En l’absence de Boyd Exell et de Bram Chardron, les jeux étaient plus ouverts que jamais en attelage d’autant que Ijsbrand Chardron avait accepté, comme lui avait demandé son fils Bram, de préparer de nouveaux chevaux pour la suite de leur carrière laissant ainsi son pie magique à l’écurie.
Une situation qui permet au français Anthony Horde de s’offrir une magnifique 4ème place juste au pied du barrage.
Un barrage où son compatriote Benjamin Aillaud s’invitera pour la première fois depuis très longtemps ! Depuis deux ans, le français s’est lancé le défi un peu fou de former ses chevaux de spectacle à devenir des athlètes de haut niveau. Le pari est réussi d’autant que le meneur abaisse son chronomètre de plus de dix secondes au barrage … malheureusement avec une balle … et donc quatre secondes de pénalité. La pression est désormais sur ses concurrents.
Jérôme Voutaz pouvait compter sur ses Franche Montagne en pleine forme et il est bien conscient qu’il a ici une occasion en or de remporter une étape de Coupe du monde … mais ce ne sera pas pour cette fois car le Suisse commet une faute qui induit une seconde balle : 8 secondes de pénalité alors que le temps était incroyablement rapide : 142’’16.
« J’étais content d’être au barrage. Hier, j’étais un peu déçu de mon deuxième tour et j’ai décidé de changer un timonier. Ce sont deux chevaux qui se valent mais c’était le bon choix car aujourd’hui sur la longue ligne droite, j’ai senti la puissance qu’il a amené à la voiture. Le barrage, c’est une petite erreur de stratégie car je touche la première boule en écartant de trois fois rien et résultat, à la vitesse où on va la deuxième tombe aussi… et au final, je suis content d’avoir réussi à rentrer dans l’obstacle suivant ! Cela tient à très peu de choses. Il ne faut jamais oublier que nous sommes des amateurs face à des meneurs professionnels. Demain, je serai au garage à 7h30 pour mon travail de mécanicien. Il faut relativiser et garder les pieds sur terre. Il faut que l’on savoure de beaux résultats comme ceux-ci. L’an dernier, j’avais utilisé une jeune jument mais qui a énormément d’énergie et que j’ai encore du mal à canaliser. Ici, j’ai repris ma jument d’expérience qui a 17 ans, en volée à droite. Elle s’éclate, elle arrive ici, elle sait que c’est le concours et que c’est la fête. Elle connait son travail et elle prend du plaisir. C’est le but ultime pour moi en fait. Le résultat est secondaire. S’il faut luter contre les chevaux et qu’on ne prend pas de plaisir, il faut arrêter le sport. J’ai trouvé que le fait qu’il n’y ait pas de « stars » ici cette année a donné un véritable plus à cette compétition. Boyd Exell est la vedette de notre discipline. Il n’en peut rien, il est meilleur que nous ! Il a ses techniques qui lui sont propres et c’est à nous de nous entrainer plus. Nous n’avons pas les bons réglages, les bons chevaux … il est meilleur. C’est un gagneur … à tout prix ! J’ai trouvé que ce concours sans Bram, ni Boyd ont rendu cette compétition beaucoup plus équilibrée mais aussi beaucoup plus calme. Il y avait vraiment une super ambiance et finalement, je trouve que c’est du plus joli sport que quand un meneur survole le tout. » conclu avec son franc parlé et sa gentillesse le meneur helvétique.
A 29 ans, Dries Degrieck a une occasion en or d’inscrire son nom au palmarès de l’étape lyonnaise après avoir remporté l’étape de Leipzig l’an dernier. Vainqueur du warm up la veille, le Belge reste appliqué et concentré. Il veut aller chercher le parcours sans pénalité. C’est chose faite : 146’’36, il est le plus lent des trois … mais le grand vainqueur du jour !
« C’est certain que c’est plus facile quand Boyd n’est pas là car c’est le top de l’attelage … mais le feeling aujourd’hui à Lyon est incroyable. Remporter la première étape de la Coupe du monde, c’est magnifique et le faire dans cette ambiance, c’est encore plus incroyable. Sincèrement, ce n’était pas le plan de tout gagner ce week-end. Il y avait une belle concurrence. Tout était très serré. Les Français ont fait un super travail comme Jérôme Voutaz évidemment. Lorsque j’ai fait une balle au premier tour, j’ai mis un peu plus de pression car je voulais vraiment être dans les trois. Cela m’a challengé et j’ai du continuer à aller dans le deuxième obstacle alors que certains meneurs perdaient de la vitesse à cet endroit.
Je ne pensais pas que je serais premier avec ma faute. J’avais emmené ici mes quatre meilleurs chevaux que je mène depuis trois ans. Ils sont encore un peu jeunes … mais ils commencent à savoir ce que j’attends d’eux. Depuis que je suis sur ce circuit, j’ai toujours choisi l’étape de Lyon car j’adore cette ambiance. Le public est vraiment fantastique. Pour moi, c’est vraiment bien au niveau de la Coupe du monde de marquer autant de point dès le départ. Cela enlève de la pression. Même s’il faudra encore se battre pour engranger les points nécessaires pour la finale à Bordeaux. »
Benjamin Aillaud pouvait fêter cette deuxième place comme une victoire devant son public. Le meneur représentant les couleurs de la laiterie de Montaigu, était plus que satisfait : « J’ai débuté ce team ici-même il y a deux ans. On voit aujourd’hui qu’ils répondent présent avec une super écoute et une super complicité. Le sport de haut niveau se joue à des détails mais les chevaux sont là, ils sont très stables et très fiables. J’adore. Les chevaux ont toujours très bien écouté et été très bien éduqué, mais la puissance, j’ai préféré prendre le temps de la construire. Cette année, ils se sont développés. Ce sont des chevaux qui ont fait des tournées internationales de spectacle en liberté. Ils avaient 12 ans quand j’ai décidé d’en faire mes chevaux de Coupe du monde. Aujourd’hui, ils ont 14 ans. En deux ans, ils sont passés du statut de super chevaux de spectacle en liberté au statut de cracks en Coupe du monde. Cette année, nous n’avons pas disputé assez d’épreuve que pour pouvoir faire la Coupe du monde car je voulais passer plus de temps à la construction des chevaux qu’à la compétition.
Mon objectif dans les deux prochaines années va être de les spécialiser pour l’indoor. J’ai la chance d’avoir cinq merveilleuses juments de l’élevage dressage plus qui viennent d’intégrer mes écuries et qui eux vont être mes prochains chevaux de championnats pour la saison extérieure. Ce sont des croisements de chevaux lusitaniens et allemands. Nous avons fait un partenariat avec leurs éleveurs qui sont de véritables gens de chevaux en nous disant qu’on allait former un team pour vraiment faire du très haut niveau. L’année prochaine, mon team actuel fera encore les concours outdoor avant de se spécialiser uniquement vers l’indoor. Je pense que dans le sport moderne, on a tendance à penser qu’un cheval part à la retraite à 15 ans alors que je pense au contraire que leurs meilleures années sont entre 12-13 et 20 ans ! Le sport de haut niveau demande de la confiance, de la puissance, de la stabilité, de l’écoute … et que les chevaux comprennent le sport dans toute sa plénitude. C’est pour ça que je n’ai pas voulu aller trop vite avec eux. J’aurais pu aller chercher des perfs il y a un an, j’ai la technique pour cela mais j’ai voulu accepter de les construire et les chevaux me l’ont rendu. Je suis vraiment heureux de cela. J’ai déjà été deuxième de la finale de la Coupe du monde en 2008 avec un team de Lipizzan mais une telle performance ici à Equita Lyon, c’est magnifique. Quand j’ai vu l’évolution de l’organisation de ce concours depuis que l’attelage en fait partie, c’est fantastique. L’organisation des Jeux Olympiques par GL Events, c’est un cadeau pour le monde équestre. Je suis tout le temps ému de voir la manière dont Sylvie Robert organise tout cela. Elle à l’attention à tous les détails partout. Je suis très ému de cela car c’est un travail fondamental pour l’évolution des sports équestres. Ce qui a été fait ici est un cadeau béni pour le monde du cheval avec une façon aussi humaine de réaliser l’organisation de si gros évènements. » conclu le meneur français.