Le somptueux écrin du Château d’Arville s’est métamorphosé (une vingtième fois! Happy birthday!) en une arène champêtre où se sont affrontés quelques uns des meilleurs compétiteurs mondiaux du concours complet pour un exercice 4* qui intégrait le Championnat de Belgique senior et une manche palpitante de Coupe des Nations.

Il ne fallait pas chercher loin pour sentir l’afflux de passionnés ; plus de 10 000 spectateurs ont investi le site, mêlant curieux, amoureux des équidés, familles et fans de sensations fortes. Car Arville n’est pas seulement une compétition : c’est un pique-nique chic, une balade avec les gamins et le chiens, un festin visuel. Un must : 4 km de promenade pour suivre le cross à pied dans un décor de carte postale Wallonne.

Une Lara conquérante malgré les démons du passé
Elle y tenait plus que tout: coiffer à nouveau la couronne nationale. Celle qu’elle avait déjà conquise à sept reprises et qu’elle avait du délaisser l’année dernière.

« Oui, grosse satisfaction. C’est révélateur du sport aujourd’hui : je l’ai eu un peu par la petite porte. Mais un titre reste un titre, je suis super contente. L’année dernière, j’avais l’impression de m’être battue et de ne pas l’avoir eu, donc j’étais frustrée. Ici, je l’ai eu, mais avec l’impression qu’on est tous un peu passés à côté de notre concours. J’étais la meilleure des mauvais, en quelque sorte. C’est cru de le dire comme ça, mais c’est la réalité. C’est le sport : au final je m’en sors gagnante, donc je suis très contente.» nous déclare la Namuroise.



« Pour le reste, Il y a du très bon, du bon et des petites déceptions. Déjà, du très bon : j’arrive à boucler par rapport à l’année dernière. J’ai réalisé que ce n’était pas vraiment oublié. (Lara s’était fracturée la clavicule chez elle, au concours d’Arville l’année passée) J’avais encore un tas de petits démons à régler, mais dans l’ensemble, sportivement, c’était positif.

Les chevaux ont quand même été assez bons. La jument qui devrait aller aux championnats d’Europe a fait un dérobé sur le cross. Évidemment, on préfère sortir sans faute, on préfère gagner, on préfère faire de bons résultats. Mais ça arrive, quand on prend des risques et qu’on veut être compétitif. Je trouve qu’elle a été très honnête sur la fin du parcours. Et elle a sauté sans faute le dernier jour. Donc je suis très contente. On va juste aiguiser les couteaux pour aller chercher ma sélection pour les championnats d’Europe.»

La Belge, qui montait… sept chevaux ce week-end (ça devient presque de l’endurance), ne voulait pas ménager ses effort dans son (grand) jardin.
« je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’on n’a pas énormément de concours complet en Europe, ni de bons terrains. Quand je vois les efforts que mes parents et mon mari font, laisser les chevaux au box pour regarder les autres monter me frustre. Donc j’en ai encore monté un peu trop, j’ai monté 7 chevaux., mais je ne regrette pas. Je suis fatiguée, ma voix ne tient plus, mais ils ont tous été trop bien.»

Les performances de ses jeunes montures dans le quatre étoiles sont à souligner : deux chevaux de neuf ans (Kiarado d’Arville et Quintus) ont brillé dans le 4*, promettant un futur radieux pour la cavalière belge.

(Fan n°1, Guillaume de Liedekerke, inséparable de sa meute, ne manquait rien des performances de sa championne de fille)
Cyril Gavrilovic, poursuivi par son chat noir

Le weekend fut plus difficile pour Cyril Gavrilovic. Déjà privé des Jeux Olympiques 2024 suite à une blessure d’un tendon sur son cheval de tête, le Belge expatrié en France a été contraint à l’abandon après le cross à Arville.
Cette fois, c’est Gatine de l’Aubree qui a souffert d’une blessure au tendon. Moins grave que celle de l’année passée, mais suffisante pour priver Cyril de sa participation aux Championnats d’Europe.

Coupe des Nations : la Belgique à la peine
Un peu comme Voldemort, le mot qu’il ne fallait pas prononcer à Arville, c’était « Coupe des nations ». Dans le clan belge , one ne se voilait pas la face. Résultat « cata ». La Belgique 10ᵉ sur 11 nations. Pas de quoi pavoiser en effet et très loin derrière une Allemagne impériale qui a damé le pion aux cavaliers US pour s’imposer.

Mais le moral belge est sauvé par les belles performances sur d’autres épreuves :
- CCI 3*-S : 2ᵉ place pour Lara de Liedekerke-Meier et Call Me Senorita, 7ᵉ pour Clarisse Walbrecq avec Icona 2.
- CCI 2*-S (cavaliers nés en 1994 et après) : 9ᵉ place pour Sarah Dessambre et Luna de la Salle.
- CCI 2*-S (cavaliers nés en 1993 et avant) : trois Belges dans le Top 10, avec Valentine Steeman 5ᵉ (Loewenherz 108), Alexandra Spetschinsky 6ᵉ (Glamour D-b) et Lara 10ᵉ (Tara vh Leliehof).

Arville, un concours pensé par des cavaliers pour les cavaliers
Le concours belge attire les cadors. Et quand Michael Jung ou Tim Price se posent dans les prairies de Gesves, on comprend que le rendez-vous a pris une dimension mondiale.

Pour Jung, l’intérêt est clair : « Ici, les montées et descentes sont idéales pour le conditionnement et l’équilibre. C’est un vrai terrain éducatif. » Ses cinq chevaux (et onze au total de son écurie) ont avalé le cross comme un entraînement de luxe avant les championnats d’Europe.» nous déclare le champion olympique venu à Arville en famille.



Tim Price, lui, est dithyrambique : « J’adore ce concours. Les sols sont excellents, le cross exigeant mais juste. C’est parfait pour donner de l’expérience à mes jeunes chevaux. Et puis la météo est toujours très agréable ici. Rien que pour ça c’est plus agréable qu’en Angleterre. » plaisante le Néo-Zélandais installé outre-manche.

Ce n’est pas un hasard si les grands noms reviennent. Kai Steffen Maier, directeur sportif du concours, chef d’équipe belge… et mari de Lara, résume :
« On a toujours pensé ce concours comme un concours de cavaliers pour les cavaliers. Quand on voit des noms comme Michael Jung, Julia Krajewski ou Tim Price s’inscrire, c’est flatteur. »
Et d’ajouter que la proximité des championnats d’Europe joue son rôle : « Arville, c’est une répétition générale idéale, car le cross sera similaire à Blenheim dans quatre semaines, valloné »

Spoiler pour 2026 : Arville décalera son édition d’été pour éviter le clash avec les Championnats du monde d’Aix-la-Chapelle. « Ce n’est jamais idéal de changer de dates, mais c’est nécessaire », prévient Lara qui espère bien être occupée à Aix l’année prochaine.

Arville 2025 restera comme un week-end contrasté : la joie d’un titre national pour Lara, la frustration d’une Belgique, cette fois, en panne d’inspiration collective, et la confirmation que le château d’Arville est devenu une plaque tournante européenne du complet. « J’adore ce concours », lâchait Tim Price. « Magnifique », résumait Michael Jung.
Et pour Lara, malgré la fatigue , le constat est clair : Arville est plus que jamais chez elle.




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