Clémentine Lux, l’équitation elle baigne dedans depuis qu’elle est toute petite. Comme beaucoup de jeunes cavaliers vous allez penser… Une grande soeur et une maman qui montent…du temps passé en bord de piste dans sa poussette dès son plus jeune âge… Un premier poney à 6 ans… Les premiers concours… Un deuxième poney… Les premiers internationaux… Toujours rien d’extraordinaire vous vous dites. Un titre de championne d’Europe Children à 13 ans… Là, ça commence à être un peu moins commun…Mais là où ça devient beaucoup, mais alors beaucoup plus intéressant c’est quand on s’intéresse d’un peu plus près à la personnalité de cette jeune cavalière belge de quatorze ans et qu’on discute avec elle de son approche des chevaux…
Clémentine, tu as 14 ans pourtant, quand on discute avec toi, on a l’impression d’être en face d’une cavalière qui a déjà 10-15 ans d’expérience dans les chevaux. Comment expliques-tu cela?
« Je suis quelqu’un de très autonome. Je m’intéresse à tout et je dois tout connaitre et tout comprendre. Parfois même des choses qui ne me concernent pas directement ou qui ne me regardent pas. Je demande parfois aux gens combien ils ont acheté leur cheval combien ils veulent le vendre, etc, tout ça m’intéresse… Je fais d’ailleurs du commerce toute seule avec mes chevaux, mes parents ne sont même pas toujours au courant. Je suis très autonome. J’ai toujours été comme ça. »
Ça n’a d’ailleurs pas toujours été facile, notamment à l’école. Parce qu’il faut préciser que depuis tes 12 ans tu ne vas plus à l’école.
« Oui, c’est quelque chose dont les gens me parlent souvent. Moi je voulais même arrêter un an plus tôt, mais mes parents n’étaient pas d’accord. J’ai arrêté après ma première secondaire. Ça n’allait pas. Pas parce que je n’était pas assez intelligente, mais parce que j’étais toujours en décalage. Je ne pouvais pas écouter les professeurs parce que je n’étais pas d’accord avec eux. Je n’arrivais pas à rester assise à un banc. Le système scolaire ne m’allait pas. La relation avec les autres élèves était aussi difficile car je n’avais pas du tout les mêmes centres d’intérêts qu’eux. Ils parlaient des modes de l’école et moi je pensais plutôt au tapis de selle que j’allais mettre à mon cheval. Je pensais toujours cheval. Du coup ça a même débouché sur du harcèlement. Et puis il y avait les concours. Quand je partais en inter le mercredi jusqu’au dimanche et que le lundi j’étais fatiguée du week-end, ça n’allait pas. En 2022 mes parents se sont rendu compte que ça devenait compliqué et il y avait de bonnes raison pour arrêter. Du coup ils ont été d’accord pour l’école à la maison. Mais ils sont intransigeants, ce sera des cours jusqu’à mes dix huit ans. Aujourd’hui j’ai un professeur qui vient chez moi. J’aime beaucoup, c’est quelqu’un de très intéressant qui a une formation d’égyptologue. Je suis une passionnée d’histoire, donc c’est vraiment bien. Et puis je lis beaucoup de livres et j’apprend aussi des choses sur le milieu du cheval. «
Le cheval qui occupe une part importante dans ta vie.
« C’est une part de moi. Il fait partie de ma vie et m’apporte du bonheur. C’est une vraie passion. À la base le cheval, pas la compétition. Même si l’esprit de compétition est venu très vite car je pense que j’ai vraiment ça dans le sang. J’aime gagner. Mais j’ai parfois encore du mal à gérer mes émotions. Mais ce qui est primordial pour moi c’est le cheval. Leur bien-être passe avant tout. D’ailleurs si un jour avec un cheval ça ne va plus en compétition. Ce ne sera pas un problème pour moi. Il aura une autre belle vie comme non athlète en prairie. Mais jamais, si ça ne va pas, je passerai par des mors durs ou barrer le cheval pour essayer de corriger des choses. C’est trop important pour moi leur bien-être. Avec un cheval je partage beaucoup de choses. C’est important pour moi de le comprendre et qu’il me comprenne. Qu’il y ait un échange. Si ils sont bien nourris, qu’ils sont bien dans leur corps et dans leur tête, ils te donnent tout. Si ça ne va pas c’est qu’il y a une raison et c’est à moi de trouver le problème. »
Tu es intégrée au plan Equicadets de la Ligue équestre Wallonie Bruxelles, tu as déjà eu un titre de championne de Belgique et puis l’année passée, il y a ce titre de championne d’Europe Children à Gorla Minore, comment est-ce que tu gères ta « carrière » de cavalière?
Depuis 2020, je m’entraine avec un nouveau coach. On a travaillé beaucoup ensemble durant le confinement. C’est lui qui m’a poussée à faire plus de concours internationaux. Comme chaque cavalier, j’ai bien sûr besoin de beaucoup d’entraînements, mais je fonctionne beaucoup au feeling. Si on me dit trop de choses, les contrats de foulées ou ce que je dois faire, ça ne va pas. je fonctionne beaucoup avec ma tête et au « talent » si je peux dire ça comme ça. Mais ça ne suffit pas, donc je m’entraîne encore plus maintenant. Mais pour moi c’est le mental qui est le plus important à cheval. Pouvoir gérer la pression et toutes les petites choses extérieure. J’ai la chance d’être encadrée par une coach mentale pour ça. Quelqu’un qui m’appelle avant et après les épreuves et a également de l’expérience dans les chevaux et ça m’aide beaucoup.
Sinon, c’est moi qui décide de tout. J’ai toujours voulu prouver aux gens que j’étais capable d’y arriver. Bien entendu, je suis humaine, je fais encore beaucoup d’erreurs. Je veux parfois trop bien faire et du coup je ne fais pas bien, mais j’apprends. Quand je vois parfois des cavaliers sensés être confirmés qui ne savent même pas ce que c’est la fourchette d’un cheval, qui ne savent pas comment ça fonctionne et qui ne s’y intéressent même pas, c’est quelque chose que je ne comprend pas.
Je suis une bosseuse. Il faut que j’évolue, je travaille mes chevaux, je monte tous les jours entre cinq et sept chevaux. J’ai ma maman qui est toujours là, pas loin, et quand elle voit que je fais quelque chose de pas trop bien, que je travaille dans le mauvais sens ou que je fais une petite erreur, elle va toujours me le dire, pas méchamment, juste pour que je m’en rende compte. Je suis une cavalière qui bosse, mais qui en même temps aime passer du temps avec les chevaux.
Je ne vais pas les faire sauter pour qu’ils sautent. Je saute très peu à la maison. Je fais beaucoup d’exercices, beaucoup de barres au sol, beaucoup de cavaletti, beaucoup de trucs techniques, mais très peu de parcours en fait. C’est bizarre à dire, mais mes concours sont un peu des entraînements. . Donc je suis bosseuse mais en même temps peut être pas assez.
J’aime bien aussi faire du dressage parce que je trouve ça super important. Même si ça peut paraître un peu « cuchcuch », J’aime aussi faire de l’éthologie, passer du temps avec eux, à apprendre des petits tours qui ne servent à rien dans ma vie de concours mais qui en fait au final m’intéressent.
Quand je dis à mon poney « arrêt » et qu’après il s’arrête tout seul, et bien ça me rend heureuse donc j’aime bien passer du temps à faire ça. »
Il y a des cavaliers dont tu t’inspires?
« Dans les cavaliers, je regarde de tout, vraiment tout m’intéresse, même parfois des simples amateurs. Ça m’intéresse de voir en fait la mentalité de ces gens, de voir comment ils travaillent leurs chevaux, comment ils pensent. Sinon, je suis les cavaliers belges, je pense que ce sont mes préférés.. Je trouve qu’en Belgique, on a les meilleurs chevaux et on a les cavaliers qui sont bien et donc eux m’intéressent beaucoup. J’aime voir les jeunes cavaliers par exemple, comme Gilles Thomas, que je trouve très impressionnant pour son âge.
J’aime voir Grégory Wathelet, Jérôme Guéry et tous ces cavaliers là qui sont impressionnants. Ce sont les cavaliers référence depuis quelques années maintenant. Ce sont des cavaliers que je regardais quand j’avais huit, neuf ans et maintenant, comme au concours Stephex, par exemple, on se retrouve dans le même paddock ou la même piste. C’est vraiment super. Sinon chez les étrangers j’aime bien Henrik von Eckermann. J’aime bien prendre un peu de chaque cavalier pour moi en fait. J’aime bien voir un peu ce que font les autres pour après pouvoir moi m’améliorer. »
Quels sont tes prochains objectifs?
« J’ai vraiment un objectif que j’ai depuis que je suis toute petite. C’est mon rêve en fait, c’est de pouvoir faire les Coupes des nations et les Championnats d’Europe Europe poneys. Ce n’est pas le cas en France, mais en Belgique, les cavaliers poneys, on s’en fout. On va être clairs, même si on est le meilleur cavalier du monde, on s’en fout des cavaliers poneys. Et c’est très triste je trouve. Parce que c’est très compliqué de monter un poney. C’est un gros challenge sauter un mètre trente cinq avec des poneys, c’est énorme quand les poneys font un mètre quarante cinq. C’est comme sauter un mètre soixante avec des chevaux d’un mètre septante. Donc c’est un vrai challenge, mais moi je n’ai pas envie d’abandonner.
J’ai vraiment envie de réaliser mon rêve. J’ai vraiment envie d’aller aux Europe. Faire des Coupes des nations Junior l’année prochaine, continuer en deux étoiles et en Jjunior. Préparer mes chevaux pour que mes deux dernières années Junior je puisse faire les Championnats d’Europe et ramener des médailles en équipe. Cette année est plutôt une année de transition.
Et là, je me mets à fond dans les poneys. Je ne suis pas encore très régulière, mais je vais l’être, j’en suis sûre, ça va venir.
Et puis après mes années Junior pourquoi pas passer directement en Senior et faire des concours trois et quatre étoiles. je trouve que les catégories d’âges sont super importantes, mais je pourrais faire l’impasse sur les Jeunes Cav…,On verra. »
Tu es déjà très présente sur les réseaux sociaux, on parle de dizaines de milliers de followers…Comment est-ce que tu gères ça aussi?
« Là aussi je fais tout toute seule et j’ai toujours fait tout toute seule. Parfois je pose une question à mes parents ou mes sponsors quand j’ai un doute sur une chose ou l’autre. Mais c’est là qu’on a commencé à me reconnaître, ça m’a aussi ouvert des portes. Je pense que c’est très important d’échanger avec ta communauté. par exemple à Compiègne, des jeunes sont venus me trouver pour faire des photos avec moi parce qu’ils me connaissaient d’Instagram. C’est quelque chose qui fait partie intégrante de notre activité. C’est très important dans le positif comme dans le négatif. Il faut vraiment faire attention à ce qu’on fait. Quelque chose que tu ne penses pas mauvais peut très vite être mal interprété. Tu peux avoir très vite une bonne image mais aussi très vite une mauvaise image. Il faut faire attention. C’est une puissance, mais qu’il faut maitriser. »
Retrouvez ici la video consacrée à Clémentine Lux par Equi TV, l’émission de la LEWB.
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