Trois centièmes pour l’éternité : Bruynseels et Chacco’s Lando OL s’offrent les Sires à Malines

Publié par Sébastien Boulanger le 27/12/2025

Le Jumping de Malines offre parfois ces moments suspendus où tout se joue à l’extrême limite. ce samedi soir, l’épreuve des Sires of the World Prix Leon Melchior a livré l’un de ces scénarios dont on parlera encore longtemps. Vingt-huit étalons au départ, huit qualifiés pour le barrage. Mais Vernaet, Devos, Jarmy, Jordan, Moerings et Pezzoli seront cantonnés au rôle de figurants. conclusion irrespirable : Niels Bruynseels s’impose à domicile avec Chacco’s Lando OL, pour trois centièmes de seconde. Trois. Infimes. Décisifs.

Tout indiquait pourtant qu’un homme avait mis tout le monde d’accord. Rodrigo Giesteira Almeida, vainqueur du Grand Prix de Malines 2024, s’était présenté avec deux étalons, Solidat, mais surtout Comme le Cœur, KWPN de neuf ans par Comme Il Faut et Heartbreaker. Qualifié pour le barrage, avec lui le Nekkerhal va changé de dimension.

Quand Almeida lâche tout

Au moment de s’élancer dans le barrage avec Comme le Cœur, Rodrigo Almeida choisit une option radicale. À la manière d’une mobilette lancée à plein régime, prise de vitesse totale, tout juste si le Portugais ne baisse pas la tête pour l’aérodynamisme. Flat out. Les virages sont négociés au millimètre, presque mieux qu’à vélo.

Tout est démonstratif, tout va très bas, très vite. Le public est déjà debout avant la dernière ligne, partagé entre l’admiration pure et cette question suspendue : est-ce que cette vitesse folle tiendra jusqu’au bout ?

La cellule de chronométrage tranche : 39,37 secondes. Stratosphérique. Le Nekkerhal explose. Almeida lève les bras. L’impression est générale : c’est fait. C’est gagné. Même chez Bruynseels, le doute s’installe.

Bruynseels, le sang-froid et la science du détail

Avant-dernier à s’élancer, le local de l’étape refuse pourtant de lâcher. Face à la profusion stylistique d’Almeida, Niels Bruynseels choisit l’exact opposé. Pas d’esbroufe. Pas d’excès. Une équitation sobre, lisible, terriblement efficace.

Chaque trajectoire est pensée pour gagner sans se désunir. Chaque décision est prise avec lucidité. Et le verdict tombe, implacable : 39,34 secondes. Trois centièmes de mieux.

À ce niveau-là, le sport devient presque cruel tant le show portugais aurait mérité plus. Si le cheval d’Almeida avait tiré la langue devant la cellule de chronométrage, il gagnait. À Malines, l’histoire s’est écrite sur une respiration.

« Je pensais même ne pas avoir été assez vite »

À l’arrivée, Niels Bruynseels mesure immédiatement la portée du moment.

« Une victoire à Malines, ça fait toujours plaisir. Gagner, c’est toujours bien, mais le faire à la maison, pour moi, c’est encore plus spécial. Ce n’était pas très gros, mais assez délicat. »

Au barrage, il a vu passer le tour d’Almeida.

« J’ai vu son tour et je me suis dit que ce serait très difficile à battre. Mais j’ai essayé, et ça s’est vu sur mon tour. J’ai monté de manière posée : je savais où je pouvais gagner du temps. »

La clé, encore une fois, se trouve dans la connaissance du cheval.

« Je connais bien mon cheval : je sais que je dois prendre un tout petit peu de temps sur la combinaison. Ensuite, j’ai tout donné sur le dernier obstacle… et au final, je gagne avec trois centièmes de seconde. C’est rien du tout. »

Et cette phrase, presque irréelle.

« Pour être honnête, je pensais même ne pas avoir été assez vite. »

Un barrage pour l’histoire

Cette victoire est aussi un signal fort pour la suite du week-end.

« C’est une bonne manière de commencer le week-end. Ça donne de la confiance pour moi, pour l’équipe, pour tout le monde. J’ai déjà mon plan pour les autres épreuves, donc on verra. »

Les Sires of the World Prix Leon Melchior ont offert bien plus qu’un résultat. Un barrage d’anthologie. Un duel de styles. Et une démonstration éclatante que, parfois, trois centièmes suffisent à marquer pour longtemps la mémoire du public de Malines.

Retrouvez les résultats complets des Sires of the World Prix Leon Melchior ici