Lara de Liedekerke-Meier, la lionne du Lion

Publié par Sébastien Boulanger le 19/10/2025

Au Mondial du Lion, pendant que certains dormaient à moitié dans leur van trempé par cette pluie dominicale bienvenue dans la région angevine, Lara de Liedekerke, elle, ne dormait pas du tout. Et pour cause : la cavalière belge a passé son week-end à tutoyer la perfection. Une victoire chez les six ans, une deuxième place chez les sept. La cavalière belge a dompté le Lion!

Parce qu’il faut le dire : le Lion d’Angers, c’est un peu Roland-Garros version cross-country. Le terrain est capricieux, les sauts aussi beaux qu’impressionnants, et l’ambiance a ce parfum de foin et d’adrénaline. Et dans ce décor-là, Lara a sorti le grand jeu.

Tara, la pépite belge qui rugit

Quand elle a sellé Tara van het Leliehof (Pegase van’t Ruytershof x Major de la Cour), Lara espérait “jouer la victoire ». Résultat : championne du monde des six ans. Bam!
Une belge montée par une belge, découverte presque par hasard après un tuyau de François Marty Junior l’entraineur de l’équipe belge de complet en obstacles jusqu’au JO de Paris)

“Tara, c’est une jument qui appartenait à une propriétaire belge vivant à Milan. C’est François Mathy Jr qui m’avait envoyé une video d’elle l’année dernière. Elle était montée en Italie par une cavalière amateur, et quand j’ai vu la vidéo, j’ai tout de suite dit : ‘C’est un bijou.’

Le reste ressemble à une petite fable moderne du complet : la jument arrive en Belgique, s’acclimate vite, gagne son premier concours fin juillet à Avenches (un CCI 1*), progresse sans qu’on la brusque.
“On a pris notre temps, sans brûler les étapes. L’objectif n’était pas forcément « Le Lion » au départ, mais elle s’est qualifiée naturellement, sans précipitation. Et voilà, aujourd’hui, elle est championne du monde. C’est une très belle histoire, surtout avec une jument belge, montée par une cavalière belge.”

Lara en parle avec une douceur rare. De la fierté, bien sûr, mais aussi de la gratitude. Pour cette jument “constante, intelligente, super sur le contact, qui adore le cross.”
« C’est un bijou, vraiment”, répète-t-elle. Et ça ne devrait pas s’arrêter là…
“La propriétaire m’a dit : ‘Ce n’est que le début de notre histoire.’ Elle ne veut pas la vendre tout de suite. Et moi, si un jour elle devait être commercialisée, j’aimerais peut-être la syndiquer pour pouvoir la garder. C’est une jument qui me correspond parfaitement : elle veut gagner, elle a du caractère, mais dans le bon sens du terme. C’est vraiment un cheval de rêve.”

Hélios, le “cheval Barbie” qui brille aussi

Et pendant que Tara faisait briller la médaille d’or, Helios ajoutait l’argent au tableau. Deuxième du championnat du monde des sept ans, presque frustrant pour une perfectionniste comme Lara. “J’ai fait une petite erreur qui nous coûte le titre”, confie-t-elle, sourire crispé.
Helios, c’est le gendre idéal du complet : moderne, respectueux, beau comme un poster. “Presque un cheval Barbie”, plaisante-t-elle, et on l’imagine déjà en couverture de Vogue Équitation.

« Ce deuxième podium, c’est aussi exceptionnel. Oui, franchement, si on m’avait dit il y a une semaine que je finirais deuxième, j’aurais signé tout de suite. Il y avait une vraie concurrence. C’est un cheval fantastique. C’est vrai que j’ai fait une petite erreur qui nous coûte le titre, et avec mon perfectionnisme c’est dur à avaler, mais il a fait un concours magnifique : un super dressage, un cross facile, un très bon saut d’obstacles. Il appartient encore à ses éleveurs, une famille espagnole passionnée, avec qui c’est un vrai plaisir de travailler. Ils n’ont jamais mis la pression : leur but, c’était de former le cheval, pas juste de courir pour le résultat.

Son histoire est plus simple :Les deux soeurs espagnoles Pinedo, anciennes cavalières de complet. Passionnées, zéro pression. On veut juste du travail bien fait. Et ça paie. Dressage, cross, saut, tout est fluide. Juste cette micro-erreur à l’obstacle qui, sur un championnat du monde, fait la différence entre l’argent et l’or.

Un premier titre au Lion

Le Lion d’Angers, c’est un concours à part. Pas juste parce qu’il attire les meilleurs jeunes chevaux du monde, mais parce qu’il raconte une histoire à chaque génération.
“Tous mes chevaux qui sont passés par là ont marqué ma carrière ”, raconte Lara. Alpaga, Ducati d’Arville,… une sorte de lignée dorée dont Tara et Hélios sont désormais les héritiers.
Et même la météo n’a pas réussi à gâcher la fête : »Tout est mis en place pour donner à ces chevaux une super expérience. Les organisteurs, comme toujours on fait un travail fantastique sur le terrain de cross. Il n’avait pas plus depuis trois semaines et le terrain était parfait. C’est aussi ce qui a fait que beaucoup sont partis à la faute parce qu’ils ont voulu y aller trop fort.

Et la suite?

« Là, ils vont profiter de leurs vacances Tara à la maison et Helios dans les superbes infrastructures de ses propriétaires en Espagne. Mais c’est sûr que c’est motivant pour la suite. On a deux jeunes chevaux très prometteurs, en bonne santé, qui ont vécu une belle expérience. Ça donne envie de continuer à travailler fort pour la saison prochaine. » conclut la championne.

→ Résumé pour la postérité :

  • 🥇 Tara van het Leliehof, championne du monde des 6 ans
  • 🥈 Hélios, vice-champion du monde des 7 ans
  • 🌍 21ᵉ victoire internationale de la saison — record mondial prolongé

Les résultats complets du championnat du monde des 6 ans ici et des 7 ans ici

(Photos © FEI/PSV)