Blood Diamond, le dernier « du Pont » pour le plus grand bonheur d’une famille d’éleveurs.

Publié par Julien Counet le 25/03/2024

Derrière Blood Diamond du Pont (Diamant de Sémilly x Arpège Pierreville x Muguet du Manoir), c’est une véritable histoire de famille. Cinq générations de « du Pont », trois générations d’éleveurs et un véritable coup de maître pour le premier poulain de Matthieu Le Connetable.

« J’ai fait naître Blood Diamond et je l’ai monté jusqu’à ses 8 ans. C’est le premier produit de sa mère Line du Pont dont l’arrière-grand-mère avait déjà été élevée par mon grand-père. Comme j’étais passionné d’élevage, mon grand-père m’a offert Line que mon papa a formé en jeunes chevaux puis qui m’a accompagné lorsque j’étais jeune cavalier. A un moment, comme j’étais fort pris par mes études d’ingénieur, ma tante qui est l’épouse de Jean-Luc Dufour, m’a conseillé de faire un transfert d’embryon en utilisant Diamant de Sémilly. C’est ainsi que Blood Diamond est né. Sa mère, Line, était une jument ultra respectueuse mais qui n’avait pas les derniers moyens. C’était une jument de vitesse par excellence car elle était extrêmement compétitive. Elle a tourné jusqu’à ses treize ans avant de se consacrer à l’élevage. Diamant a vraiment ramené de l’amplitude dans le galop et des moyens.

Une fois mon diplôme en poche, j’ai fait le choix de devenir professionnel du cheval et je ne le regrette pas. Mes études m’ont permises de voir le monde extérieur au cheval puis on ne sait jamais comment évoluerons les choses, le métier de cavalier-éleveur est un métier difficile et mon diplôme pourra toujours me servir un jour. C’est comme cela que j’ai débuté moi-même Blood Diamond puisque mon idée est de valoriser mes poulains. Nous en faisons naître 4 ou 5 chaque année. Nous les regardons à partir de leurs trois ans puis nous faisons en fonction de l’évolution de chacun. Nous voulons vraiment prendre le temps … et c’est ce que nous avons fait avec Blood Diamond d’ailleurs. A trois ans, il montrait des choses au-dessus de la moyenne avec de la force et du respect. A 4 ans, il a fait quelques parcours juste pour lui donner de l’expérience. A 5 ans, il était très démonstratif et faisait déjà tourner beaucoup de têtes. Il a été finaliste du championnat de France à Fontainebleau mais il avait néanmoins besoin de prendre de la maturité. A 6 ans, j’ai alors décidé de le faire tourner sur des petites épreuves mais plus en jeunes chevaux. Je l’ai routiné sur des épreuves 115-120. Il fallait qu’il apprenne à ne plus faire des sauts trop énormes. Il était parfois emporté par la grande envergure de sa galopade. J’ai fait très attention à ne pas lui faire peur. C’est agréable de monter un cheval de cette qualité là mais quand on est jeune cavalier, c’est aussi une pression supplémentaire. J’ai beaucoup travaillé pour le rendre classique mais il avait tellement d’énergie que ce n’était pas évident. Nous avons énormément travaillé sur le plat. Il fallait vraiment qu’il apprenne à se tendre car c’était un cheval tellement souple. Nous avons ensuite évolué sur des épreuves 130-135 mais toujours au niveau régional sans beaucoup de concurrence.

J’ai toujours profité des conseils de mon oncle Jean-Luc Dufour mais à un moment, j’ai commencé à douter de mon travail. Il faut savoir que Blood Diamond a été essayé de nombreuses fois et par de très grands cavaliers mais qui ont à chaque fois décidé de ne pas l’acheter. Je ne comprenais pas car j’étais vraiment persuadé que c’était un crack. J’ai alors demandé à mon oncle de l’essayer. Il m’a tout de suite rassuré sur mon travail et il l’a ensuite présenté à Julien Anquetin avec qui il travaillait régulièrement. C’est ainsi que leur histoire a commencé. Le courant est très bien passé avec Julien avec qui j’échange régulièrement et qui prend également des nouvelles de Gatsby d’Orangerie, qui n’est autre que le propre frère de Blood Diamond qui a aujourd’hui 8 ans. Les autres produits de Line portent en effet mon affixe, d’Orangerie … mais lorsque mon grand-père m’a offert la jument, je lui avais promis que son premier produit porterait son affixe, c’est ainsi que Blood Diamond est un « du Pont ». Line m’a donné 5 mâles mais malheureusement, deux sont morts et il ne reste en vie que trois Diamant de Sémilly dont Blood et Gatsby qui ont une sœur de 3 ans par Armitages Boy que je vais tester sur les barres avant de probablement la faire saillir de Diamant elle-aussi.

Le Saut Hermès aura été un véritable bonheur pour nous. Ca ne me ressemble pas mais j’étais assez confiant après le parcours de vendredi et avant le barrage, j’ai dit à mes parents qu’il pouvait le faire et qu’ils pouvaient gagner. Le premier tour, nous l’avons regardé sur mon téléphone car je revenais du concours d’Auvers avec Gatsby, son propre frère. Nous avons pu suivre par contre le barrage en famille sur la tablette. C’était vraiment un très bon moment. J’essaie d’aller le voir quand j’en ai l’occasion et j’avais déjà passé un très bon moment lorsqu’il a remporté le Grand Prix 4* de St Lô cet automne qui n’est pas loin de la maison», conclu Matthieu Le Connetable.