Cette piste!

Publié par Sébastien Boulanger le 11/12/2025

Immense, mythique, presque irréelle. La piste du CHI de Genève (qui bat son plein en ce moment) n’est pas seulement la plus grande arène indoor du monde : c’est un passage initiatique, un sas émotionnel que tous les cavaliers racontent différemment mais qui leur laisse, à chacun, la même trace. Entre traditions genevoises, obstacles iconiques et ambiance de stade outdoor sous un toit de Palexpo, cette piste est un personnage à part entière… et un monstre sacré du circuit.

La plus grande piste indoor du monde : un mythe de 5 400 m²

À Genève, tout commence au même endroit : le couloir.
On quitte le paddock, on traverse le tunnel, on franchit le rideau gris… et soudain, bam, 5 400 m² s’ouvrent comme un horizon. 

CHI Genève
(Le sas qui vous conduit jusqu’à l’arène)

Julien Pradervand, assistant du chef de piste Gérard Lachat, résume bien l’ampleur du phénomène :

« C’est la plus grande piste indoor du monde. On se rapproche quasiment d’un terrain extérieur, tout en restant dans l’ambiance d’un indoor » Et il sait de quoi il parle : voilà plus de vingt ans qu’il œuvre dans cette arène. « 55 x 95 mètres en moyenne, parfois encore davantage selon les éditions. 60x100m lors de la finale de la Coupe du Monde c’était dans la halle N°6 de Palexpo, cette fois là. »

Une grandeur de piste qui permet par exemple de s’offrir le luxe d’un quadruple lors de la mythique épreuve des combinaison. n’aissayez même pas d’y penser dans un outre concours intérieur.

CHI Genève
(Julien Pradervand jouant du décamètre sur la piste genevoise)

Obstacles signature : Genève, capitale du décor travaillé

Tours du Molard, obstacle de la rade, lac miniature, butte mythique… Ici, même les standards ont du style.

Julien Pradervand détaille :

« On a des obstacles très typiques de Genève, avec une identité visuelle forte. C’est le charme du concours… même si parfois ça aide un peu les chevaux à bien sauter. »

Le « lac », la butte, les lignes généreuses : autant de singularités qui obligent les chefs de piste à composer un vrai puzzle technique. Et qui permettent aux chevaux d’évoluer dans un environnement différent de tout autre concours indoor au monde.

CHI Genève

Une arène qui mélange outdoor et indoor : la signature genevoise

Tous les cavaliers interrogés reviennent sur la même sensation : cette piste ne ressemble à rien d’autre.

Kent Farrington, numéro un mondial, habitué des plus grandes scènes :

« La taille est impressionnante. Moi je l’appelle le Aachen indoor. Le public est incroyable, très connaisseur. C’est l’un de mes concours préférés. »

CHI Genève

Scott Brash confirme :

« C’est le meilleur indoor du monde. On peut vraiment galoper, comme en extérieur, tout en gardant l’atmosphère d’un indoor. Un mélange parfait. »

Nicola Philippaerts ajoute :

« Je pense que c’est le seul concours en intérieur avec une piste aussi grande. On a l’impression de monter en extérieur, avec tout le public autour. C’est vraiment un honneur de participer à ce concours. Alors quand en plus on prend part au Grand Prix…»

CHI Genève

À Genève, le mot qui revient le plus souvent est impressionnant. Impressionnant à la télévision. Tous ces cavaliers l’avait découvert à travers l’écran. Encore plus impressionnant en vrai.

La première fois : ce moment que personne n’oublie

Pour les cavaliers, débarquer pour la première fois sur cette piste relève presque du rite initiatique.

Steve Guerdat, enfant du pays devenu icône locale, n’a rien oublié :

« Je me souviens que c’était un rêve pour moi depuis tout petit de pouvoir participer au Concours de Genève. La première fois, je devais avoir… je ne me souviens plus exactement, peut-être seize ans. Et c’était magnifique.

J’avais tout fait pour me qualifier et recevoir une wildcard, celle qu’on peut obtenir à travers les épreuves nationales. J’avais réussi au tout dernier moment, je crois, en me qualifiant aux championnats romands. C’était donc ma première participation : d’un côté énormément d’excitation et de plaisir de pouvoir monter sur cette piste, et en même temps un peu de frustration de ne pas pouvoir encore participer aux grosses épreuves, celles que j’avais vraiment envie de courir. Du coup, c’était un sentiment un peu mitigé.

C’est très impressionnant quand on arrive ici pour la première fois, quand on passe le couloir et que l’on débouche sur cette piste immense. Je crois que c’est ce qui marque le plus. Et au fil des années, le public s’est vraiment identifié, il a joué le jeu. Après les victoires qu’on a eues ensemble et les moments incroyables que nous avons pu partager avec lui, tout est devenu encore plus fort.

Après quelques années, avec notre première victoire dans le Grand Prix du dimanche avec Jalisca, c’est vraiment là que les choses ont commencé à prendre une autre dimension. À partir de ce moment-là, l’ambiance est devenue encore plus impressionnante… »

CHI Genève

Daniel Deusser se souvient surtout de la découverte physique :

« La première fois que je suis venu ici, je ne me rappelle plus l’année, mais je crois me souvenir que c’était avec Cornet d’Amour. À la télévision, c’est déjà particulier. En vrai, c’est très impressionnant. L’écran géant, l’ambiance… Ce n’est pas pour tous les chevaux. Il faut qu’ils soient matures. Tout ça chage un peu la façon d’aller vers les obstacles. Ce n’est pas tout à fait comme un concours en extérieur »

La maturité, l’ambiance, la démesure : trois mots qui reviennent comme un refrain.

Un terrain de jeu pour trois disciplines et une seule ambition

À Palexpo, la piste accueille :

  • Le saut d’obstacles, avec notamment le Rolex Grand Slam et le Grand Prix du dimanche.
  • L’attelage, avec une étape de Coupe du monde souvent explosive.
  • Le cross indoor, unique en Suisse, où la butte et la piste deviennent un terrain de jeu XXL pour Michael Jung & co.

Une polyvalence rare, rendue possible par la surface, la modularité et la précision millimétrée des équipes techniques.

CHI Genève

L’avenir ? Continuer de surprendre

Chaque année, Genève peaufine, ajuste, réinvente mais ne perd rien de sa patte.
Et selon Julien Pradervand :

« Il faut exploiter cette piste au maximum. Et ça, Gérard Lachat sait très bien le faire après toutes ces années. »

Un monstre, mais un monstre apprivoisé. Un décor, mais surtout une dynamique. Une piste, mais surtout une émotion.