En s’imposant dans le Grand Prix cinq étoiles de Bordeaux Cédric Hurel inscrit son nom parmi les grands. Le cavalier d’Eure-et-Loir avec Fantasio Floreval Z (Florian de la Vie x Clinton) a été le premier à se hisser au barrage. Dans le dernier carré, il va très vite donner le ton et mettre ses trois adversaires du jour au pied du mur. Et quels adversaires pourtant…Max Kühner, Pieter Devos et Julien Epaillard… La suite on la connait. Seul le cavalier autrichien parvient a effectuer lui aussi le double sans faute. Mais n’arrive pas a battre le chrono du Français qui ainsi décroche son premier succès en 5*
Remporter ce Grand Prix de Bordeaux ce n’était pas vraiment dans les plans du cavalier de 51 ans. Mais les circonstance on fait tourner le vent dans son sens.
« Je n’étais pas forcément venu ici pour gagner mais essayer de faire une « perf » déjà. Je visais plutôt le Grand Prix Coupe du monde. Si il avait été bien, je ne courais pas le Grand Prix. Il s’est avéré que ça ne s’est pas passé comme je voulais dans la Coupe du monde. J’ai fait une petite faute sur le 3 et puis j’ai voulu continuer un petit peu jusqu’à temps qu’il s’inquiète un peu en sortie du double. Où la il fait une grosse faute. Donc là, j’ai abandonné pour le garder frais pour pouvoir sauter le Grand Prix. Et du coup ça a porté ses fruits puisqu’il a été vraiment parfait.
Cette victoire, ça représente quelque chose d’énorme. Je ne pensais pas gagner, j’ai gagné, c’est ma première victoire en 5 étoiles. Je ne réalise pas trop encore. Pour moi c’est fabuleux, pour nous, pour ma femme., pour toute la famille et pour le cheval. C’est un parcours de rêve pour l’instant cette progression sur des épreuves de haut niveau. » nous confie le cavalier ravi.
Un vainqueur forcé à une célébration sobre.
L’attitude de Cédric Hurel a pu en surprendre plus d’un une fois le double sans faute réalisé. Un léger sourire (vraiment léger) mais rien de plus. Là où d’autres auraient gesticulés dans tous les sens pour montrer leur joie, le Champion de France semblait presque détaché.
« En fait, je ne peux pas faire autrement. J’ai un cheval qui est très très sur l’oeil. Le moindre truc et il peut faire un demi tour d’une grande violence et je me retrouve par terre. Donc je ne peux tout simplement pas. Encore la semaine dernière, j’ai gagné le 2* à Opglabbeek, on a secoué les bouteilles de champagne sur le podium. C’est ma femme qui tenait le cheval. Elle a été obligée de le lacher parce qu’il a eu tellement peur…Donc je ne peux pas exprimer toute ma joie. Je fais attention car il est très précieux et très sur l’oeil.«
Fantasio, la rencontre d’une vie.
Quand on lui parle du rapport qu’il a avec son cheval, Cédric Hurel ne fait pas de détour. Ce cheval a clairement changé sa vie. Pourtant rien ne prédestinait le bai à ce rôle.
« On l’a acheté il y a maintenant six ans. en 2019, au Haras de Floreval de Florence Pater (qui élève par ailleurs aussi des caniches nains, NDLR), dans l’Essonne. Il avait 9 ans, il n’était pas très jeune et n’avait sauté que des épreuves 1m35. Il n’était pas usé du tout puisqu’il avait fait une cinquantaine de parcours de ses 4 ans à ses 9 ans. Donc au départ on ne l’a pas du tout acheté pour faire des épreuves comme celle-ci. On l’avait acheté pour moi et ma femme. Et puis il s’est montré assez doué, on a monté les barres 1m20, 1m35, 1m40, jusqu’à l’année d’après 1m45 et celle d’après 1m50. Et puis en 2022 on a fait 1m50-1m55. Et depuis deux ans on se tâte un peu sur les 1m60. Ça ne passait pas et puis depuis au début de l’hiver c’est passé à Lyon. Dans les deux 1m60, le vendredi et le Grand Prix Coupe du monde, j’étais chaque fois sixième. Donc on avance petit à petit, mais bon maintenant il a 15 ans…
Si je devais le décrire, je dirais qu’il a énormément de personnalité. Très attachant. Généreux à souhait et une intelligence un peu hors norme de savoir où il doit se placer, où il doit mettre ses pattes. Il analyse tout. Si il sent qu’il y a un loup, il l’a calculé bien avant nous. C’est un moins car au quotidien c’est un petit peu galère. Mais c’est un plus car sur la piste, il se méfie tellement de tout qu’il préfère avoir peur sur l’obstacle et ça le rend hyper respectueux et en plus avec une volonté d’enfer. Les deux mêlés ça va bien. Il est pareil à l’intérieur comme à l’extérieur. Très particulier au paddock. De temps en temps il ne veut pas sauter… J’y vais quand même, mais avec douceur. Il a très peur des personnes qui sont autour des obstacles au paddock. Il est extra-sensible; donc du coup je ne saute vraiment pas haut, 1m20-1m25 et je fais quatre sauts, deux verticaux et deux oxers et en piste…« .
« Il n’a pas passé un cap, ON a passé un cap… »
Si le couple en est à ce niveau aujourd’hui ce n’est pas par chance ou uniquement à cause du talent naturel. Les étapes ont été aussi progressives dans l’apprentissage des concours cinq étoiles.
« On a passé un cap. Je dis on parce que pour moi aussi c’était un cap à passer. Le galop, l’approche, le sentiment, la sérénité pour aborder ces parcours-là. On l’a ou on l’a pas. Mais alors ça se travaille. Moi je n’ai pas encore la routine de faire ça tous les week-ends du cinq étoiles. Mon dernier c’était Stuttgart au mois de novembre. Et encore pour moi ça fait pas longtemps parce que c’était Lyon juste avant mais pour le précédent, il faut remonter à La Baule, au mois de juin… C’était donc un cap difficile à passer. J’avais tout programmé pour que ça se passe bien à Lyon et il a fait ça vraiment facile. Du coup j’ai été envoyé à Stuttgart quinze jours après où là ça s’est passé moins bien parce que Stuttgart c’est très gros et très large. J’étais un peu surpris. On n’était pas prêts encore pour ce stade là de plus. Je ne veux pas en faire trop. Je ne veux pas le cuire. Il me faudrait juste un autre cheval pour pouvoir en faire plus souvent » (rires).
Très régulier pour les sans faute, Fantasio s’est montré important dans une équipe quand Cédric Hurel participait à des CSIO en deuxième ligue. Alors, à quand la première ligue?
« On verra. Mais on y prend gout parce qu’on a l’adrénaline et la compétition en nous. Quand on fait des « perfs » de plus en plus haut, c’est de la satisfaction personnelle. Je pense que cette victoire va m’ouvrir d’autres portes. Déjà le fait d’être Champion de France m’a ouvert les portes de pas mal de concours 4* et 5*. Surtout les cinq étoiles de France. J’ai choisi de ne pas sauter Dinard parce que le terrain un peu valloné ce n’est pas forcément le mieux adapté pour lui pour sauter très haut. Mais ça va probablement ouvrir à d’autres choses. Mais je vais avant tout faire attention à sa santé. Forcément en sortant dans ces concours de haut niveau, ça attire aussi d’autres chevaux de qualité et d’autres clients, c’est important pour le commerce. »
« J’étais peut-être favorable à sa commercialisation, mais ma femme y était trop attachée… »
Dans la famille de Cédric Hurel, Fantasio Floreval Z occupe la place du pilier de l’écurie, mais pas seulement…
« il a aussi un peu changé notre vie financièrement parce que maintenant on a plus de gains et comme il nous appartient, tous les gains sont pour nous. Donc on est plus à l’aise. On a mis quinze ans pour sortir la tête de l’eau en étant installés à notre compte et il nous a bien aidé.
Quand la question inévitable de le commercialiser s’est posée, j’y étais peut-être favorable. Mais comme je l’avais acheté à la base pour ma femme, je lui ai toujours laissé son mot à dire. Elle était tellement attachée à lui que du coup on a décidé de le garder et de passer à un autre objectif qui est de faire du haut niveau. Et attirer, comme je l’ai dit, d’autres chevaux et du coup commercialiser plus ceux-là. » conclut Cédric Hurel qui envisage déjà la suite de la saison pour son hongre.
On devrait retrouver le couple en 5* lors du Saut Hermès, à Paris. Mais comme le rendez-vous du Grand Palais est dans un peu plus d’un mois et que Fantasio déborde d’énergie, un 3* à Royan sera bien nécessaire avant, histoire de « relâcher la machine » comme le dit si bien le Champion de France.
Retrouvez les résultats complets du Grand Prix 5* de Bordeaux ici