Véritable poumon d’oxygène de la Belgique, les Ardennes belges étaient pourtant souvent les parents pauvres de l’équitation. Bien que la foire agricole de Libramont rassemble chaque année un grand nombre de passionnés de toutes races, ces derniers mois auront été riches en nouvelles structures. C’est le cas d’Embryolux, un complexe au pied de la E25 fondée par trois amis à Vaux sur Sure.
Station de monte, centre d’insémination et de transferts d’embryons mais aussi une écurie de propriétaires où plusieurs concours ont déjà pris place. Christophe Mayerus et Jérémy Llorens se sont associés autour de l’élevage du Haut Roy pour la construction de ces nouvelles installations alors que le docteur vétérinaire Didier Blommaert les rejoint autour du projet embryolux.
« C’est d’abord une idée qui est née entre amis. Jérémy Llorens avait déjà une belle expérience équestre puisqu’il avait ouvert une écurie à Mouscron avant d’être rappelé par les affaires familiales. Il avait cette envie de revenir dans le milieu des chevaux alors que Didier Blommaert est mon vétérinaire depuis qu’il est sorti de l’école. Il a toujours été passionné d’élevage et du coup, il a très vite été très fort là-dedans parce que c’est ce qu’il aimait tout simplement. Cela fait maintenant trois ans que nous avons pensé ce projet tous les trois ensemble. Au départ, nous ne pensions qu’à faire un centre d’élevage mais finalement, le sport n’est jamais loin et c’est difficile de dissocier tout cela. Chaque éleveur a toujours l’envie d’avoir un étalon issu de son élevage mais cela implique une logistique et de telles installations peuvent nous le permettre. En revanche, nous sommes très agréablement surpris de voir l’engouement que suscite nos installations. L’élevage étant un investissement sur le long terme, nous avons finalement opté pour louer quelques boxes pour nous permettre d’avoir une certaine rentabilité directement. Le sport et l’élevage sont complètement distinct d’une part et d’autre du bâtiment. Le sport nous amène aussi des clients. Ce week-end, nous avions un entrainement du testage tour adeclux qui est une association d’éleveur de notre province dont nous faisons partie avec Jérémy qui a pour but de récompenser nos éleveurs. Lors de cette journée, pas mal de personnes sont venues voir les étalons qui étaient présents et n’ont pas hésité à réserver des saillies. Dans la région, il y avait quelques étalonniers mais un centre de reproduction comme le nôtre n’existait pas. De plus, il n’y avait aucune possibilité de faire du transfert d’embryons près de chez nous. Nous sommes idéalement situés à la sortie de l’autoroute, à 35 minutes de la frontière du Luxembourg, 45 minutes de Liège, 45 minutes de Namur, pas très loin de l’Allemagne …
Elton de Hus (Eldorado vh Zeshoek x Ugobak des Baleines) avec Jérémy Llorens et lors de l’expertise du sbs
Nous avons la chance d’avoir quatre étalons présents sur place dont deux jeunes dans lesquels nous croyons beaucoup. Osaka du Haut Roy est né à la maison, c’est un fils de Touardo Blue Z avec une sœur de la grande gagnante internationale Olympie des Villas qui a gagné énormément au haut niveau avec Grégory Wathelet. Cette souche nous avait déjà donné l’étalon Flex du Haut du Roy (Cosinhus). Jérémy a également investi dans Elton de Hus qui est un fils d’Eldorado vh Zeshoek avec une sœur de Conrad qui tourne elle-même en international. Je pense qu’au niveau génétique, nous ne sommes pas trop mal d’autant que nous pouvons également compter sur Coriander Z (Chellano Z x Darco x Flugel) qui a performé en Grand Prix sous couleurs italiennes et brésiliennes. C’était important pour nous de montrer que l’on proposait aussi des étalons performers et que l’on ne misait pas tout sur la jeunesse même si personnellement j’ai souvent fait confiance à la jeunesse avec de bonnes souches car je trouve cela plus important que des performances sur 1m60. Nous avons également développé plusieurs partenariats avec différents étalonniers comme pour Ermitage Kalone, Bingo Z ou encore Junior du Seigneur afin de pouvoir satisfaire tous nos clients.
Nous avons ici une structure de 8 hectares qui ne demande qu’à évoluer. Nous avons déjà beaucoup d’idées en tête mais nous le ferons évoluer petit à petit. Nous pensons qu’il est préférable d’y aller petit à petit et ne pas vouloir tout en une fois car ce sont de très gros investissements et nous voulons pouvoir assumer. La chance que nous avons, c’est que nous sommes à peine début avril et tout est déjà complet. Chaque jour, nous avons de nouvelles arrivées de juments alors que Didier continue à travailler également sur le terrain pour que les juments n’arrivent que quand elles sont vraiment prêtes. La dynamique que nous avons créés avec les toutes nouvelles installations également de David Dehez à 7km d’ici est très profitable à notre région d’autant que lui avec ses activités de commerce draine beaucoup de monde. Il va également nous aider à évoluer, c’est indéniable. Je suis persuadé que c’est en s’aidant que nous y arriverons. Ce n’est pas tous les jours faciles mais nous discutons beaucoup et cela nous permet d’être dans une spirale positive. » conclu Christophe Mayerus qui en plus de son investissement au centre conserve ses activités d’électricien au contraire de Jérémy Llorens qui travaille désormais à temps plein au sein d’Embryolux. « Cela représente beaucoup de travail et c’est très différent de mes activités de ces dernières années au sein des concessions de voiture familiales que nous avions. Ces dernières années, les garages automobiles ont fortement évolué et nous étions avec mes frères à la croisée des chemins avec un choix cornélien de reprendre de gros investissements ou de vendre. J’ai préféré la seconde option et me voici de retour dans ma première passion » nous explique l’ancien élève de l’école d’équitation de Gesves.
Véritable passionné de génétique, Didier Blommaert n’est pas un grand bavard. Garçon réservé, il a longtemps travaillé dans la recherche à Mont-le-Soie notamment en plus de ses activités vétérinaires depuis de nombreuses années. Ce projet est un véritable rêve d’enfant. « Je veux continuer à faire de l’itinérance car c’est cela qui a fait ma force jusqu’à présent mais il est certain que ce nouveau projet m’offre un véritable confort de travail. Je suis étonné de l’engouement mais cela me fait plaisir. Je prends cela comme la concrétisation du sérieux et de la rigueur que j’ai mis depuis des années dans mon travail. Je ne fais que de la reproduction, j’ai toujours aimé cela et je me suis focalisé là-dessus. C’est la raison pour laquelle ce défi me plait autant. Je compte également développer la congélation des étalons qui est un domaine que je connais bien et cela va également me permettre de pratiquer les transferts d’embryons dans de bonnes conditions. Je n’y vois que du positif. »
Il reste désormais à ces trois aventuriers à concrétiser leurs rêves.