Il y a des cavaliers qui rentrent du paddock en rêvant d’un massage, d’autres d’un burger. Constant Van Paesschen, lui, pense plutôt à un bon verre de Bordeaux. Rouge, évidemment. Parce que le rosé, « ça lui plaît un peu moins ». Et qu’au fond, le vin, c’est comme un cheval : il faut le comprendre avant de le juger.
Le déclic du voisin

Tout a commencé loin des terrains de concours, dans une histoire de voisinage qui fleure bon le confinement et l’apéro prolongé.
« Mon grand-père maternel a toujours eu du vin à la maison. Mais moi, je regardais ça de loin, très loin », raconte Constant, sourire dans la voix. Puis, quelques années plus tard, arrive le Covid — et avec lui, un voisin providentiel. Un de ces types capables de transformer un apéritif lambda en moment de plaisir.
« C’est lui qui m’a fait découvrir le vin. J’ai commencé à apprécier, et ça m’a donné envie d’approfondir. »
Et parce que le destin aime bien forcer un peu le trait, dans le voisinage traînait aussi un sommelier, champion de Belgique, voire d’Europe. Le gaillard est également restaurateur. Fermeture des restos oblige, des cours d’œnologie se mettent en place dans le salon. Deux ou trois sessions plus tard, le cavalier était piqué :
« Petit à petit, j’ai voulu me faire une cave. On achète une bouteille, puis quinze, puis mieux… et on finit par ouvrir une cave sympa, à partager avec la famille et les amis. »
Cheval, cave et cabernet
Quand on lui demande si l’équitation et le vin se combinent facilement, Constant hésite un peu.
« C’est compliqué de concilier les deux. Mais quand on est en concours, on essaie toujours d’aller, à un moment ou à un autre, au resto pour bien manger, prendre une chouette bouteille… Et si on aime, j’en achète une pour chez moi. »

Comprenez : là où d’autres ramènent seulement des flots, Constant ramène aussi des bouteilles.
« C’est déjà arrivé qu’en concours, on ne soit pas loin de caves et qu’on en profite. À Saint-Tropez, par exemple, on a visité deux ou trois châteaux, forcément du rosé, ce qui me plaît un peu moins que le rouge. À Oliva aussi, on a visité deux ou trois domaines de rouge, pas loin. »
Mais jusqu’à présent, Constant Van Paesschen n’a pas encore identifié de “confrères” partageant la même passion.
« J’en connais pas mal qui aiment bien boire un verre (rires), mais pas encore de vrais passionnés », regrette le cavalier.
Sur la route du Sud, il s’offre un détour de trois jours par Bordeaux, pour voir ce que ça fait de goûter au graal.
« Je descendais à Oliva avec un ami qui apprécie également le vin. On s’est organisé trois jours de visite de caves. On a visité quelques maisons, dont certaines exceptionnelles. C’était un chouette petit détour. »

La meilleure bouteille
« Si je devais dire la meilleure bouteille que j’ai bue jusqu’à maintenant… honnêtement, je ne sais pas. J’ai des bouteilles dans ma cave que je n’ai pas encore ouvertes, que je garde pour une journée spéciale.
Lors de ce séjour dans le Bordelais, on a eu la chance d’aller chez Lafite. On a dégusté, et j’ai quelques bouteilles également à la maison. C’est sûrement le meilleur vin que j’ai goûté jusqu’à présent, même si je ne l’ai pas encore ouvert chez moi. Nous avons eu la chance de visiter également Mouton Rothschild. C’était très intéressant de pouvoir comparer le vin en lui-même, mais aussi le marketing, très différent, entre les deux maisons.
Ce genre de mini-trip est assez sympa. C’est quelque chose que j’aimerais faire au moins une fois par an avec des amis, en changeant de région à chaque fois. »
Italie, Espagne, Bourgogne… et pourquoi pas un retour à Bordeaux. Il y a des plans moins aguicheurs.

Bordeaux, baby
Les goûts du garçon sont précis : « Je suis plutôt Bordeaux, maintenant. J’aime aussi les vins espagnols, bien calibrés. »
Mais ce qui le séduit avant tout, c’est le rituel.
« Le vin, ce n’est pas juste la boisson. C’est le partage. On ouvre une bonne bouteille pour des gens qui vont apprécier. Pas pour quelqu’un qui n’aime pas le vin, ce serait du gaspillage. »

Dans sa cave, quelques Lafite qui dorment encore, et des rêves liquides qu’un jour il aimerait ajouter à sa collection :
« J’aimerais un jour goûter un Opus One, pour la légende. Parce que c’est un vin californien élaboré à l’origine par des Français. Donc c’est intéressant. Peut-être que je serai déçu, mais c’est une bouteille que j’aimerais avoir. Comme un Pétrus, qui reste mythique. »

Le parallèle des passions
Constant n’est pas du genre à faire les choses à moitié.
« L’équitation, le vin, c’est pareil. Dans les deux, tout le monde ressent les choses différemment. Et c’est ça qui est beau. »
Entre un jeune cheval et un grand cru, même combat : patience, précision, et ce petit frisson quand tout s’aligne.




Et demain, des vignes ?
Alors forcément, la question arrive : « Un jour, investir dans la vigne ? »
Le cavalier réfléchit.
« Pourquoi pas, ce serait sympa. Mais on n’habite pas vraiment dans un pays de vin… même si ça change. Peut-être en France ou en Espagne ? Sauf que j’aime bien avoir le contrôle sur ce que je fais, et là, ce serait compliqué. »
En clair : le vin, oui, mais pas tout de suite, et pas sans les rênes en main.

En attendant, Constant continue de tracer sa route, entre paddocks et dégustations, concours et caves.
Sur les terrains, il cherche le sans-faute. Dans les verres, la même chose, mais avec un peu plus de tanins.
(N’oubliez pas que le vin se déguste avec sagesse et modération)