Avant dernière manche de la saison avant la finale, le Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux était l’occasion pour beaucoup de sécuriser leur place pour Bâle. Mais le solide tracé de 13 obstacles et 17 difficultés pensé par le chef de piste Jean-François Morand n’allait pas contenter tout le monde de ce point de vue. Une liste de départ quelque peu compacte avec 39 cavaliers, mais le standing était là malgré tout.
Une série de sans faute qui a fait peur.

Il n’aura pas fallu attendre longtemps le premier tout clair dans cette épreuve. Deuxième à s’élancer, Willem Greve avec son Grandorado TN (Eldorado vd Zeshoek x Carolus II) ouvre le bal…et ils vont être quelques uns à danser… Alors que le vingtième cavalier ne s’est pas encore élancé, ils sont déjà 9 à s’être qualifiés pour le barrage. On se dit alors que Jean-François Morand s’est loupé cette fois, en tout cas sur le chrono. Mais la suite donnera raison à l’expérimenté chef de piste…
Après la série de sans faute, les suivants ne trouve plus la clé du parcours et les combinaisons Oxer-vertical le long de mur et Vertical sur bidet-oxer dans la foulée vont faire un nombre important de déçus. Tout comme l’oxer final qui qui fera perdre à certains l’illusion d’avoir fait le plus dur.
Ainsi quelques cadors passent déjà à la trappe…

C’est le cas d' »Edu » Alvarez-Aznar qui se retire avec Rokfeller de Pleville Bois Margot en disant du coup au revoir à la finale. Peder Fredricson avec Alcapone des Carmille (Diamant de Semilly / Heartbreaker) sera logé à la même enseigne. Si le champion suédois termine lui le parcours, il sort de piste avec quatre points. Ses 24 maigres unités au général ne suffiront pas.

Même tarif pour Albfuehren’s Iashin Sitte (Bamako de Muze / Tinka’s Boy) avec pourtant Steve Guerdat sur son dos. Le Suisse qui aurait pourtant bien eu besoin lui aussi de quelques points pour sécuriser sa place lors de la finale de Bâle. Il qui compte actuellement 40 unités et le « cut » devrais se faire autour des 42-43 points.

Le médaillé de bronze de Paris, Maikel Van der Vleuten se retrouve exactement dans la même position. Lui qui n’aura pu faire mieux cette fois qu’un parcours à quatre points avec O’Bailey vh Brouwershof ( Darco x Contact van de Heffinck).

La Ballerine du Vilpion (Baloubet du Rouet x Quidam de revel) de « Bosty » s’est elle emmêlée un peu les entrechats puisqu’elle sort de piste avec 3 fautes.

Le régional de l’étape, Olivier Robert, manque lui de peu le droit d’aller au barrage. Avec Iglesias D.V., le bordelais d’adoptions ne parvient pas à préserver le sans faute et doit se contenter d’un parcours à quatre points.

Leader du général avant l’épreuve bordelaise, Kevin Staut passe un peu à côté de son sujet avec Queen’s Balou B (Balou du Rouet x For Feeling) et quitte la piste du palais des expositions avec trois barres au sol. Le cavalier français qualifié depuis longtemps pour la finale conserve malgré tout largement sa première place au classement de la Coupe du monde.

L’apprentissage passe parfois aussi par de moins bons résultats. C’est ce que Mathieu Bourdeaud’Hui devrait se dire à l’issue de sa prestation avec Oscar the Homage (Quint vh Maarlo Z / Arko III). Le jeune belge qui n’a pas encore fêté ses 22 ans, prenait part à Bordeaux, à sa première Coupe du Monde. Le couple vainqueur du Grand Prix 3* 1m55 à Vejer de la Frontera au mois d’octobre s’en est un peu moins bien sorti cette fois. Pas de quoi rougir toutefois avec 8 points à l’addition.

Option ou pas option?
Ils seront donc 12 à finalement en découdre au barrage puisque trois Français sont venus s’ajouter à la liste: Marie Demonte, Philippe Rozier et Julien Epaillard.
6 nations sont représentées dans ce barrage. C’est logiquement la France (1/3 des cavaliers sur la liste de départ de ce Grand Prix étaient françaisl, NDLR) qui se présente en force avec 5 cavaliers.
Mais c’est un Batave, Willem Greve, qui lance les hostilités. Le vainqueur d’Amsterdam deux semaine plus tôt ne traine pas en chemin. il boucle son deuxième tour sans faute et établit un premier chrono qui sera vraiment de référence en 39.74 secondes.

« Je suis vraiment ravi de la manière dont mon cheval a sauté ce soir. Il a été incroyable. Il avait déjà bien sauté à Leipzig et Amsterdam et ce soir il était encore mieux. Je n’ai pas voulu prendre tous les risques dans ce barrage car j’avais dans un coin de mon esprit qu’il fallait que je me qualifie pour Bâle. Et puis la chance à été de mon côté puisque j’ai pu bénéficier des fautes commises par plusieurs autres cavaliers au barrage. Je pense que maintenant j’ai assez de points (44 points, NDLR) pour participer à la finale. Mais je participerai tout de mêm à la manche de Göteborg. Je suis très heureux car c’est ma première fois ici à Bordeaux. Et je suis très heureux de ce résultat devant ce public d’amoureux des chevaux et d’hommes et de femmes de chevaux. » conclut Willem Greve.

Derrière lui, Grégory Cottard essaie de reproduire aussi le tour sans faute, mais contrairement à la première manche où il avait tiré les lignes parfaites avec Cocaïnes du Val (Mylord Carthago HN x Si Tu Viens), cette fois ça ne passe pas pour le couple vainqueur du Grand Prix de Bordeaux en 2023. Une barre au sol et c’est la 6ème place.


Présent pour la première fois au Jumping International de Bordeaux, Martin Fuchs sait qu’il doit bien faire avec Conner Jei si il veut engranger les points escomptés à l’issue de l’épreuve. Le couple dispute ici sa quatrième étape Coupe du monde de la saison et son meilleur résultat est une cinquième place à Leipzig.

En première manche, le Suisse avait maitrisé son sujet à la perfection. Fuchs connait son cheval par coeur et sait qu’il ne doit pas choisir l’option laissée par le chef de piste dans ce barrage qui est de couper derrière le numéro un pour aborder le troisième obstacle plus rapidement mais dans un angle vraiment fermé.

« Je n’ai jamais envisagé cette option. Je n’ai pas d’aussi bons virages avec Conner Jei. J’ai donc préféré utiliser ses longues foulées, son grand galop et ses gros sauts. » nous confie Martin Fuchs dont le choix a été payant puisqu’il prend la tête de l’épreuve avec un chrono de 37.45 secondes.

Mais à ce moment rien n’est encore gagné pour autant, il restait de sérieux clients à venir. D’autant que certains comme Julien Anquetin vont, eux, choisir l’option…

Avec Blood Diamond du Pont( Diamant de Semilly x Arpege Pierreville) le Français est bien décidé à aller en chercher encore un peu plus que lors du premier tour. Il prend des risques. L’option passe mais la faute arrive ensuite. Il termine à la 4ème place avec le temps le plus rapide en 36.54 secondes.

« Comment j’ai choisi cette option? Et bien j’ai vu que c’était le chemin le plus court vers le vertical. (rires) Je pense que c’était bien une à deux secondes plus rapide mais c’était assez périlleux comme exercice. » précise le cavalier français le mieux classé de l’épreuve.

Au tour de la cavalière victorieuse dans le Grand Prix Coupe du monde de Vérone avec Iron Dames My Prins (Zilverstar T / Winningmood). Sophie Hinners s’élance, ne choisit pas l’option et fait aussi la faute. Mais l’Allemande termine à la septième place et empoche les points qui vont avec. Avec 50 points désormais à son compteur, le week-end bordelais de la cavalière Iron dames est réussi.


Deuxième des trois amazones présentes dans ce barrage, Kim Emmen a besoin de gros points pour se qualifier elle aussi. Copié collé de Sophie Hinners, la cavalière des Pays-Bas elle échoue à la 8ème place. Göteborg sera synonyme de dernière chance pour la cavalière.
Arrive alors celui qui se sent à Bordeaux comme un poisson dans l’eau. Il a déjà tout gagné ici, Grand Prix, Coupe du monde et verrait bien réitérer la performance. Pieter Devos s’élance avec Casual DV Z (Cornet Obolensky x Cicero Z van Paemel), il choisit l’option, la jument décale ses postérieurs, se tord pour franchir l’obsatcle. Ça passe. Le Belge n’a pourtant pas gagné beaucoup de temps. Il soigne les derniers obstacles. Le chrono tombe. 39.54. C’est mieux que Greve, mais moins bien que Fuchs.

« J’aime bien ce concours, j’y ai toujours de bons résultats. On est vraiment bien ici, le public est super tout comme les infrastructures. C’était un peu particulier avec Casual car c’est ici que l’année passée elle a fait son premier parcours Coupe du monde. On avait terminé 5èmes. Un an plus tard on revient et on est deuxièmes. On a vraiment progressé donc je suis vraiment content. C’est vraiment pour moi une jument exceptionnelle. Elle a fait trois Coupe du monde cet hiver et elle a été trois fois double sans faute. Je suis très heureux de la manière dont elle a tout donné aujourd’hui. J’ai pris un peu de risque en prenant l’option. Et malgré son peu d’expérience, elle a vraiment bien géré. C’est elle que je vais emmener à la finale à Bâle donc j’espère qu’elle sera aussi en forme là bas. » conclut Pieter Devos.

Derrière lui, les barres tombent… Max Kühner, 8points; Marcus Henning et Marie Demonte, 4 points; Philippe Rozier, essuie lui un refus de Le Coultre de Muze et voit ses 4 points gratifiés de 7 points de temps supplémentaires.

Il n’en reste qu’un pour priver la Suisse de la victoire et l’offrir à la France. On sait de quoi Julien Epaillard est capable avec Donatello d’Auge. Lui aussi prend l’option bien sur. Le Normand va vite, très vite mais pas assez vite pour battre le chrono de Martin Fuchs. D’autant qu’il commet une faute, scellant définitivement le classement de ce Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux. Julien Epaillard laisse la victoire à Martin Fuchs et termine lui à la 5ème place.


Martin Fuchs pouvait dès lors savourer sa première victoire en Coupe du monde à Bordeaux.
« C’est une grande victoire. M’imposer dès ma première visite sur ce concours, c’est définitivement un bon début. Mon oncle Marcus avec déjà connu des succès ici. Mon père avait aussi concouru ici. J’étais donc excité de venir ici cette année. Je savais que j’avais besoin d’un bon résultat pour me qualifier pour la finale qui me tient encore plus à coeur cette année puisqu’elle se déroulera en Suisse. C’est pour ça que j’ai pris Conner Jei.


Mon cheval a tellement de capacités et de tels sauts. Mais après mon passage, il y avait encore beaucoup de bons cavaliers après moi. Ça m’a bien aidé que ce soit un barrage difficile avec beaucoup de fautes. Et puis quand il reste encore Julien Epaillard qui doit passer, vous n’êtes jamais sûr de rien. Je savais qu’ils étaient plus rapides que moi. J’espérais donc voir venir une faute de sa part. Ce n’est jamais bien de dire ça mais c’était ma seule chance. Et j’ai été soulagé quand cette barr est tombée. » conclut Martin Fuchs qui compte tenu de l’accueil reçu ce week-end et du succès rencontré, reviendra sans aucun doute au Jumping International de Bordeaux.

Retrouvez les résultats complets du Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux ici et le classement provisoire de la Coupe du monde ici