Le TREC, c’est quoi ce truc?

Publié par Sébastien Boulanger le 08/08/2025

Il y a des disciplines que tout le monde connaît : le CSO, le dressage, le complet… Et puis il y a le TREC. Rien que le nom fait lever un sourcil à 90 % des cavaliers. T-R-E-C ? « Techniques de Randonnée Équestre de Compétition ». Ambiance boussole, parcours d’épreuves et endurance mentale. Et pourtant, c’est peut-être la discipline la plus complète du circuit.

Une discipline née en rando… et toujours en marge

Créé dans les années 80 en France pour valoriser les qualités du cheval de randonnée, le TREC est aujourd’hui pratiqué à l’international. Mais on ne va pas se mentir : il reste un sport de niche, même pour les cavaliers confirmés.

« Ce n’est pas la discipline la plus courue chez les cavaliers », admet Auriane Bouchet, cavalière passée par le complet et le horse ball, convertie au TREC quand son cheval a commencé à prendre de l’âge.
« Ce que j’ai aimé, c’est qu’on peut adapter le parcours. Sur un PTV, on peut choisir les obstacles à passer ou non, sans être éliminé. J’ai pu emmener mon cheval de 23 ans sur un championnat du monde. »

Et puis elle a replongé.

« J’ai racheté un cheval pour le former exprès au TREC. »

Le triplé gagnant : orientation, finesse, et obstacles à gogo

Le TREC se décompose en trois épreuves majeures, trois ambiances bien différentes mais complémentaires :

1. POR — Parcours d’Orientation et de Régularité

Le but : suivre un itinéraire dessiné sur une carte, à cheval, en pleine nature, avec des vitesses imposées. Pas de GPS, pas de flèches, juste une boussole et du calme intérieur.
Les juges sont disséminés partout — parfois invisibles — pour vérifier que vous ne coupez pas les virages.

« Le cavalier ne sait jamais où on est placés », explique Colette Gheysen, juge TREC.
« Il doit respecter une allure constante sur chaque tronçon, sinon il perd des points. »
Les erreurs d’itinéraire, les retards, les allures mal gérées : tout est noté. On contrôle même l’équipement du parfait randonneur (gilet fluo, etc)

Mais pas de panique il ne faut pas être cartographe pour s’en sortir et à chaque catégorie son niveau de difficulté en ce qui concerne la lectures des cartes.

2. MA — Maîtrise des Allures

Ici, ça devient presque zen : galoper au ralenti, puis marcher à fond. Sur 100 à 150 mètres, dans un couloir de 2 mètres de large. Pas de rupture d’allure, pas de sortie de piste.

« Il faut de la finesse, de la précision. C’est très technique », souligne la juge.

C’est un peu le dressage version trail. Le genre d’exercice qui transforme un cheval de randonnée en ninja de l’équilibre.

3. PTV — Parcours en Terrain Varié

Slalom, tronc à sauter, barrière à ouvrir, escalier à descendre, branches basses, immobilité…
Le PTV, c’est la fusion entre un cross, un jeu de maniabilité et une randonnée.

« J’adore le PTV », s’enthousiasme Auriane.
« C’est mes origines de concours complet. C’est comme un parcours de cross avec tout ce qu’on peut retrouver en balade. J’adore la rando, j’adore le cross. C’est un bon mélange des deux. »

Pas un sport de star… mais de passionnés

Le TREC n’a pas les projecteurs du jumping. Il n’a pas les strass des carrières de dressage. Mais il a autre chose : de l’authenticité, de la polyvalence, et un esprit de débrouille.

« Il faut savoir faire de tout », résume Auriane Bouchet.
« Être bon en orientation, avoir une bonne MA, passer toutes les difficultés du PTV. Il faut un minimum de connaissance en obstacle, en éthologie, en travail du cheval. Être capable de garder un cheval calme dans toutes les situations. Voilà, la polyvalence. »

Le TREC, c’est aussi une ambiance. Ici, c’est la simplicité qui prévaut. On campe avec les chevaux, paddocks sur herbe, café au réveil dans la tente avant de sauter dans les bottes, et puis il y a le « barbec » tous ensemble où les « végés » ne sont pas oubliés.

Une passion qui roule jusqu’au bout de l’Europe

Le revers de la médaille ? Le TREC, ça se mérite. Peu d’événements, peu de clubs qui l’enseignent, peu de concours organisés. Les cavaliers font jusqu’à 8 heures de route pour participer.

« On n’est pas professionnels », rappelle Auriane.
« Donc on part le vendredi, concours samedi et dimanche, et on rentre parfois le lundi. On va jusqu’aux Pays-Bas, en Allemagne, au Luxembourg… Et si on peut, l’Espagne, l’Italie, le Danemark. »

Côté palmarès international ? La France est la nation reine. Espagne, Italie, Suède et maintenant Belgique montent aussi en puissance.

Le TREC version Coupe d’Europe : terrain, cartes et bénévoles

En Belgique, Marie Remacle a relevé un défi de taille : organiser une manche de la Coupe d’Europe… chez elle à Rogery, en Ardenne à la fin du mois de juillet. Pas une bricole entre copains.

« Ça fait plusieurs années que je pratique le TREC, et j’ai eu envie d’organiser un événement ici, dans les installations de mon père », raconte-t-elle.
« C’est une grande passion, et l’envie de faire plaisir aux cavaliers. »

Résultat : 40 bénévoles, des juges, des chefs de piste, un président de jury, des cavaliers venus de six nations. Un camping pour les chevaux, une salle des cartes, 40 km de forêt, un couloir de 150 m pour la MA, un PTV à obstacles variés… et beaucoup de logistique.

« Je suis très satisfaite. Tout le monde est de bonne humeur. On était là pour passer un excellent week-end. Et il semble que ça ait été le cas »

Et pour l’an prochain ?

« Peut-être. Ce sera une décision de groupe, mais on ne dit pas non. »

Alors le TREC, c’est quoi ce truc ?
C’est un sport de l’ombre. Une aventure en bottes. Une école d’humilité que l’on peut pratiquer à tout âge du niveau T1 (débutant) au T4. C’est aussi, pour ceux qui aiment les cartes, le calme, la nature, le contrôle et les défis. Le dernier bastion de l’équitation de terrain.