Pour la cavalière de concours complet de 36 ans, l’année 2024 devait être particulière. Sans aucun doute elle l’a été. Avec des hauts et des bas, la cavalière d’Arville a pu avoir l’impression d’être sur un grand huit. La saison de la cavalière est maintenant terminée, l’heure de revenir sur cette année particulière avec la « complétiste ».
S.H. Lara, quand on parle de montagnes russes pour ton année 2024, on est dans le juste?
Lara de Liedekerke-Meier: « Oui, on peut dire ça comme ça. J’ai commencé l’année en étant énormément concentrée sur les jeux de Paris. Physiquement, psychiquement et émotionnellement. J’avais une revanche inconsciente à prendre par rapport à Tokyo. (elle avait été forcée de se retirer de la compétitions après l’épreuve de dressage, Alpaga d’Arville ne s’étant pas présenté à 100%. NDLR)
Après les JO, la pression est retombée. Et puis ça s’est moins bien passé… Quelques refus ou glissades. Ce n’était pas catastrophique mais tout ne s’alignait plus comme c’était le cas en début d’année.
S.H.: Et puis, il y a eu cette disqualification de l’équipe belge de sa 4ème place aux Jeux de Paris à cause d’un test positif pour le cheval de Tine Magnus.
L.d.L-M.: Comme je l’ai dit, j’avais cet esprit de revanche par rapport à Tokyo. Donc réaliser quelque chose à Paris était important. J’ai joué le jeu et il y a eu cette quatrième place. Maintenant le fait de la perdre, comme ça, ça a eu un impact. Je voudrais dire que non mais il y en a eu un. Il y a clairement une rupture de confiance vis-à-vis de la structure, de l’ensemble. Il y a eu clairement un manque de communication. Mais ça aura un impact sur le futur de l’équipe belge, pas sur moi. C’est difficile de perdre de l’énergique avec quelque chose que l’on ne contrôle pas et qui n’est pas de mon choix. C’est clair que si j’avais su, je me serais battue individuellement. Heureusement qu’on n’avait pas décroché de médaille, car je l’aurais encore plus mal vécu.
Ca changera probablement mon approche de monter en équipe. Aujourd’hui, on a un bon encadrement comme on n’a jamais eu. J’ai six ou sept chevaux déjà sécurisés pour Los Angeles. Kiarado d’Arville est formidable, Origi est brillant dans les trois disciplines. Tous les sept ont de bonnes allures et peuvent devenir de très bons sauteurs. Tout ça se travaille. Rien n’arrive par hasard. Peut être que ce qui est arrivé va me servir pour me préparer pour Los Angeles, plus individuellement. J’ai été blessée sur la manière dont les choses se sont passées. Mais ce n’est pas pour ça que je ne voudrai plus monter en équipe avec Tine. Mais je ne voudrais plus être dépendante d’une équipe pour pouvoir briller. Toutes ces choses me rendent plus forte.
S.H.: Les deux points vraiment noirs de cette saison la chute et puis la perte inopinée d’Hermione d’Arville.
L.d.L-M: Hermione avait fait une super saison en signant des top 5 lors de chacune de ses sorties. Et puis il y a eu notre chute à la maison, lors du concours d’Arville au mois d’août, avec à la clé une fracture de la clavicule pour moi. J’ai repris un mois après et je devais retrouver Hermione en compétition lors du 3* long de Lignières. Malheureusement elle s’est effondrée dans son boxe peu après le vet check et la familiarisation. La perte de la jument comme ça après une blessure c’est dur, violent, soudain et puis inexplicable. Elle était suivie par les vétérinaires et n’avait jamais eu de problème auparavant. Je n’ai pas encore fait mon deuil d’Hermione. Je viens de recevoir ses cendres, c’est dur.
S.H. Heureusement il y a eu aussi beaucoup de positif en 2024.
L.d.L-M : Oui, le début de saison avait déjà été fantastique. Tout suivait. J’ai eu un nombre incroyable de victoires en international. Et puis il y a aussi la victoire d’Hooney dans le CCI 5* L de Luhmühlen. Ce n’est pas pour rien que je me suis retrouvée à la deuxième place au classement mondial. Avant la saison je doutais. Je me demandais même si ça valait la peine de continuer comme ça si je ne retrouvais pas mon niveau de 2014 qui avait été ma meilleure année jusque là. J’ai encore connu de très bonnes choses à la fin de la saison comme avec Kiarado d’Arville. qui est extraordinaire. C’est le frère d’Hooney et le fils de Nooney Blue. Vice champion du monde des 7 ans en 2023, il a confirmé cette année en gagnant dans le 3* à Jardy, et puis en fin de saison dans le 4* à Strzegom et puis enfin à Kronenberg. Il gagne haut la main trois inter, c’est fantastique. au final c’est la meilleure saison de ma carrière.
C’est clair que maintenant j’ai besoin de souffler, mais je repars la tête baissée pour 2025. Même 2026 et 2028 avec pour objectifs les Championnats d’Europe et les Jeux Mondiaux. J’ai cinq chevaux qui pourraient être prêts pour cette échéance. Donc je suis vraiment motivée. Et peut-être même que le fait que tout n’a pas été parfait cette année me permettra encore de m’améliorer en gommant les imperfections.
Mais avant 2025, je dois finir de soigner mon épaule car je disais que je n’avais pas mal et puis à Kronenberg des gens m’on dit que je montais en donnant l’impression d’avoir mal. Et en fait ce n’était pas du tout guéri. D’autant que j’étais retombée sur cette épaule à Lignières. Heureusement je vais pouvoir compter sur l’hiver pour me rétablir complètement. Je peux compter aussi sur un bon kiné et de bons médecins pour me permettre de me remettre et me présenter à 100% le premier week-end de mars pour le début de ma saison.
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