Pour la quatrième fois, l’attelage était au menu du copieux programme Lyonnais. Mais cette fois, GL Events aura réussi un nouveau tour de force en bousculant son programme pour offrir aux meneurs la place dont ils rêvaient : leur coupe du monde devant des tribunes combles ! Le public a répondu présent ! Les tribunes se sont rapidement remplies pour terminer comble dans une ambiance fantastique. Il faut dire que les meneurs avaient promis de mettre le feu si on leur offrait cette possibilité. Ils ont tenu parole!
Une belle récompense à la fois pour Sylvie Robert et ses équipes de GL Events. Mais aussi pour Caroline Sablereau, meneuse passionnée, et ses équipes de la Laiterie de Montaigu, qui ne se contentent pas d’apposer leur nom à cette épreuve mais se révèlent comme un sponsor très engagé pour la mise en valeur de l’attelage.
Le Belge Dries Degrieck a bien failli réaliser la performance du jour! Second l’an dernier, il est le premier à s’élancer et signe d’emblée un magnifique temps de 148’’05 qui lui aurait permis de rejoindre le top 3 sans une pénalité et donc 4 secondes supplémentaires lui coûte cette place pour terminer au pied du podium !
Grand habitué de ce genre d’évènement, le Suisse Jérôme Voutaz aura, lui aussi, été évincé de cette finale pour deux pénalités alors qu’il était très proche du belge avec un temps de 148’’41 avec ses Franches Montagnes. « Je suis déçu évidemment. Quand on vient sur une étape de Coupe du monde, c’est évidemment en espérant faire partie du top 3. On n’est pas passé loin car nos deux erreurs sont vraiment deux petits détails. Cela aurait pu passer … mais ce ne fut pas le cas. » glissera le meneur helvétique.
Ce sont dès lors les deux meneurs hollandais qui vont affronter l’ogre australien! Cette année, les scores de la première manche sont oubliés et tous les concurrents repartent à zéro. Koos De Ronde met d’emblée la pression sur ses poursuivants en réalisant un nouveau sans faute dans un temps quasiment identique au premier : 150’’08, c’est trois petits dixièmes de mieux!
« Partir en premier, c’est difficile mais je suis très heureux car j’ai deux nouveaux chevaux à la volée gauche et au timon droit. Cela fait véritablement une demi équipe! Je suis donc très heureux d’avoir bouclé deux tours sans faute en étant rapide. Boyd et Ijsbrand semblaient un peu plus rapide sur les longues portions de galop. C’est le premier concours de la saison, nous avons encore une marge de progression, c’est un bon départ pour nous. J’ai reçu ces deux nouveaux chevaux en avril, j’ai fait un concours avec eux durant l’été et c’est leur première Coupe du monde. Mon objectif est d’être sur le podium de la finale de Bordeaux. Lyon a été incroyable aujourd’hui. Cette piste est fantastique mais avec le public en plus, c’est incroyable. Nous avons la chance d’avoir un fantastique sponsor ici et c’est vraiment un plaisir de voir une telle atmosphère désormais. Même au paddock, quand on voit tous ces gens qui ne sont pas dans les tribunes mais qui suivent l’entrainement et regardent l’écran géant, c’est juste incroyable ! Les chevaux sentent cette atmosphère. Cela donne une motivation supplémentaire incroyable. On doit crier beaucoup plus avec les chevaux dans une telle atmosphère mais ils écoutent, c’est amusant.»
Le ton est donné et l’ambiance monte encore d’un cran. Absent l’an dernier, la famille Chardon est bel et bien présente à Lyon ! C’est l’inusable Isjbrand, référence mondiale de la discipline et père du jeune prodige Bram qui est en action. Le parcours est fluide et le meneur est déterminé. Il n’y aura aucune pénalité … et le chronomètre s’arrête : 145’’79! C’est près de 5 secondes de mieux que son compatriote!
Cette fois, l’Australien a la pression et sa marge de manœuvre est plus que réduite. Si Boyd Exell avait sorti le meilleur temps en première manche, il avait néanmoins été pénalisé d’une faute et son tracé semblait moins fluide qu’à l’accoutumée … mais l’australien sait faire les choses au bon moment et ce n’est pas un hasard si il domine aussi outrageusement sa discipline depuis des années. Cette fois, il attaque et les courbes sont propres. Le public est véritablement en feu ! Quoi qu’il arrive, l’attelage a gagné son pari … mais cela ne suffit pas à l’australien qui ne renversera aucune balle et clôturera son tracé en 140’’82, le numéro un mondial ne laissant aucune place à la discussion. Si Exell était absent de la première édition, il a remporté les trois suivantes haut la main. Par contre, après s’être plaint les deux dernières éditions sur la place réservée à l’attelage dans le programme, il a voulu prouver que cette discipline pouvait intéresser le public et mettre une ambiance incroyable dans l’immense salle de Lyon. Un véritable pari gagné pour tous les acteurs !
« Je pense que j’avais été suffisamment clair sur mes attentes et je ne peux que remercier les organisateurs de m’avoir entendu. Je pense que quand on regarde le public aujourd’hui, tout le monde était heureux. C’est ça que nous voulons. L’attelage est un sport différent du saut d’obstacles mais les deux sports se marient très bien. Je pense que l’attelage indoor a un grand avenir avec les manches de coupe du monde indoor. Pour ces compétitions à l’intérieur, je veux des chevaux courageux, rapides, sensibles et respectueux. Ici, nous ne voulons pas des chevaux de dressage, les autres qualités sont plus importantes et vous voulez les avoir toutes en même temps. Ce ne sont pas du tout les mêmes qualités que les chevaux d’attelage pour l’extérieur qui sont grands et ont beaucoup plus d’allure. J’ai donc deux teams complètement séparés et ceux d’extérieurs profitent d’un repos bien mérité au pré. Ils rentreront à l’écurie fin janvier et reprendront sérieusement le travail après la finale de la coupe du monde de Bordeaux. Ici, j’avais un team avec quelques changements et tout s’est vraiment bien passé. Mon cheval de volée gauche est nouveau. Il a 19 ans et a beaucoup d’expérience. Il a évolué avec plusieurs meneurs mais c’est un cheval rapide qui n’a jamais eu la chance d’être dans un team compétitif. C’est l’ancien sponsor de Benjamin Aillaud qui me l’a confié mais hier il manquait un peu de confiance. Aujourd’hui, c’était beaucoup mieux, il faisait confiance à son partenaire. En fait, ce cheval a toujours été rapide … mais l’équipe ne l’était pas. Sincèrement, je n’essaie pas de gagner à tout prix. Je cherche avant tout à faire un bon tour, sans pénalité. J’ai d’ailleurs eu un peu de chance ici sur la dernière porte avec tout le monde qui criait … mais nous devions être rapides. Je ne veux pas commencer à penser aux points pour la Coupe du monde, je veux me concentrer sur ma performance et le reste suit. Vous sentez cette pression car vous savez que personne ne vous fera de cadeau si vous faites une erreur. Maintenant, avec la nouvelle règle du barrage où tous les scores repartent à 0, cela nous permet de ne pas prendre des risques inconsidérés mais lorsque j’ai fait une faute à la porte 4, j’ai accéléré pour récupérer la pénalité de la balle. Le score d’Ijsbrand était quelque peu dangereux car souvent lors de la finale, on est cinq secondes plus vite que la veille et là, il était juste au milieu en étant sans pénalité en 145’’. La veille, j’étais en 148 et 152 secondes ! Hier, les meneurs avaient pris l’option courte mais hier soir ils ont regardé les vidéos et tout le monde a pris l’option longue aujourd’hui comme je l’ai fait hier car cela prenait le même temps et mettait moins les chevaux à l’effort. Tout le monde a travaillé pendant la journée et tout le monde a trouvé ses propres solutions… c’est pour cela que les temps s’améliorent entre les deux jours. En plus du fait que les chevaux savent ce qu’on attend d’eux. » concluera Boyd Exell.
Particulièrement heureux à la sortie de son tour et loin d’être blasé malgré son immense carrière, Ijsbrand Chardon s’est encore fait coiffer au poteau par Boyd Exell. Mais il en faut bien plus pour atteindre la bonne humeur du hollandais. « L’an dernier, nous n’avions pas participé à la finale de la Coupe du monde. Nous n’avions participé qu’à l’étape de Londres. C’était donc très important pour moi de bien commencer ici. Je suis très content des 10 points que nous prenons. Mon fils Bram commencera sa saison indoor plus tard, il fera sa première compétition à Genève avec la même équipe qu’il a emmenée à Leipzig pour la finale l’an dernier. La semaine prochaine, je serai de nouveau au départ à Maastricht. C’est très rapide, mais avec l’état de forme des chevaux, il faut en profiter. Je tiens aussi à remercier les organisateurs, car pouvoir évoluer devant autant de monde c’est vraiment quelque chose de fantastique. J’adore cela, cela procure tellement d’adrénaline. Revenir pour le « drive-in » avec un tel public cela donne vraiment une motivation incroyable. Je remercie vraiment ce public mais aussi toute l’organisation de Lyon. Tout est vraiment parfait et j’adore les gens ici.» explique l’homme de glace hollandais dont le cheval de volée droite attire particulièrement les regards. Forcément, un cheval pie au milieu des trois gris, cela interpelle. « Au départ, quand on me l’a proposé, j’ai dit « non merci, ce n’est vraiment pas ma couleur ». Et puis le monsieur m’a dit de le prendre à l’essai 4 semaines et que je verrai après … Cela fait aujourd’hui 8 ans qu’il est dans mon équipe! C’est un cheval tellement rapide et il a beaucoup d’expérience. Il était chez des gens qui attelaient à quatre mais comme hobby et ce monsieur a pensé qu’il pouvait intégrer mon équipe. Quand je l’ai essayé, je l’ai tellement aimé que j’avais envie de le conserver. En plus, il est très bon sous la selle ce qui aide à bien le travailler. A chaque fois, les gens s’amusent de le voir dans l’attelage, il marque les esprits. »