours qui m’ont toujours tirés vers le haut. Quand on se dit, “oh la vache j’ai une sélection pour Barcelone”. Je ne l’ai pas fait depuis maintenant 2 ans. Et bien ça manque quand on y est pas à Barcelone… Et là, pendant un mois, une bonne partie de la journée, on pense à ce qui va se passer, comment seront les deux parcours avant d’aller là-bas, ce qu’on doit faire, est-ce qu’on doit aller en stage fignoler quelque chose, etc. Ça nous dicte nos journées de façon incroyable. 
Bien sûr gagner Rome, gagner Madrid, être deuxième à La Baule, Doha ou St Tropez, ce sont des moments magiques, mais les évènement qui restent tout de même les plus forts, ce sont les Coupes des nations. Et quand en plus on gagne avec un double zero, ce sont vraiment des moments forts. J’ai beaucoup de respect pour Eros, un cheval que j’ai croisé pendant trois saisons et qui m’a amené à sauter des doubles sans faute à Barcelone, à Dublin, dans des concours avec des cavaliers d’exception. Ça ce sont des moments qui comptent pour moi. La qualification pour la finale de la Coupe du monde d’Omaha était également spéciale. C’était la première fois.”
Les Jeux Olympiques, pas la même pression…
Les épreuves à enjeu, Olivier Robert en a connu plus d’une. Pourtant la pression n’a pas vraiment de prise sur le cavalier de 47 ans.
“Comme je me sens un peu en dessous du système ou moins bon que tous nos cracks qui ont ramenés tellement de médailles à l’équipe de France, finalement quand j’y suis, je n’ai pas plus de pression que ça. Je ne suis pas un “bouche trou”, mais les données sont différentes ,donc finalement la pression avec le temps, elle n’est pas très forte.
Et puis je n’ai pas participé à des olympiades où là je pense que la pression est bien présente de ce que nous disent nos entraineurs. Là les données sont complètement différentes.
Les Jeux Olympiques sont un objectif pour tout sportif bien évidement. Le fait qu’ils aient été basculés en 2021, c’était peut-être ma chance puisque ça a été l’année de toutes ces grandes victoires avec Vivaldi et Vangog, Et Vivaldi était dans les cinq meilleurs chevaux français pour aller à Tokyo. Malheureusement, c’est nous qui sommes restés en Normandie au terme du stage juste avant que les chevaux embarquent. Pour aller aux JO il fallait de l’expérience et c’était tellement plus important d’envoyer des gens qui connaissent ça. C’est tellement logique. Je pense que j’aurai du mal à renouveler la saison que j’ai fait en 2021 pour avoir les mêmes chances d’aller aux Jeux. Maintenant je prends du recul. Ça n’a pas été dur, parce que j’étais bien conscient d’être moins bon que les quatre qui partaient. Mais ça a été dur mentalement. Comme ça a été dur mentalement pour ma propriétaire, Valérie Cougouille, avec qui j’ai une connexion totale. Alors les JO, on en rêve cachés, mais on n’y pense plus ouvertement.
J’ai fait les championnats d’Europe deux mois plus tard. Des championnats qui se sont merveilleusement bien passés avec Vivaldi et ça m’a donné certainement plus de crédit d’une certaine manière. Alors pour les Jeux de Paris, peut-être que…Mais finalement c’est facile hein, vous gagnez des Grand Prix…vous êtes meilleur que les autres …et la place au Jeux Olympiques vous l’avez. Finalement ça ne dépend que de moi.” termine en souriant (une fois encore) Olivier Robert.

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