Toujours en clôture du Jumping International de Bordeaux, la finale de la Coupe du Monde d’attelage tient toujours le public du Palais des expositions en haleine jusqu’au bout. Ce fut encore le cas cette année. Cette fois encore, c’était l’élite de la discipline qui était réunie, offrant aux spectateurs présents en nombre une compétition palpitante, des performances de haut niveau, mais aussi des surprises et des déceptions…
Boyd Exell : un onzième sacre historique !
L’Australien Boyd Exell a une fois de plus prouvé son incroyable domination en remportant son onzième (!!!) titre de Coupe du Monde d’attelage. Grâce à sa technique irréprochable et à ses chevaux parfaitement synchronisés, il a réalisé un parcours impressionnant, reléguant ses adversaires à plusieurs secondes derrière lui. Avec une maîtrise absolue des difficultés du parcours (il est le seul double sans faute) et une gestion parfaite du temps il s’est imposé avec une avance de plus de onze secondes sur son plus proche concurrent (au temps cumulé des deux manches).
« Ça n’a pas été une victoire facile. Derrière, ils ont mis une grosse pression. Dries, Koos, mais aussi Bram et Ijsbrand qui devaient se battre pour figurer dans le top 3 et pouvoir participer au drive off. Du coup j’ai du aussi me battre. Le parcours était très fluide. Je pense que c’était bien pour le public et pour ceux qui suivaient en streaming. Et je sais qu’il y a beaucoup de gens qui suivent la Coupe du monde comme ça. Mais personnellement, j’aurais aimé un parcours un tout petit peu plus sélectif pour une finale. Mais c’était un parcours rapide très excitant dans lequel Il y a eu tout de même des fautes. »
101 victoire en Coupe du monde pour « Bundy » !
Quand on s’intéresse d’un peu plus près à l’attelage avec lequel le meneur se présentait encore cette fois à Bordeaux on ne peut être que surpris de la longévité de la plupart de ses chevaux et de leur niveau de performance. Un en particulier a donné pleine satisfaction à Boyd Exell lors de cet exercice.
« Je suis particulièrement heureux de la prestation de « Bundy » (Bajnok), il remporte ici sa 101ème victoire sur 140 départs en Coupe du Monde. C’est une statistique incroyable pour n’importe quel cheval, même si on regarde en obstacles, dressage ou en complet. Il a maintenant 22 ans ! C’est incroyable ce qu’il fait parce qu’il a encore envie. Je suis vraiment à l’écoute de mes chevaux et lui n’a pas encore envie d’arrêter. Il me le dira quand il sera temps d’arrêter. C’était ici encore le plus rapide de l’attelage, bien plus que d’autres plus jeunes. Mais, par contre, j’arrête ici maintenant deux autres chevaux, l’un a 24 ans et l’autre 23. » explique l’Australien.
Dries Degrieck, un avenir plus que prometteur.
Le jeune Belge Dries Degrieck qui participait à sa troisième finale à Bordeaux, a créé la surprise en décrochant la deuxième place. Son premier podium en finale de Coupe du Monde (lui qui avait terminé 4ème l’année dernière). Auteur d’un parcours fluide et rapide, il a su tenir tête aux meilleurs meneurs mondiaux et a confirmé son statut de grand espoir de la discipline. Son attelage, d’une régularité exemplaire, lui a permis de briller dans cette finale et d’envoyer un signal fort en vue des prochaines échéances internationales.
« Je suis vraiment heureux de la saison. Les chevaux m’ont bien aidé tout au long de celle-ci. J’ai encore appris beaucoup cette année. Au niveau de la conduite, mais aussi au niveau de la gestion. Je ne peut-être qu’heureux. Il y a eu les deux victoires de Lyon et Stockholm, je savais que les chevaux étaient en grande forme. Avec tout ce que j’avais appris au long de la saison je suis arrivé en pleine confiance pour cette finale ici, à Bordeaux. Le premier jours j’ai eu une petite faute qui est à mettre à mon compte. j’étais un peu en retard dans la boucle de droite et mon leader était un peu trop large dans le virage et on a fait tomber trois balles. Mais j’ai continué a avoir un très bon sentiment, parce que c’était ma faute et que les chevaux faisaient un super travail. Donc pour la deuxième manche, j’ai voulu pousser un peu plus et on a fait un tour clair ce qui a mis la pression sur les autres meneurs et à permis une participation au drive off.
Une saison 2025 exceptionnelle.
L’année 2025 a marqué un tournant dans la carrière du jeune meneur qui a réalisé une saison impressionnante, confirmant son statut de grand espoir de la discipline à seulement 29 ans. Dès l’étape inaugurale de Lyon, fin octobre 2024, Dries Degrieck s’est fait remarquer en remportant la victoire.
Le jeune meneur belge a ensuite enchaîné avec l’étape de Stockholm en novembre, où il a confirmé sa montée en puissance en réussissant à damer le pion à Boyd Exell et à signer une deuxième victoire. Démontrant au passage une maîtrise remarquable sur un parcours technique.
Lors de l’étape de Londres en décembre, Degrieck a continué sur sa lancée signant une deuxième place derrière Ijsbrand Chardon cette fois. Il signera enfin un dernier podium (3ème) à domicile, à Malines. Lors de l’ultime confrontation, à Bordeaux, Dries Degrieckl a réalisé un parcours rapide et précis, mettant sous pression Boyd Exell.
Dans les traces du maître
Avec deux victoires d’étape et plusieurs podiums au cours de la saison, Dries Degrieck s’est imposé comme l’un des meneurs les plus prometteurs de sa génération. Sa progression rapide et son aisance technique laissent entrevoir un avenir radieux, avec l’ambition de décrocher un jour le titre suprême en Coupe du Monde. Pour cela il devra battre son mentor, Boyd Exell. C’est aussi pour ça qu’il s’entraine avec l’Australien…
« Il me faudra encore 30 ou 40 ans pour arriver à son niveau (rires). Il me manque encore un peu d’expérience. je suis le plus jeune meneur de tous. À chaque sortie, j’apprends un peu plus. C’est une question de temps. Je m’entraine avec Boyd avec l’attelage « indoor » mais aussi « outdoor ». Parfois une fois par mois, parfois deux, parfois tous les deux mois, ça dépend. Je suis aussi bien occupé à la maison avec les chevaux à débourrer et les chevaux de commerce. Avec Boyd, on fait des exercices traditionnels habituellement. Des exercices de dressage pour guarder les chevaux en équilibre pour préparer le saison extérieure. Sinon on travaile aussi sur le fait de garder tous les chevaux ensemble. J’ai eu avec moi cette saison deux chevaux de huit ans, un de neuf ans et un de onze ans. Des chevaux assez jeunes donc. Ceux-ci ne sont pas très grands pour la saison extérieure, par contre ils sont parfaits pour la saison intérieure. Ils ont une très bonne accélération et beaucoup de puissance. Les chevaux ont une belle vie, ils sont en grande forme, on fait attention à ça sinon il ne font pas ce qu’ils font ici. Notre premier rôle est de bien s’occuper d’eux et ensuite si possible de faire un bon parcours. » conclut le meneur belge.
Un podium complété par Koos de Ronde
Le Néerlandais Koos de Ronde a complété le podium en terminant à la troisième place. Face à une concurrence féroce, il a su tirer son épingle du jeu grâce à une prestation solide et sans faute majeure.
« Je suis très heureux de la saison, le niveau était vraiment élevé. Chaque année le niveau augmente. Dries en a gagné deux, Boyd trois, Bram et Ijsbrand une chacun, cela prouve que l’on a de très très bons meneurs. Ma saison a eu des hauts et des bas, mais je savais qu’avec deux tours sans faute j’avais une chance. C’est ma onzième fois sur le podium, donc je suis très heureux. Peut être pas autant que Boyd (rires) mais je le suis. » conclut le Champion du monde par équipe de 2012.
Ce podium lui permet de confirmer son statut de pilier de l’attelage néerlandais, d’autant plus que ses compatriotes Bram et Ijsbrand Chardon, habitués aux premières places, ont connu des contre-performances et ont dû se contenter des quatrième et cinquième places cette fois.
Une finale compliquée pour les Français.
Côté tricolore, Benjamin Aillaud, Champion de France en titre, a terminé à la septième place. Après une première manche délicate marquée par deux fautes, il a tenté de se rattraper lors de la seconde manche, mais l’écart était trop important pour espérer un podium. Son attelage (composé essentiellement d’anciens chevaux de spectacle, voir notre article ici ) a cependant montré de belles promesses, et cette participation en finale lui permettra de tirer des enseignements pour l’avenir.
Un succès populaire et un niveau toujours plus élevé
Comme chaque année, le public bordelais a répondu présent pour cette finale de Coupe du Monde d’attelage. L’ambiance était électrique et les tribunes pleines à craquer, confirmant l’engouement grandissant pour cette discipline spectaculaire. La compétition a une nouvelle fois illustré le niveau d’excellence atteint par les meneurs et leurs attelages, rendant chaque édition plus captivante que la précédente. Mais que faut-il faire pour que l’attelage touche un plus grand public et bénéficie d’une aura à la hauteur du spectacle qu’elle propose?
« Samedi soir c’était incroyable, pour la première manche, il était minuit et demie et c’était plein à craquer. Le public de Bordeaux est vraiment amateur d’attelage. Et lors du tour d’honneur on pouvait reconnaitre des visages familiers. Des gens qu’on retrouve d’année en année et chaque année ça augmente. Quand vous regarder les compétitions de jumping, le plus généralement vous avec le résultat à la fin de l’épreuve. Lors de la saison extérieure, en attelage, les compétitions se déroulent sur trois jours. ce qui est peut-être plus difficile à suivre pour le public. Ce qui n’est pas le cas sur la saison indoor d’attelage.
Maintenant est-ce qu’on voudrait ce format toute l’année? Bien entendu que non. C’est un super sport pour l’hiver, mais on adore le dressage, ma maniabilité et le cross sur les trois jours lors de la saison extérieure. Donc c’est un bon mélange. Mais pour faire une démonstration intéressante de notre sport, c’est définitivement par la Coupe du monde indoor que ça passe. Parce que c’est suivit par énormément de personnes à travers la télévision et internet avec un format qui convient très bien. Et puis vous avez les meilleurs meneurs puisque ce sont les dix meilleurs de la saison extérieure qui se qualifient pour pouvoir participer à la Coupe du monde indoor. » ajoute Boyd Exell.
Avec cette nouvelle victoire, Boyd Exell continue d’écrire sa légende dans l’histoire de l’attelage, mais la montée en puissance de jeunes talents comme Dries Degrieck laisse présager un avenir passionnant pour la discipline. Rendez-vous en 2026 pour une nouvelle édition qui promet déjà d’être mémorable. Mais avant cela, tous ces protagonistes devront tenter de se qualifier lors de la saison extérieure !
retrouvez le classement de la finale de Bordeaux ici