L’avenir de Scott Brash

Publié par Julien Counet le 29/01/2024

Dans son sport, l’Écossais de 38 ans n’a plus grand chose à prouver (ndlr: Vainqueur de multiples Grand Prix 5* et Coupes des nations, médaillé d’or par équipe aux Jeux de Londres, champion d’Europe, toujours en équipe, un an plus tard, il reste à ce jour le seul et unique à avoir remporté la série des Rolex Grand slam avec son inoubliable Hello Sanctos, c’était en 2015). Mais la carrière de Scott Brash, l’éleveur cette fois, n’en est par contre qu’à ses débuts. Même si en tant que véritable homme de cheval l’activité le passionne déjà profondément. L’occasion pour So Horse de s’intéresser à cette passion relativement récente qui motive le cavalier du Royaume-Uni.

Scott, comment l’expérience de l’élevage à t’elle débuté pour vous?

« L’idée était de commencer une sorte de programme d’élevage avec mes meilleures juments de sport, il y a cinq ans maintenant. 
Ursula XII (Ahorn x Papageno), Hello M’Lady (Indoctro x Baloubet du Rouet) et quelques autres très bonnes juments que nous avons eues.
D’un autre côté, j’ai utilisé des étalons que j’ai aimés, des étalons contre lesquels j’ai concouru, des étalons dont je pense qu’ils pourraient convenir à ces lignées maternelles.  
C’est un projet qui me passionne de plus en plus et le plus passionnant, c’est de voir les prodiges arriver maintenant et de travailler avec eux. C’est vraiment intéressant pour moi. »


Monter les produits des chevaux qui ont contribués à faire votre carrière c’est quelque chose de spécial?


« Oui, je pense que cela rend les choses encore plus spéciales. Je connais les mères et les pères de ces chevaux et je suis très enthousiaste pour l’avenir.
Vous savez, j’ai travaillé avec la mère et ce que je vois beaucoup, c’est la mentalité qui se dégage de la lignée maternelle et se retrouve dans sa progéniture, ce qui est vraiment bien. J’ai l’exemple avec Ursula, sa volonté de travailler était toujours incroyable et je retrouve vraiment la même chose chez ses jeunes.
Je m’implique personnellement dans ce programme d’élevage, ça se passe dans « l’arrière cour » de mon écurie.
Nous essayons de les éduquer dès leur plus jeune âge tout en laissant leur corps se développer et nous commençons à les préparer quand ils sont en âge de travailler. Le fait de les monter très jeunes et de voir leur évolution dès le début vous permet d’avoir un véritable jugement. Et les erreurs commises ne sont donc dues qu’à vous. Mais vous comprenez vraiment ce cheval et dans l’autre sens il vous comprend très bien aussi puisqu’il vous connait depuis ses débuts. Je suis donc enthousiaste pour l’avenir et j’aime ce que je vois jusqu’à présent. Les plus âgés ont cinq ans maintenant et en ce début d’année nous leur faisons faire leur premier voyage international en les emmenant à Oliva et puis au Sunshine Tour. À Oliva, honnêtement, ils ont été fantastiques. Ils apprennent beaucoup et vite, je suis vraiment excité à leur sujet. »

 Quelle est l’implication de vos propriétaires dans ce programme?

Au début, mes propriétaires n’étaient pas vraiment contre, mais ils disaient: « Oh, eh bien, tu peux le faire si tu veux, mais tu sais, nous aurons environ 100 ans d’ici qu’ils soient bons. (rires)
C’était un peu la blague que nous avions entre nous, mais mes propriétaires adorent vraiment les voir progresser maintenant. Et ils demandent toujours des nouvelles à leur sujet. Et je pense qu’ils apprécient maintenant vraiment de les voir évoluer en compétition Et ils demandent déjà des nouvelles de la prochaine génération de chevaux qui sont un an plus jeunes.
Oui, je pense qu’ils ont vraiment adhéré à l’idée et qu’ils aiment vraiment ce que nous faisons. »

(ndlr: Depuis de nombreuses années Scott Brash peut compter sur ses propriétaires historiques que sont Lord Philip et Lady Pauline Harris ainsi que Lord Graham et Lady Pauline Kirkham à l’origine de l’affixe « Hello »)  


L’élevage, un parcours semé d’embuches?

« Je pense que, oui, c’est cher et c’est difficile, mais je voulais surtout, d’une certaine manière, faire progresser ces lignées maternelles. Pour moi la lignée maternelle est plus importante que l’étalon. Selon ce que j’ai vu et ce que j’ai fait, mais bon, je ne suis pas un éleveur de haut niveau. Mais vous savez, c’est plus une question à poser à des gars qui le font depuis des années et des années. Je suis un amateur en matière d’élevage, mais cela m’intéresse vraiment. j’essaie toujours de sonder les gens à ce sujet. L’autre jour, j’écoutais encore un podcast d’un éleveur français de premier plan. Juste intéressé de l’entendre à propos de son mélange issu d’une lignée de pur-sang et de différents croisements. C’était très intéressant. »

Vous êtes pour un élevage le plus naturel possible. Vous pouvez expliquer?

« Je ne suis pas fan de l’ICSI. Je n’aime pas ça.
Je n’ai pas assez d’expérience à ce sujet, mais je n’aime simplement pas l’idée qu’une jument soit utilisée comme une machine. Ce n’est pas pour moi. J’aime que ce soit aussi naturel que possible. Bien sûr, certaines juments ont du mal à se reproduire, et je pense qu’un embryon réalisé de la bonne manière avec respect pour la jument, c’est bien. »
Je pense que c’est, par exemple, formidable pour l’héritage d’Ursula. Ça permet qu’elle ne soit pas oubliée. Car maintenant elle produit d’excellents fils et filles. Et je vois vraiment cette mentalité venir d’elle, donc c’est plus la raison pour laquelle j’ai fait ça. »


Pouvez-vous parler un peu plus en détails des jeunes emmenés avec vous dans ces deux tournées hivernales?


« Nous avons un hongre de six ans, Lucky Chance Z (Casal x Indoctro, issu de la propre sœur de M’Lady. En fait, je ne l’ai pas fait naître, mais je l’ai acheté en tant que poulain, connaissant la lignée maternelle et connaissant Casal.


Et c’est un cheval charmant, très respectueux, d’un grand naturel, qui aime vraiment le sport, c’est un cheval extrêmement agréable à travailler. C’est très excitant. C’est ma cavalière (Georgia Tame) qui le monte, Il a sauté sans faute tous les jours pendant trois semaines. Il a juste fait tomber la dernière barre du dernier obstacle le tout dernier jour. Il a été très régulier et plus que prometteur pour l’avenir. »










Un autre jeune avec vous, Hello Northern Star.

« C’est un fils de Big Star hors d’Ursula, qui a cinq ans. Georgia le monte également.

Je l’aime vraiment, je pense qu’il a un potentiel de cheval de Grand Prix. je vois vraiment un équilibre et un galop fantastiques, il a de l’amplitude, il est prudent, j’adore sa mentalité.

Et puis, je montais Hello Duchess, une cinq ans

par Cornado de Marcus Enning et Hello M’Lady. Elle est un peu plus petite et vraiment vive comme la mère, mais courageuse et prudente comme la mère aussi. Bien qu’elle soit petite, il semble qu’elle a un grand cœur et un mental fort, avec une enjambée suffisante pour sa taille, donc oui, je suis vraiment excité par tous les trois. »




Quel est votre objectif avec votre élevage?

« J’adorerais produire des futurs chevaux de Grand Prix cinq étoiles, mais je pense qu’ils n’en seront pas tous capables. Il y aura peut-être des chevaux qui ne seront pas aussi talentueux.
Mais j’aime penser que si nous les faisons nous-mêmes dès le premier jour et que nous les formons, ils seront au moins de bons chevaux respectueux et agréables à travailler et formés de la bonne manière.
Alors, j’espère que, même s’ils ne deviennent pas des sauteurs d’épreuves 1m60, et que ce sont plutôt des chevaux pour des épreuves 120cm ou même des chevaux d’endurance ou de dressage potentiel, j’aimerais penser que nous avons fait les choses correctement. Que nous avons produit de beaux chevaux à vendre, mais aussi espérer avoir quelques autres sauteurs de Grand Prix. »

Et si un jour vous gagnez un Grand Prix 5* avec le cheval que vous avez produit, cela sera différent des autres victoires?


« Oui, c’est certain. je pense qu’il y a une sorte d’attachement émotionnel à eux, vous savez.

Donc, oui, je pense qu’il n’y aura rien de plus excitant que de remporter un Grand Prix cinq étoiles sur un cheval élevé à la maison, il y aura une dimension supplémentaire. »

.C’est quelque chose que vous pouvez imaginer, vendre les chevaux que vous élevez ?

« Je pense que c’est inévitable que nous devions le faire. Nous produisons environ quatre ou cinq poulains par an.
Vous savez, c’est cher et c’est un sport coûteux. Donc, nous devons faire tourner la machine. Oui, nous devrons… Mais ce sera difficile, j’en suis sûr.
 Mais c’est aussi une entreprise que nous devons faire fonctionner. Donc, nous prendrons ces décisions quand elles se présenteront.
Mais des décisions difficiles, il y en a tout au long du chemin. Mais oui, nous devrons en vendre certains pour financer l’ensemble de l’élevage. »

Pour la prochaine génération à quels étalons pensez-vous?

 « Eh bien, un cheval que je n’ai jamais utilisé auparavant mais que j’aimerais utiliser c’est Catoki.

Je n’ai pratiquement jamais utilisé deux fois le même étalon, vous savez. Je me déplace et j’essaie différents étalons pour apprendre quelles caractéristiques ressortent et ce qu’il faut rechercher, et quel étalon pourrait être un bon mélange avec telle ou telle jument. 

Oui, je pense que Catoki pourrait être l’un de ceux que je pourrais envisager d’utiliser à l’avenir. J’aime aussi les jeunes étalons et je ne serais pas opposé à aller même vers un étalon de dressage ou autre et pourquoi pas essayer ce genre de croisement. Nous recherchons toujours un galop vraiment bon et équilibré, un cheval maniable, , et c’est aussi ce dont nous avons besoin. Donc, je pourrais me lancer dans cette voie comme une sorte d’expérimentation.Il y a quelques choses à envisager pour l’avenir. 


Après sa tournée de 3 semaines à Oliva, Scott Brash retrouvera ses jeunes au Sunshine Tour (après sa parenthèse Coupe du Monde à Bordeaux) en compagnie de ses chevaux d’âge que sont Hello Follie, Hello Mango, Hello Valentino, Hello Mr President (vainqueur d’un GP à Oliva) et Hello Jefferson.

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Sébastien Boulanger