L’allure d’une aventure, bien plus qu’un spectacle.

Publié par Julien Counet le 19/03/2024

Après avoir accueilli les plus grands noms du spectacle équestre français et mondial, la maison Hermès a décidé d’innover en proposant au duo de chorégraphes « I Could Never Be A Dancer » composé de Carine Charaire et Olivier Casamayou d’imaginer un spectacle équestre original. C’est ainsi qu’est né « L’allure d’une aventure ».

I Could Never Be A Dancer est loin d’être familier avec le milieu équestre mais ils avaient déjà collaboré il y a cinq ans à la chorégraphie d’une partie du spectacle de Mario Luraschi dans le cadre du Saut Hermès et  surtout, c’était déjà eux qui avaient mis en scène la célèbre publicité pour du vernis à ongles « Instinct of Colors » montrant une battle de danse entre un cheval et des danseurs avec une nouvelle fois le soutien de Mario Luraschi.

A l’occasion de cette quatorzième édition du Saut Hermès, nous avons eu la chance de croiser Olivier Casamayou et de revenir avec lui sur cette incroyable aventure qui fut une véritable réussite.

« Cela fait désormais quinze ans que nous travaillons avec Hermès en organisant pour eux des évènements ou des vidéos. Lorsqu’Hermès nous a proposé ce nouveau défi, nous ne pouvions que l’accepter. Nous savions qu’ils souhaitaient que l’on propose à la fois quelque chose de différent, tout en respectant évidemment certains codes. Nous avons dès lors commencé par imaginer un projet et finalement, nous sommes restés assez fidèles à l’histoire de départ. Ensuite, nous avons regardé beaucoup, beaucoup de vidéos pour voir ce qu’il était possible de faire, pour voir les sortes de chevaux qui existaient et tant d’autres choses. Nous avons finalement réalisé un casting où nous sommes rapidement tombés d’accord sur Samuel Hafrad. Nous avons adoré sa relation naturelle avec ses chevaux. Nous voulions montrer la communion qui pouvait exister entre l’homme et le cheval et non la supériorité de l’homme sur le cheval. C’est un spectacle poétique et doux où la performance n’apparaît pas au premier plan.

Chaque année, Hermès choisit un thème pour tous les évènements qu’ils organisent. Cette année, il s’agit des faubourgs. Cela rappelle évidemment que la boutique mère de la maison Hermès se situe au numéro 24, Faubourg Saint Honoré à Paris. Ce sont tous des éléments avec lesquels nous avons joué durant le spectacle en imaginant également que cette grande piste sublime nous faisait penser à un désert. Nous avons pensé à des scènes faisant référence à l’odyssée d’Homère et Ulysse. Les chevaux sauvages illustraient les compagnons d’Ulysse par exemple. Il y avait une part de rêve et de songe qui permet de ne pas être dans une idée de performance. Nous voulions néanmoins laisser les spectateurs imaginer les choses et que chacun puisse y voir sa propre histoire.

Nous avions également la volonté d’avoir de véritables danseurs sur les chevaux. Nous les avons choisis en leur demandant néanmoins un minimum d’expérience équestre, ne fut-ce que quand ils étaient enfants, car il est évident qu’un duo n’aurait pu se faire si l’un des danseurs avait peur de son cheval. Trois des danseurs sont des danseurs récurrents pour la maison Hermès alors que les deux autres ont déjà eu quelques expériences et sont également appréciés de la maison Hermès.

Personnellement, je n’ai aucune expérience équestre. Je ne suis jamais monté sur un cheval de ma vie et j’en ai même un peu peur. Nous avions néanmoins élaboré la chorégraphie d’une publicité il y a quelques années pour du vernis à ongle et nous avions collaboré également à l’écriture d’un passage du spectacle de Mario Luraschi lors du Saut Hermès il y a cinq ans. Pour nous, travailler avec des chevaux rajoute un stress supplémentaire car dans un spectacle de danse, tout est millimétré mais avec les chevaux, il y a toujours une part de liberté. Lors des trois représentations de notre spectacle, la partie avec les chevaux en liberté a bien une trame commune mais aucune n’a été parfaitement identique. Il y a toujours 10% d’improvisation de la part des chevaux. Tout le monde se base sur les chevaux. Nous avions d’ailleurs anticipé cela en créant des boucles pour la musique nous permettant de nous adapter en temps réel à la représentation, ce qui nous permettait d’allonger ou non certains tableaux. Au final, pour moi, j’appréhende le fait de travailler avec des chevaux de la même manière que lorsque je travaille avec des non-danseurs comme des comédiens. Je les observe toujours bouger pour leur demander des choses qu’ils savent faire avec leur corps et finalement, c’est un peu la même chose avec les chevaux. Il faut bien se rendre compte que si nous avons travaillé de longs mois sur ce spectacle, le temps de répétition n’a été que de quelques jours. Nous avons passé trois jours chez Hasta Luego près de Nîmes où il nous a montré pas mal de choses possibles pour le spectacle puis quelques jours à Marne la Vallée avec la compagnie équestre Impulsion et les danseurs. C’est très court. Aujourd’hui, nous sommes fiers de ce que nous avons présenté. Nous le prenons comme un succès personnel et une parenthèse dans nos vies. Je ne compte pas changer de carrière mais je remercie la maison Hermès de nous avoir offert un tel challenge. C’était également très touchant de voir les danseurs avoir du mal à quitter leurs chevaux. C’était une très belle aventure.

Côté sport, je dois bien admettre que j’étais très intéressé de découvrir cet univers. J’ai regardé quelques cavaliers mais le travail et l’énergie que nous demandait le spectacle ne m’a pas permis de suivre une seule épreuve entièrement. Je ne manquerai pas de découvrir ce sport l’année prochaine si la maison Hermès a la gentillesse de nous y inviter. »