Pour l’épreuve apothéose de cet Equita Lyon, Gregory Bodo aura encore une fois signé un parcours très cheval et quasiment parfait … pour lequel on pouvait juste lui reprocher un temps accordé un peu long. L’homme ne s’en cachait pas. « C’est du très haut niveau. Nous avions hésité et finalement, nous aurions dû accorder une seconde de moins … c’est évidemment plus facile à dire après, mais c’est là que l’on voit à quel point cela se joue sur des détails. » Au final, quatorze barragistes pour un Grand Prix Coupe du monde, c’est beaucoup … mais pour les 7000 spectateurs, cela aura été d’autant plus de spectacle!
Et oui, le sport est une histoire de détails. Victorieux vendredi, Julien Epaillard est sur une voie royale pour réaliser un incroyable doublé en réalisant avec Dubai du Cèdre (Baloubet du Rouet) un barrage somptueux dont il a le secret. Certes, il reste cinq candidats derrière lui mais lorsque Martin Fuchs faute, on imagine mal qui pourrait bien aller cherche le roi de la vitesse.
Certes, il y a bien encore Bosty, dernier à s’élancer et toujours capable de tout … ou Gregory Wathelet, mais Bond Jamesbond de Hay (Diamant de Sémilly) ne semble pas avoir encore l’expérience nécessaire pour cela. Pourtant, dès le premier saut, on comprend que le Belge n’est pas venu pour se promener! Il enlève d’emblée une foulée dans la première ligne et l’étalon Selle français montre une aisance déconcertante … avant une prise de risque maximale sur l’ultime obstacle! Sans faute et deux dixièmes de mieux que le Normand! Tout juste incroyable.
A la sortie de piste, Gregory Wathelet taquin lance à son rival du jour « Je pensais que tu étais un cavalier rapide » … mais il l’avouera un peu plus tard, il ne s’attendait pas à le battre…La réalité, c’est que Bond ne cesse de progresser et repousse les limites sans cesse. La confiance du couple ne cesse de grandir : « Jusqu’ici, nous n’avions réalisé qu’un seul barrage à Dinard mais depuis, il a encore énormément évolué. Je savais que c’était un barrage qui pouvait nous convenir car il y avait moyen d’utiliser sa grande action pour enlever des foulées à plusieurs endroits … mais sur le dernier, c’était un énorme risque pour moi. C’est là qu’on voit à quel point Bond a progressé et notre couple aussi. Aujourd’hui, il commence à s’amuser en faisant cela et il me fait confiance. Il était vraiment avec moi et je me suis dit que ça pouvait être notre jour. »
Une victoire qui se joue à des détails … d’autant que durant de nombreuses années, le belge a souvent fait le choix de faire l’impasse sur l’étape de Coupe du monde de Lyon pour être présent au Jumping de Liège, devant son public. « Des concours comme Lyon et Genève sont des concours exceptionnels que l’on marque en tout premier dans notre calendrier. Evidemment, ça n’a pas toujours été facile d’être présent car Liège c’est le concours de ma région et je ne peux pas imaginer ne pas y être présent. Lyon est vraiment un concours incroyable. C’est fou de voir les tribunes pleines dès le premier jour et durant toute la journé ! Il n’y a aucun doute, on fait du sport pour vivre des moments comme ceux-ci. » explique le Liégeois qui, avec cette victoire, se place d’emblée en bonne position pour la finale de la Coupe du monde : « Je suis content car la finale fait partie de mes objectifs et d’ici la fin de l’année, je n’aurai la possibilité de disputer que les étapes de Londres et Malines. »
Battu, Julien Epaillard savourait néanmoins cette belle seconde place. « Je suis très heureux ce soir. Dubai réalise une fin de saison formidable et aujourd’hui, elle n’y est pour rien. Ce n’est pas de sa faute si nous ne gagnons pas. Elle devient régulière et je suis très content d’elle. Malgré nos bons résultats ce week-end, je vais perdre des points au ranking car j’avais connu un mois vraiment exceptionnel l’an dernier. Néanmoins, la place de numéro un n’est pas une obsession, je vais à mon rythme. Ce qui est bien c’est que je serai toujours dans le top 10 mondial pour participer à la finale du top 10 de Genève. La finale de la Coupe du monde est un objectif mais la suite sera sans Dubaï qui va concourir à Prague et Genève. Je compte sur Donatello à Vérone, Madrid et La Corogne et j’aimerais aussi présenter une nouvelle jument, Cancun Torel Z (Cosinhus x Grannus) sur les Coupes du monde suivantes dont Malines. Elle montre un bon potentiel et je vais la prendre d’abord aux CSI 5*-W de Vérone, Madrid et La Corogne comme deuxième cheval. »
Le podium de cette étape de Coupe du monde d’Equita Lyon a beau être très international, il est 100% Selle Français avec Ben Maher emmené sur la troisième marche par Dallas Vegas Batilly (Cap Kennedy x L’arc de Triomphe)! Une magnifique reconnaissance de l’élevage français à domicile pour clôturer un salon qui aura encore une fois été parfait.
Jean-Luc L’Helgouarch savourait la victoire de son protégé qu’il a fait naître : « C’est vraiment formidable. Ces dernières années, j’ai souvent suivi Bond en vidéo mais ces derniers temps, j’ai décidé de travailler un peu moins pour pouvoir le suivre et c’est évidemment une joie immense d’être présent pour une telle victoire. Je n’étais jamais venu à Lyon…alors découvrir ce concours avec une victoire d’un cheval que l’on a vu naître, c’est formidable. Grégory avait vraiment fait le programme de Bond en fonction de cette épreuve en sautant seulement une petite épreuve avec lui vendredi. J’ai vraiment une confiance totale en lui. Je sais très bien ce qu’il veut faire et où il veut aller. Si on ne comprend pas, on lui demande et il nous l’explique. C’est quelqu’un qui se fixe des objectifs en préservant le cheval pour ne pas le fatiguer. En toute humilité, j’ai vraiment une grande fierté par rapport à ce cheval que l’on a construit jusqu’ici et j’ai une pensée toute particulière aujourd’hui pour Bernard Briand Chevalier qui fait partie intégrante de cette histoire et qui l’a formé durant de nombreuses années. Et puis le fait que Grégory aime beaucoup notre cheval, cela me comble. »
