Pour Constant Van Paesschen, l’hiver n’en a eu que le nom. Il faut dire que le cavalier belge n’est pas passé souvent sous les 25 degrés depuis le 24 novembre, quand il est arrivé aux Émirats arabes unis pour disputer sa tournée hivernale. Mais le cavalier de Hal n’avait pas fait le voyage pour soigner son bronzage. Entre Abu Dhabi, Dubai, Al Ain, Sharjah et Kalba, il a plus que bien rentabilisé son temps…
Loin des habitudes.
Coutumier du MET à Oliva, en Espagne, et de ses tournées, Constant Van Paesschen a décidé, cette fois, de s’installer près de trois mois aux Émirats. Avant tout parce que plusieurs de ses clients égyptiens y concourent régulièrement et souhaitaient qu’il les accompagne pour être coachés. “Ils venaient ici et m’ont demandé de venir avec eux ou de faire des allers-retours. Mais la deuxième solution aurait été trop compliquée” explique-t-il. Face à cette contrainte, il a choisi de se rendre sur place avec quatre chevaux, une organisation plus simple et plus efficace sur le long terme.
« Ma petite amie (qui est aussi mon élève) Lily Atwood pouvait aussi m’accompagner sur cette tournée. Cela convenait également très bien à ses chevaux donc ça a aussi facilité la décision. » ajoute Constant.
Mais choisir une longue tournée au Moyen Orient implique d’autres contraintes que de descendre en Espagne…


« Déjà, pour commencer, les coûts sont beaucoup plus importants pour faire une tournée aux Emirats.. Evidemment le fait qu’il faut prendre l’avion pour les transports au lieu du camion change tout. Il y a également les coûts de logement pour nous et pour nos grooms. sans oublier le transport entre chaque concours pour lequel il faut passer à chaque fois par un prestataire car nous n’avons pas nos camions sur place bien entendu. Cela implique aussi qu’on emmène pas de jeunes chevaux. On vient pour le sport, pour essayer de gagner des épreuves. Pas qu’on n’essaie pas de gagner quand on est à Oliva mais c’est différent. On est là pour former également. C’est ça la grande différence avec une tournée aux Emirats où il faut rentabiliser son investissement.
Et puis, des opportunités sur place arrivent également et on finit par monter des autres chevaux, dont des jeunes. C’est la deuxième fois que je faisais cette tournée. La première année (en 2021) que j’étais venu, on avait aussi trouvé trois clients ici. Et puis c’était pareil cette année, on est venu me trouver pour me demander de monter un sept ans. J’ai commencé à le monter en milieu de tournée et pendant quelques semaines encore après.

Des chevaux soigneusement sélectionnés.
On ne fait pas voler un cheval vers Dubai qui ne servira qu’à moitié sur place. Dès lors Constant devait faire le meilleur choix au sein de son piquet pour savoir qui serait du voyage ou pas.
« J’ai choisi les chevaux qui me semblaient les plus compétitifs et les plus en forme à ce moment là. On a été à Oliva en septembre pour confirmer mon idée. Mon choix a un tout petit peu évolué là bas. Ça a été une bonne tournée pour nous. Pour justement choisir et préparer notre tournée aux Emirats Après j’avais une vision assez claire de ceux que j’allais prendre.
Les heureux élus allaient donc être: Isidoor van de Helle, Diaz du Thot, Mixcoac LS La Silla et Zahara, quatre chevaux capables de s’illustrer à haut niveau.
« Isidoor (Canturo x Qredo de Paulstra) revenait de blessure. On avait recommencé au mois d’août, tranquillement. On lui a donné pas mal de temps. Il avait une blessure assez imortante. Et puis il a recommencé. On l’a pris à Oliva Le cheval était bien. Il est bien rentré dans l’hiver du coup on a décidé de quand même l’emmener avec. Moi, je sentais mon cheval assez, assez bien en forme. Même si les résultats à Oliva n’étaient pas comme espérés. Ça fait tellement longtemps que je connais le cheval que, forcément, j’étais assez sûr de mon coup. Je savais qu’il pourrait être utile là bas. Et puis là, il l’a prouvé… »
Isidoor a, en effet, gagné un Grand Prix 3* 1m50, terminé 3ème d’un autre et signé des classements dans des épreuves 1m55.

« C’est sûr qu’en partant, physiquement il n’était pas encore à 100 % dans sa condition. Et là, il en a pris de plus en plus. Naturellement pour les chevaux de cet âge (Il a 17 ans maintenant), là, les conditions météo sont incroyables. Il fait très beau, il fait chaud, pas trop chaud et surtout pas humide du tout. Donc les chevaux sont vraiment bien » ajoute Constant Van Paesschen conscient aussi que la carrière d’Isidoor est plus derrière lui que devant lui.
« On va faire un programme un peu plus « light » pour lui. Je n’ai pas envie de l’arrêter maintenant pendant deux mois en lui donnant des pauses parce que je l’avais fait l’autre fois. C’est là que je l’ai un petit peu perdu. Donc non, il va venir avec à Oliva au mois d’avril, sauter deux semaines et puis après ça, on va faire un programme pour lui. Peu importe ce qu’il fait pour moi. Tout est positif. il n’a rien à me prouver. Tout ce qu’il me donne c’est du bonheur. Et quand ça sera le moment, ça sera la fin de sa carrière et il n’y aura aucun regret dans ce qu’on a fait. Il a été a été un cheval incroyable pour moi. » poursuit Constant Van Paesschen.
Diaz du Thot (Ready Boy des Forêts HN x Diams du Grasset), quant à elle, a été fidèle à sa réputation.
“Elle a répondu présente comme toujours. Elle est presque tout le temps dans le coup. C’est extrêmement rare d’avoir un cheval aussi constant dans une écurie, aussi compétitif. C’est ce dont tout le monde rêve. Je l’ai utilisée dans les grosses épreuves à barrage comme dans les épreuves au chrono. Elle a répondu dans n’importe quelle situation. Et c’est pour ça qu’elle est tellement importante dans un piquet..

Mixcoac LS La Silla ( Montebello La Silla x Cassini I), surnommé “Mick”, a montré qu’il pouvait aussi rivaliser au haut niveau avec les autres chevaux.
“C’est un cheval avec une grande personnalité, très compétitif à son niveau. Mais c’est un cheval qui se donne, qui a envie. Il me fait rire aussi. Il est drôle. Il veut toujours de l’attention et puis en piste, il se donne pour moi. Et ça c’est quelque chose qui est agréable. Des chevaux qui se donnent, sont des chevaux qui sont heureux et qui qui aiment la situation dans laquelle ils sont. C’est un cheval qui est arrivé chez moi il y a deux ans en dépôt vente. C’est un cheval auquel je me suis attaché aussi au fur et à mesure. J’aimais bien le cheval. Du coup, à la fin, je l’ai acheté moi même…et ce n’est pas du tout un regret. C’est un cheval super. Je pense que Mick a trouvé un peu son écurie.


Lors de la tournée aussi il s’est chaque fois donné. Même pour l’épreuve déguisée il a joué le jeu. Ce n’était pourtant pas évident avec tous les gens autour, le maquillage etc, Mais là encore il a été génial.” raconte Constant.
Zahara 5 (Balou du Rouet x Zenturio) était le dernier mousquetaire de l’aventure émiratie…

« Elle aussi a repris les plus grosses épreuves un tout petit peu avant de partir. Elle avait recommencé à Oliva. La jument a super bien évolué là bas. A sauté des sans faute. Beaucoup de positif dans son retour vers les grosses épreuves.
Une organisation bien huilée et des conditions idéales

L’arrivée aux Émirats a été marquée par une quarantaine volontaire de dix jours à Al Ain, un passage obligé pour obtenir le statut de chevaux locaux. “Cela nous permettait de bénéficier d’une plus grande liberté dans l’organisation des concours. Elle n’est pas obligatoire, c’est nous qui avons choisi de faire une quarantaine de dix jours à Al Ain.

Comme ça, sur les concours nos chevaux sont considérés comme des chevaux locaux. Donc c’est beaucoup plus facile pour travailler, ils peuvent croiser les autres. Pour les écuries aussi c’est plus facile. Ils ne doivent pas rester dans une « bulle». Ce qui veut dire que nous, on a choisi une base ici à Abou Dhabi. Donc je louais des boxes et toutes les infrastructures nécessaires et comme ça, ils peuvent être tranquilles, là. Entre chaque concours on revenait à notre base. Ainsi ils peuvent être comme des chevaux normaux qui sont dans une écurie.


Après la quarantaine nous sommes venus une semaine à notre base avant d’entamer les concours. On a alors commencé à se déplacer autour d’Abu Dhabi sur des concours qui se situaient entre 15 minutes et 2 heures de route” explique le cavalier belge.
Une tournée rentable dès le début, mais exigeante…
Au-delà des performances sportives, cette tournée a aussi été une réussite financière. “Dès le mois de décembre, j’avais déjà récupéré 80 % des coûts de la tournée,” confie Constant.
Un résultat qui lui a permis d’aborder la suite de la saison avec plus de sérénité et de confirmer que cette expérience pouvait être bénéfique à tous les niveaux. Mais ce n’est pas pour autant que ces trois mois ont été reposants. «
« Entre mes chevaux, les chevaux de mes clients (d’autant qu’un de mes clients s’est blessé en début de tournée et avec Lily nous nous sommes partagés ses chevaux à monter pendant toute la tournée) et les chevaux qui se sont ajoutés sur place, on n’avait pas vraiment le temps de s’ennuyer. Et puis, il y avait aussi le coaching, c’est quelque chose que je ne veux pas négliger. Je veux être présent vraiment aux côtés de mes élèves. Donc ça prend du temps si on veut bien le faire.



On a monté chacun entre 8 et dix chevaux par jour. Avec les épreuves en plus, c’était très intense comme emploi du temps. Les journées étaient assez longues et dès qu’on pouvait souffler 5 minutes on essayait de se reposer. Mais c’était tout de même une super expérience. »

Une expérience à renouveler… sous certaines conditions
Avec un bilan aussi positif, l’envie de revenir aux Émirats se pose naturellement, mais Constant Van Paesschen reste pragmatique. “Tout dépend des chevaux dont on dispose. Il faut qu’ils soient très compétitifs, sinon ce n’est pas rentable,” analyse-t-il. « Il ne faut pas croire qu’il faut se contenter d’amener des chevaux ici, de gagner et de repartir avec l’argent. La concurrence, comme partout maintenant, est sérieuse ici aussi. On a des cavaliers européens comme Abdel said, David Will, Michael Pender,…mais aussi des émiratis compétitifs. Tout ceux là il faut aller les chercher en piste. L’avantage, c’est que la plupart du temps on peut mettre deux chevaux dans les épreuves qualificatives. Ça augmente les chances. » d’ajouter le cavalier de 31 ans.


Malgré un emploi du temps chargé, Constant Van Paesschen espère une prochaine fois pouvoir consacrer un peu plus de temps à découvrir la région. “Quand on vient ici, il faut aussi prendre le temps de visiter. Cette année, je n’ai pas eu l’occasion de le faire beaucoup, mais j’aimerais mieux organiser cela une prochaine fois. J’ai juste pu aller une demi journée dans le centre de Dubai. Et puis une autre après-midi découvrir la mangrove en Kayak avec Lily et un ami, le jour de mon anniversaire. C’était sympa, d’autant plus que tout le groupe a commencé à chanter « Happy Birthday » entrainé par le guide au milieu de la mangrove. C’était marrant. Et puis le soir on allait de temps en temps se relaxer au restaurant”


Avec une tournée riche en performances et en apprentissages, Constant Van Paesschen a prouvé une fois encore sa capacité à s’adapter et à saisir les opportunités. Une aventure réussie qui pourrait bien se répéter dans les années à venir.
« Maintenant à côté de mes deux semaines à Oliva en avril, j’ai quelques autres projets importants en tête dont on reparlera très prochainement. » conclut Constant Van Paesschen.

Suivez Constant Van Paesschen sur ses réseaux sociaux: Instagram et Facebook