Il a 21 ans, une discrétion naturelle et déjà un sang-froid de vieux briscard. À l’occasion du CHI de Genève, Leon Brutsaert découvrait le haut, le très haut niveau, le vrai : son premier concours cinq étoiles. Résultat ? sans faute dans une 1m45 et un parcours très propre dans l’UBS Challenge à 1m55, où certains des meilleurs se sont cassés les dentes et à la clé une 8ᵉ place et surtout une première remise des prix en 5* qui allait avec . Suffisant pour braquer les projecteurs sur un nom que le jumping ferait bien de retenir.
Un samedi soir qui change tout
Samedi soir, Palexpo vibre. Max Kühner s’impose dans l’UBS Challenge, épreuve à 1m55 relevée comme un Grand Prix miniature. Derrière, les cadors s’enchaînent. Et au milieu d’eux, sans bruit, Leon Brutsaert.

Sans faute aux obstacles, seulement deux points de temps. Le genre de parcours qui ne fait pas la une… sauf quand on a 21 ans et qu’on débute à ce niveau. Premier flot cinq étoiles, et une entrée remarquée dans un cercle très fermé.
Genève, ça marque. Et ça révèle.
« C’est un endroit incroyable. L’arène est magnifique, l’atmosphère est exceptionnelle. Quand on entre en piste, on ressent immédiatement quelque chose de très spécial, presque un nœud au ventre. » confie Leon avec la modestie de celui qui sait que le chemin est encore long.

Une découverte maîtrisée du très haut niveau
Pas de folie dans la tête du jeune cavalier belge. Pas de pression inutile non plus.
« Je suis venu avant tout pour prendre de l’expérience. C’était mon premier concours cinq étoiles. Dans ma tête, j’étais déjà très content si je pouvais obtenir de bons résultats. »
Mission accomplie. Déjà performant la veille avec Qoeketine Van T&l (9ans, Corydon van T&L x Darco), Brutsaert confirme dans une épreuve majeure face à quelques unes des meilleures combinaisons mondiales avec son cheval de tête Corleone Tour Vidal (13 ans, Mylord Carthago x Sisley de la Tour Vidal).
« Le parcours était peut-être un peu lent au départ, mais je suis très satisfait de la façon dont mon cheval a sauté. Il a été très bon, très régulier. »
Une lucidité juste. Et une capacité à analyser, pas à s’enflammer.

Un palmarès jeune… mais déjà solide
Cette réussite genevoise ne sort pas de nulle part. Leon Brutsaert, ce sont déjà des remises de prix, et même un titre continental : champion d’Europe Juniors à Oliva en 2022 en équipe.
Un parcours suffisamment sérieux pour lui ouvrir les portes de la FEI Young Riders Academy cette année, ce programme ultra-sélectif qui façonne les leaders de demain. Avant lui ? Richard Vogel, Sophie Hinners, Thibault Spits. Excusez du peu.
La FEI Young Riders Academy, fabrique de champions
Pour Brutsaert, l’Academy est bien plus qu’une ligne sur un CV.
« C’est un immense honneur. Grâce à l’Academy, j’ai pu venir ici à Genève pour monter. »
Le programme est dense, exigeant, complet : technique, théorie, mental, gestion du cheval et du sport de haut niveau.

« Nous avons des formations sur la médecine vétérinaire, la nutrition, la préparation mentale, le bien-être du cheval. C’est extrêmement instructif. »
Cinq rassemblements annuels, des mentors de premier plan, comme Franke Sloothaak, et une philosophie claire : construire des cavaliers, pas seulement des résultats.
« Même si le programme dure un an, on fait partie de cette famille pour la vie. »
Un quotidien déjà très professionnel
À la maison, Leon Brutsaert monte environ huit chevaux, tout en terminant des études en management d’entreprise. La tête sur les épaules, là encore.
Son cheval de tête, celui vu à Genève, acheté à 7 ans n’est pas inconnu : brièvement monté par Kevin Staut, avec lui c’est une construction patiente de six ans.
« Cela fait maintenant environ six ans que nous formons un couple. C’est clairement mon cheval de tête aujourd’hui. »
La suite ? Elle arrive vite : un neuf ans déjà vu à 1m60, un huit ans prometteur, et une trajectoire qui s’éclaircit.

Apprendre, encore et toujours
Pas question de quitter Genève trop vite.
« Je reste jusqu’à dimanche soir. C’est toujours une occasion d’apprendre énormément, en regardant et en reconnaissant le parcours du Grand Prix Rolex. »
Observer, analyser, absorber. Exactement ce que font ceux qui durent.

Un nom à suivre de très près
Premier cinq étoiles. Première remise des prix. Première confirmation. Leon Brutsaert n’a rien volé à Genève. À 21 ans, il coche toutes les cases : talent, patience, modestie, entourage structurant et vision à long terme.
Genève n’était peut-être qu’une étape. Mais pour beaucoup, ce samedi soir ressemblait déjà à un début.