Dimanche, à Malines, la Kür en musique comptant pour la Coupe du monde avait une saveur toute particulière. Ce n’était pas seulement une nouvelle page de sport qui s’écrivait, mais une histoire d’amour, de confiance et de haut niveau qui se refermait. Botticelli, le cheval de cœur de Charlotte Defalque, tirait sa révérence à 19 ans, là où tout a tant compté : en Belgique, devant “leur” public.

Les 75,475 % et la huitième place n’avaient finalement qu’une importance relative. Aujourd’hui, l’essentiel était ailleurs. « C’était légitime d’être émue. Je le suis encore en en parlant », confie Charlotte. « Nous avions décidé que Botticelli ferait sa dernière compétition sportive à Malines. C’était donc notre ultime épreuve ensemble… et on termine en beauté. C’est une grande page qui se tourne : plus de treize, presque quatorze ans ensemble ! »

De jeunes chevaux au plus haut niveau
Quand Charlotte remonte le fil du temps, elle sourit encore à l’idée qu’un jour quelqu’un lui a demandé si elle pensait aux Jeux olympiques. « J’avais éclaté de rire ! » Et pourtant, au fil des années, le couple s’est imposé comme l’un des piliers du dressage belge. Près de 200 départs (199. Elle a compt), des podiums nationaux et internationaux, des titres, une qualification historique de l’équipe belge pour les Jeux, des performances marquantes en Coupes des Nations et aux Européens…
« J’ai eu énormément de chance d’avoir ce compagnon de vie qui m’a permis d’atteindre le niveau ultime dont tout cavalier rêve », dit-elle avec gratitude.

Un cheval de caractère… et de talent
Botticelli, c’est un tempérament. « Il a énormément de caractère, dans le bon comme dans le mauvais sens parfois ! Mais c’est ce qui nous a permis d’aller si loin », sourit Charlotte. Piaffer, passage, énergie, intelligence… « On peut dire que c’est un surdoué. »

Et puis il y a ce lien très fort. À Malines, toute la salle était suspendue à cette dernière reprise. « C’est très touchant de voir qu’il a marqué les esprits. Les gens nous associent : “Charlotte et Botticelli”. Je pense que cela explique l’émotion générale. »


Une dernière reprise, pour profiter
Charlotte savait qu’en pensant trop à l’instant, l’émotion l’emporterait. Alors elle a choisi de vivre pleinement cette ultime danse. « Au moment d’entrer dans le rectangle, j’ai réalisé : voilà, c’est la dernière. Alors je me suis dit : profite. Et c’est ce que j’ai fait. Terminer par une freestyle Coupe du monde, en Belgique, devant notre public, c’était la cerise sur le gâteau. »

Dans les tribunes et en bord de piste, les larmes aux yeux, leurs proches avaient fait le déplacement pour partager ce moment : Larissa Pauluis, son amie Justin Verboomen, Domien Michiels, le chef d’équipe Jeroen Van Lent… mais aussi celle qui, au-delà d’être propriétaire du cheval, est un pilier de l’aventure : la maman de Charlotte, Marie-France Defalque-Scohier.
Une histoire de famille
Pour Marie-France, l’émotion est immense. « Je pense que c’est moi qui ai transmis la passion de l’équitation à Charlotte. Nous avons tout commencé ensemble. Quand on voit tout ce que ce cheval a pu nous offrir… Nous avons eu une chance folle de pouvoir franchir toutes les étapes avec le même cheval. »

Elle se souvient encore du coup de foudre qu’a été Botticelli. « Charlotte n’a jamais essayé d’autres chevaux. Il était canaille, joueur, espiègle… et il a tout de suite imposé sa personnalité. »
Les souvenirs affluent : le premier titre de championne de Belgique, ce voyage incroyable en avion vers Dubaï, le Top 6 en jeunes cavaliers… « Ce sont des moments exceptionnels, que peu de personnes ont la chance de vivre. Je suis très reconnaissante pour tout ce que cette aventure nous a apporté. »

Une retraite choisie, et douce
Pour Botticelli, c’est une vraie retraite sportive. « Je voulais arrêter sur de belles notes », explique Charlotte. Le crack restera à la maison, fidèle à sa routine, avec du travail léger « sans pression », parce qu’il aime ça. « Il serait malheureux si, du jour au lendemain, il ne faisait plus rien. »
Quant à Charlotte, il faudra apprendre à tourner la page, sans jamais vraiment refermer le livre. Elle poursuivra en international avec Valentin et ses jeunes chevaux en progression. « Botticelli va simplement laisser un peu de place aux autres. »

Deux moments gravés à jamais
S’il fallait retenir deux souvenirs ? Charlotte cite la 6e place aux Européens d’Oliva Nova en jeunes cavaliers, et ce personal best à Riesenbeck qui permet à la Belgique de décrocher sa qualification olympique. « C’était historique pour notre pays. »
À Malines, la dernière note de musique a résonné comme un salut. Il n’y avait pas que des larmes dans les yeux : il y avait aussi beaucoup de fierté, de reconnaissance et de tendresse. Parce qu’au-delà des chiffres, l’histoire de Charlotte et Botticelli restera celle d’un couple qui aura grandi ensemble pour écrire quelques-unes des plus belles pages du dressage belge.
