Elle n’a pas de bombe vissée sur la tête ni de bottes pleines de sable. Ses armes : un ordinateur, un téléphone, et une patience à toute épreuve. Alexandra Masuy, c’est celle qui fait tourner les écuries sans jamais monter à cheval. Ou presque.
“Mon rôle, c’est principalement de gérer tout l’administratif des écuries”, explique-t-elle, avec ce calme qu’on sent rodé à la tempête. “Ouvrir le courrier, traiter les mails, gérer les RH, les facturations internes… Je ne suis pas comptable, mais il y a une gestion de comptabilité interne, évidemment. C’est un service à la carte.”
Service à la carte et gestion du stress
Son “service à la carte”, c’est un couteau suisse administratif : un jour, elle encode les naissances pour les stud-books ; le lendemain, elle organise le départ d’un crack pour Doha. Entre deux, elle s’assure que chaque cheval de ses clients, L’écurie de Azevedo, Grégory Wathelet et consorts, soit bien enregistré sur la plateforme CBC. Parce qu’en Belgique, pas de place pour l’impro : un cheval non correctement déclaré, c’est amende, test coggins (détection de l’anémie infectieuse équine) , et dans le pire des cas, euthanasie.
“C’est une formalité essentielle à respecter”, tranche-t-elle. Et on comprend qu’elle ne plaisante pas.
Alexandra parle de tout ça avec la précision d’une horlogère et la passion d’une cavalière. Les urgences de nuit, les chevaux bloqués à la frontière, les coups de fil du Nouvel An ? Routine.
“Ha ha ! Parfois, des urgences en pleine nuit, des messages à minuit parce qu’un cheval ne peut pas sortir à cause d’un problème de date… On apprend à rester calme. »
Du tableau noir aux boxes
Avant de jongler avec les passeports équins, Alexandra faisait réciter les tables de multiplication.
“De formation, je suis institutrice primaire”, raconte-t-elle. “J’ai entendu parler d’une opportunité de trois mois aux écuries FAPE, chez la famille Azevedo. Trois mois, le temps d’une transition. Finalement, je me suis plu, et ils m’ont proposé de rester.”
Sept ans et demi plus tard, la transition s’est transformée en vocation. Et en janvier 2022, elle saute le pas : Alma Equestrian Management voit le jour. Une société à son image, carrée, réactive, passionnée.
“J’avais constaté une demande. Lors de la vente aux enchères de Luc Henry, il fallait quelqu’un pour organiser les papiers d’exportation des chevaux vendus à l’international. Puis d’autres écuries ont commencé à faire appel à moi.”
Adrénaline, douanes et chevaux de haut niveau
Le truc d’Alexandra, c’est le stress sous contrôle.
“L’organisation des importations et exportations, c’est un petit côté adrénaline : si un papier n’est pas correctement rempli, le cheval ne monte pas dans l’avion. Et là, les conséquences peuvent être lourdes.”
Entre formulaires douaniers, tests sanitaires et passeports FEI, elle avance comme une pilote d’élite sur un parcours administratif. Là où d’autres voient de la paperasse, elle voit une mission. Et quand elle ne gère pas les flux de chevaux entre continents, elle file sur le terrain des concours : Saint-Tropez-Grimaud, Jumping International de Courrière…
“L’événementiel me plaît beaucoup, en Belgique et à l’étranger. Et mes expériences récentes dans le domaine me poussent aussi a développer mon activité dans ce domaine”
Une main de fer dans un gant d’Excel
Aujourd’hui, Alexandra partage son temps entre ses clients et un futur bureau à la frontière Belgique–Luxembourg, histoire d’étendre son réseau vers le Grand Duché et le nord de la France. Toujours avec la même exigence : offrir un cadre sûr, carré, sans faille.
“Je veux vraiment assurer une sécurité à mes clients sur le plan juridique et fiscal. Je travaille avec Equilegis pour le juridique et avec Cavaliara pour la fiscalité.”
Pas de chevaux sans papiers. Pas d’écurie sans Alexandra. Et dans un domaine où beaucoup d’écuries perdent leur latin, Alexandra, elle, gère bien son parcours entre dossiers et formulaires : c’est bien elle qui fait franchir les obstacles.