Ce n’est pas souvent par hasard que les jeunes cavaliers belges émergent un jour vers le plus haut niveau .Et le talent ne suffit pas toujours non plus pour faire une carrière. Mais pour ne pas passer à côté des bons (jeunes) cavaliers et ainsi assurer la relève des cadors actuels, un système a été mis en place.. Un séléctionneur « Fédéral » pour les jeunes, en la personne de Filip Lacus qui a succédé en 2024 à Jean-Jacques Matijs qui avait occupé la fonction de nombreuses années avec succès. Mais le sélectionneur ne fait pas ce qu’il veut. Il est, en effet entouré de deux « advisors (des conseillers), représentant les deux entités fédérées du pays et qui supervisent son travail.
Du coté de la LEWB, le côté francophone, c’est le cavalier Dominique Joassin qui remplit ce rôle d’ « advisor » depuis 2020 en plus d’occuper son siège dans la commission d’obstacles.
«Après avoir fait sa sélection , Filip (Lacus) nous concerte, moi et mon homologue flamand, Marc Van Dijk. Le rôle de Filip est de faire les sélections les plus justes possibles, mais il doit les justifier. Nous sommes donc en contact permanent. On se voit parfois, mais le plus souvent, on se concerte par téléphone tous les trois pour discuter de son choix. » nous explique Dominique Joassin.
Les championnats d’Europe, c’est comme les JO pour eux.
« On discute donc des différents cavaliers. Cela concerne tous les jeunes susceptibles de monter en Coupe des nations (poney, scolaires, Juniors et Jeunes cavaliers) et qui sont susceptibles de faire les Championnats de Belgique avec en ligne de mire aussi une participation aux Championnats d’Europe qui ont lieu chaque année pour ces catégories d’âges. Tout le monde a envie de faire ces Championnats d’Europe, c’est comme les JO pour eux. Il y a vraiment une grande motivation.
Mon rôle est de voir les meilleurs être sélectionnés. Si Filip est souvent sur le terrain, pour ma part, comme je suis encore cavalier, je regarde tous les résultats et puis grâce à tous les outils en ligne dont on dispose maintenant je suis tout de très près. Je regarde beaucoup les parcours, notamment sur Clip My Horse, c’est important, si il ya eu un mauvais résultat de savoir pourquoi.
Malheureusement le budget étant limité, je ne peux pas être présent partout. Et puis je continue à monter donc c’est aussi pour ça que j’ai opté pour ce rôle d’advisor, qui est moins contraignant notamment pour les déplacements. Je suis quand même régulièrement en Belgique à Opglabbeek et Lier et puis, bien entendu, aux Championnats d’Europe.
J’observe vraiment les couples, leur entourage et ce qui a été mis en place. Ce qu’ils font au paddock, leur manière d’appréhender les choses. Leur comportement est aussi important que leurs résultats. En général, pour la plupart de ces jeunes, tout est déjà bien structuré , donc ils n’ont pas vraiment de conseil à recevoir de ce côté là.
Mais le but est quand même aussi d’aider certains à y arriver. J’en connais qui ont de très petits moyens et qui dorment parfois dans le van en concours, mais qui sont aussi parmi les meilleurs de leur catégorie. J’essaie de leur donner un petit coup de pouce en les motivant pour aller sur tel ou tel concours à l’étranger qui pourrait être important pour eux. On essaie alors d’organiser des camions communs et ce genre de choses afin de leur faciliter justement les choses car il y a vraiment une chance à saisir pour eux. Et quand on en voit certains qui saisissent cette opportunité et qui réalisent les résultats escomptés, c’est extraordinaire pour eux et aussi pour moi. Je reste un passionné qui aime voir les jeunes qui font leur chemin.
Parfois, et ce n’est pas toujours de leur faute, on a des cavaliers hyper talentueux, mais qui ne disposent pas du bon cheval au bon moment. Je prends l’exemple d’un Seppe Wouters, parfois il n’a pas eu le cheval, ce qui est vraiment dommage pour un tel talent, mais ces fois là ça a permis à d’autres de prendre sa place. Parfois des jeunes qui travaillent beaucoup pour y arriver, mais qui n’ont pas toujours les moyens. Ce sont des opportunités pour eux. Ça me plait aussi beaucoup de voir le parcours des jeunes en fonction du milieu dans lequel ils évoluent. Ça me permet d’en aider certains.
Depuis une dizaine d’année, on voit malgré tout des jeunes de plus en plus professionnels. Qui mettent les moyens. Côté flamand, mais également en Wallonie. Ils mettent plus vite en place une vraie structure comme les pros avec grooms, camions, logistique,… Et le niveau suit.
On a connu ces dernières années des résultats incroyables avec la Belgique qui s’est imposée parfois, la même année, dans les trois catégories aux Championnats d’Europe en plus des médailles individuelles. Encore cette année, on a connu de super résultats malgré un niveau hyper relevé. On se bat aussi pour que les jeunes wallons qui passent par Equicadets se retrouvent dans les sélections. L’exemple le plus parlant étant celui de Clémentine Lux. (Championne d’Europe Juniors. Retrouvez l’article que nous lui avons consacré ici: Clémentine Lux, une Junior pas vraiment comme les autres… , ndlr ). Il y a un esprit d’équipe qui s’installe et qui les motive à être bons.
Je suis assez optimiste car la relève existe. Je ne sais pas encore si c’est au point d’avoir les futurs Grégory Wathelet ou Jérôme Guéry, car eux sont hors normes. Il y a un bemol toutefois, c’est que les moyens mis en place aujourd’hui enlèvent parfois le fait de devoir se battre comme eux ont du le faire pour y arriver. C’est aussi ça qui a contribué à faire d’eux ce qu’il sont aujourd’hui.
Mais il y en a toujours qui m’impressionnent dans les jeunes. Un garçon comme Antoni Draga qui a 22 ans et 25 chevaux au travail. Il a créé sa structure et semble faire tout lui même. Certains Jeunes en Wallonie osent et sont des entrepreneurs dans l’esprit. » conclut le toujours passionné Dominique Joassin.