Il y a des histoires qui ne s’arrêtent pas lorsqu’un cheval quitte une écurie. La relation entre Bernard Briand Chevalier et Bond Jamesbond de Hay (Diamant de Sémilly x Kannan) fait partie de celles-là. A 4 ans, le puissant étalon Selle Français quitte ses éleveurs et déménage … 50 mètres plus loin… pour prendre ses quartiers chez Bernard Briand Chevalier. Cavalier discret et travailleur, l’homme s’est fait remarquer avec Qadillac du Heup (Helios de la Cour II x Thurin) avec laquelle il intégrera l’équipe de France à de nombreuses reprises jusqu’à sa participation au mythique CHIO d’Aix La Chapelle qui virera malheureusement au cauchemar avec la blessure de sa crack (elle se consacre désormais à l’élevage). C’est justement avec une de ses filles Uneven Sunheup qu’il reviendra sur le devant de la scène avant de compter aujourd’hui sur Dana de Ponthual (Goldfever x Calypso d’Herbiers), sœur d’Ohm de Ponhual, avec qui le Breton remportait dimanche le Grand Prix 1m50 de Pontivy pendant que Bond Jamesbond de Hay s’imposait en véritable star à Lyon.
« C’était un week-end très particulier pour nous. Nous étions très contents de notre victoire mais nous n’avions eu aucune nouvelle de Lyon … et ce n’est que dans le camion qu’un ami m’a envoyé un message pour me dire que Bond avait gagné. Sincèrement, j’étais surpris car j’ai fait quelques indoors avec lui mais pour moi, c’était avant tout un cheval fait pour les grandes pistes extérieures. Quand j’ai vu le barrage, je me suis dit que c’était vrai, qu’il pouvait lui convenir avec cette possibilité d’enlever des foulées à plusieurs endroits. Ce qu’ils ont fait est vraiment magnifique. » réagit le cavalier. Pourtant sa participation dans cette victoire va bien au-delà de la formation de ce jeune cheval prometteur qu’il a emmené des premiers sauts jusqu’en Coupe des Nations car si Bond évolue aujourd’hui en hackamore … c’est uniquement parce que Bernard Briand Chevalier en a eu l’idée et ce n’est pas pour rien si Grégory Wathelet a tenu à lui dédier sa victoire.
« Quand Bond est arrivé chez Grégory, je me suis dit que je l’appellerai un jour pour voir comment cela se passait. J’ai vu quelques vidéos et un jour, je l’ai appelé. Nous avons discuté et dans la discussion, je lui ai dit que peu de temps avant que le cheval ne parte de chez moi, je l’avais monté quelques fois avec un hackamore et j’avais vraiment eu un très bon sentiment. Gregory était assez étonné mais il m’a demandé de lui envoyer quelques vidéos. Quelques jours plus tard, il m’envoyait une vidéo de Bond à l’entrainement en hackamore. Les vidéos lui avaient plu. J’ai continué à les suivre, mais à Bruxelles, le cheval avait de nouveau péché un peu par son enthousiasme en étant emmené par son impressionnant gabarit et comme c’est un cheval très respectueux, il ne fait pas n’importe quoi. J’ai envoyé un message à Grégory en m’excusant de l’avoir mis sur une fausse piste … mais il m’a tout de suite répondu qu’au contraire, c’était une super idée et qu’il avait un très bon sentiment sur le cheval. Nous avons d’ailleurs encore échangé après sa victoire dimanche. Cela fait vraiment plaisir qu’un tel cavalier prenne en considération mon avis alors qu’il est quand même d’un tout autre niveau. Aujourd’hui, je suis vraiment heureux de voir Bond évoluer. J’ai vraiment eu du mal de le voir quitter mes écuries car jamais nous n’avions évoqué ce cas de figure avec ses propriétaires. Nous sommes voisins et nous avons toujours travaillé en confiance. Lorsque le cheval est arrivé chez moi, ils m’ont dit de faire comme pour moi alors j’ai pris mon temps car c’était un cheval très imposant mais à la fois très sensible. Chaque année, il a fait partie des meilleurs de sa génération … mais il était capable de nous faire des petites blagues parce qu’il voyait des choses qu’on ne voyait pas. Ce n’est que l’année de ses 10 ans que j’ai commencé les Gand Prix 3 étoiles et là, il a rapidement attiré l’attention. Avant ça, il y a eu de l’intérêt et ses propriétaires ont parfois hésité à le vendre mais c’était difficile d’imaginer ce qu’il allait devenir avec cet énorme gabarit. Ce qui est certain, c’est qu’il a toujours eu l’envie de bien faire et qu’il a un respect fantastique qui fait sa qualité. J’ai toujours fondé de grands espoirs en lui et c’est la raison pour laquelle j’étais vraiment déçu par son départ. Je suis néanmoins heureux de le voir si bien évoluer et surtout de voir qu’il est en pleine forme et qu’on prend bien soin de lui. C’est vraiment un cheval très spécial. J’ai quatre de ses produits à la maison. C’est encore trop tôt pour vraiment juger sa production alors que je commence juste à monter le premier mais je pense qu’il ne va pas spécialement donner beaucoup de taille, par contre il a donné son respect et son envie de bien faire. Je pense que j’ai vraiment de bons produits. »
Julien Counet