À 19 ans, certaines prennent leur premier appart ou d’’autres s’inscrivent à la fac. Louise Ameeuw, elle, a quitté l’écurie familiale pour lancer sa propre structure. Deux mois à peine qu’elle vole de ses propres ailes avec sa mère, Fernanda Trilha, comme copilote, et déjà l’impression qu’elle joue dans la cour des grandes.

Dans le bain du haut niveau dès l’enfance
Fille de l’organisateur des Longines Masters et cavalière dès ses quatre ans, Louise a grandi dans le bruit des sabots et la poussière des paddocks. À Ecaussinnes, elle croisait Kevin Staut, Scott Brash et Nelson Pessoa comme d’autres croisent leur prof d’éducation physique. Quand vos premiers conseils viennent d’un champion olympique ou d’une légende brésilienne à l’occasion d’une masterclass, ça marque.
Ce qui devait arriver arriva. La gamine se débrouille plus que bien. Une médaille de bronze par équipe aux championnats d’Europe Children en 2018, une quatrième place individuelle l’année suivante, un titre de championne de Belgique Juniors en 2024 et les premières victoires en Grand Prix. Tout ça avant même de fêter ses 18 ans.

Une rupture, une décision
Mais derrière les trophées, le péripéties d’une vie d’ado : la séparation de ses parents, le travail à Ecaussinnes qui devient difficile, un père qui l’encourage à faire ses armes dans une écurie aux États-Unis… et Louise qui voit les choses autrement. “Me lancer dans cette aventure était un choix ambitieux, mais je ne vais pas le regretter parce que j’aime l’idée de travailler pour moi et de construire quelque chose que je porterai toute ma vie”, lâche-t-elle.
Une écurie basée à Nivelles
Aujourd’hui, Louise est installée à Nivelles, où elle loue des boxes dans une écurie privée. Finis déjà les concours avec deux chevaux comme aux commencements. Elle en a désormais tout un piquet (10 pour le moment), des jeunes qui montent, des huit ans prêts pour les 145, des six ans prometteurs. Nasty Boy de Muze, qui revient sur les terrains après un an d’arrêt. C’est avec lui qu’elle avait conquis le titre national.
Et surtout Kaliber, KWPN de 10 ans (Verdi x Baloubet du Rouet) , sa jument de Grand Prix. Premier Grand Prix 1,45 m le week-end dernier à Kronenberg.

Déjà des investisseurs internationaux
Dès le lancement de sa structure, Louise a trouvé des propriétaires indiens et suisses qui lui font confiance. Elle a même eu la chance de vendre un cheval aux États-Unis dès ses débuts, une transaction qui lui a permis de financer en partie ce nouveau départ. À 19 ans, elle parle déjà management, structure, coûts financiers et ressources humaines comme d’autres de son âge parlent de sorties entre copines “Tout ce que j’ai vu et vécu ces dernières années, les choses à faire, à ne pas faire, c’était l’école et l’université de ma vie.” confie Louise.

Des rêves plein la tête
“J’ai des grands objectifs dans ma vie. Mon rêve ultime, c’est d’aller aux Jeux Olympiques. Mais j’ai des étapes à plus court terme pour chaque cheval, et aussi des objectifs commerciaux pour que nos partenaires soient contents et qu’on grandisse petit à petit”, explique-t-elle.

Fernanda Trilha, la maman – coach
Dans cette aventure, Fernanda Trilha, la maman, n’est jamais loin. Ancienne cavalière, coach et manager au quotidien, elle connaît le milieu par cœur. “C’est beaucoup de courage. C’est très ambitieux et audacieux, surtout dans ce sport et dans ces milieux-là. Mais elle a la chance d’être dans le meilleur pays pour ce qu’elle veut faire”, reconnaît-elle. Ensemble, elles essayent de concentrer “les choses positives” et de donner “le meilleur” pour que Louise aille “le plus loin possible”.

Mais Fernanda le sait : pour grandir, sa fille doit aussi respirer. “Aujourd’hui, je la laisse prendre des décisions. Je crois que ça fait partie aussi de son évolution autant comme personne, comme femme de cheval, que comme sportive.”


Travail, détails et curiosité
Une philosophie que Louise applique aussi à cheval. Elle s’entoure de spécialistes, fait venir chaque semaine un prof de dressage, observe beaucoup, écoute tout. “Chaque jour est un nouveau jour, un nouvel objectif : rendre mes chevaux meilleurs, pouvoir faire le mieux pour eux et surtout être la meilleure personne que je puisse être. Cavalière, femme de cheval : c’est le plus important pour moi.”
À entendre Fernanda, la clé pour durer dans ce milieu est là : “Garder des inspirations et des motivations tous les jours.” Dans la famille la passion est un héritage, et l’ambition est bien forgée.
